Imbéciles que nous sommes, nous nous acharnons à trouver, voire à commenter sans le trouver, le rapport Gallois, alors qu’il faut être attentifs à ce que nous dit le président de la République. Il suffisait de lire le compte-rendu de la conférence de presse que donna François Hollande lundi 28 octobre lors de sa visite au siège de l’OCDE, château de la Muette, à Paris.
Il y rencontrait les présidents ou directeurs généraux des grandes organisations, FMI, Banque mondiale, OMC, OIT, OCDE. (On remarquera au passage que sur six personnalités éminentes présentes, trois étaient françaises – Hollande, Christine Lagarde et Pascal Lamy–. Et après on dira que l’élite française n’est pas mondialisée…)
Dans son discours, le président français s’est livré à une longue analyse de la situation économique du pays, confronté à un triple défi : endettement, faible croissance, compétitivité. Pour la première fois, il a abandonné sa réflexion par « phases » (on traite chaque problème à son tour, lire les chroniques précédentes), pour une réflexion dialectique, comme on disait chez les marxistes : « C'est parce que nous ne faisons pas assez de croissance que nous n'avons pas assez de recettes et que nous pouvons connaître des situations d'endettement. C'est parce qu'il y a de l'endettement que nous n'avons pas nécessairement toutes les marges de manœuvre pour soutenir la croissance. C'est parce qu'il y a un chômage élevé que nous ne pouvons pas avoir toute la capacité nécessaire pour mieux produire, pour être encore plus compétitif. »
Et de conclure: « Il faudra donc faire à la fois, un pacte de compétitivité mais aussi un pacte de croissance et un pacte budgétaire. »
François Hollande a ensuite décliné les chapitres d’une politique dont on peut parier qu’ils forment la trame de ce que le gouvernement annoncera le 6 novembre, à la suite du séminaire « compétitivité » prévu à Matignon…
Il faudra « prendre la compétitivité dans toutes ses dimensions » : nous aurons donc des mesures sur « l’éducation, le logement, les services publics, l’innovation, la recherche et le coût du travail. » Tous items expressément mentionnés dans le discours. On peut parier que certains d’entre eux ne seront que la reprise de dispositifs déjà existants, comme l’extension du crédit impôt recherche à l’innovation dans les PME.
De même, François Hollande considère déjà que les emplois d’avenir et le contrat de génération sont des acquis de sa politique de compétitivité. Il y aura aussi du dialogue social. En particulier, le président compte beaucoup sur le fait que les partenaires sociaux « prennent leurs responsabilités » en concluant sur le délicat dossier de la « sécurisation de l’emploi ».
Et le basculement des charges sociales, revendication prioritaire des patrons ? On savait déjà François Hollande hostile au concept de « choc de compétitivité », depuis au moins le discours d’Oseo. Ce lundi 28 octobre, il se livre à un subtil distingo entre d’une part « la réforme du financement de la protection sociale », qui sera soumise aux partenaires sociaux, et donc remise à plus tard, sans doute l’année 2013. Et d’autre part les décisions « dans les domaines de la compétitivité », prises, elles, « dès le mois de novembre ».
La nuance laisse augurer des dispositions fiscales rapides, mais limitées (à cause des contraintes du « pacte budgétaire »), issues de conclusions du rapport Gallois, et l’ouverture d’un débat sur la question des cotisations sociales. Avec un avertissement aux patrons : « ces mesures ne peuvent pas affecter la consommation intérieure… »
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire