TOUT EST DIT

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jeudi 8 novembre 2012

Rapport Gallois : Hollande a déjà fait la synthèse

Tout le monde connaît la parabole de la lune, du doigt et de l’imbécile. Quand on montre la lune avec le doigt, l’imbécile regarde le doigt. Et bien le rapport Gallois, c’est la même chose, ou presque.

Imbéciles que nous sommes, nous nous acharnons à trouver, voire à commenter sans le trouver, le rapport Gallois, alors qu’il faut être attentifs à ce que nous dit le président de la République. Il suffisait de lire le compte-rendu de la conférence de presse que donna François Hollande lundi 28 octobre lors de sa visite au siège de l’OCDE, château de la Muette, à Paris.

Il y rencontrait les présidents ou directeurs généraux des grandes organisations, FMI, Banque mondiale, OMC, OIT, OCDE.  (On remarquera au passage que sur six personnalités éminentes présentes, trois étaient françaises – Hollande, Christine Lagarde et Pascal Lamy–. Et après on dira que l’élite française n’est pas mondialisée…)

Dans son discours, le président français s’est livré à une longue analyse de la situation économique du pays, confronté à un triple défi : endettement, faible croissance, compétitivité. Pour la première fois, il a abandonné sa réflexion par « phases » (on traite chaque problème à son tour, lire les chroniques précédentes), pour une réflexion dialectique, comme on disait chez les marxistes : « C'est parce que nous ne faisons pas assez de croissance que nous n'avons pas assez de recettes et que nous pouvons connaître des situations d'endettement. C'est parce qu'il y a de l'endettement que nous n'avons pas nécessairement toutes les marges de manœuvre pour soutenir la croissance. C'est parce qu'il y a un chômage élevé que nous ne pouvons pas avoir toute la capacité nécessaire pour mieux produire, pour être encore plus compétitif. »

Et de conclure: « Il faudra donc faire à la fois, un pacte de compétitivité mais aussi un pacte de croissance et un pacte budgétaire. »

François Hollande a ensuite décliné les chapitres d’une politique dont on peut parier qu’ils forment la trame de ce que le gouvernement annoncera le 6 novembre, à la suite du séminaire « compétitivité » prévu à Matignon…

Il faudra « prendre la compétitivité dans toutes ses dimensions » : nous aurons donc des mesures sur « l’éducation, le logement, les services publics, l’innovation, la recherche et le coût du travail. » Tous items expressément mentionnés dans le discours. On peut parier que certains d’entre eux ne seront que la reprise de dispositifs déjà existants, comme l’extension du crédit impôt recherche à l’innovation dans les PME.

De même, François Hollande considère déjà que les emplois d’avenir et le contrat de génération sont des acquis de sa politique de compétitivité. Il y aura aussi du dialogue social. En particulier, le président compte beaucoup sur le fait que les partenaires sociaux « prennent leurs responsabilités » en concluant sur le délicat dossier de la « sécurisation de l’emploi ».

Et le basculement des charges sociales, revendication prioritaire des patrons ? On savait déjà François Hollande hostile au concept de « choc de compétitivité », depuis au moins le discours d’Oseo. Ce lundi 28 octobre, il se livre à un subtil distingo entre d’une part « la réforme du financement de la protection sociale », qui sera soumise aux partenaires sociaux, et donc remise à plus tard, sans doute l’année 2013. Et d’autre part les décisions « dans les domaines de la compétitivité », prises, elles, « dès le mois de novembre ».

La nuance laisse augurer des dispositions fiscales rapides, mais limitées (à cause des contraintes du « pacte budgétaire »), issues de conclusions du rapport Gallois, et l’ouverture d’un débat sur la question des cotisations sociales. Avec un avertissement aux patrons : « ces mesures ne peuvent pas affecter la consommation intérieure… »

Conclusions: les gloutons qui espèrent des dizaines de milliards d'allègement de cotisations sociales risquent d’être déçus par la synthèse présidentielle.

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