« Je suis une procrastineuse (une glandouilleuse pour certains que ce faux-anglicisme choquerait) de nature », témoigne Sylvie ARCHAMBAULT. « Je n'ai jamais pu travailler autrement que sous la pression de l'urgence. Je vous raconte pas le travail supplémentaire que cela demande : trouver et renouveler les excuses bidon accompagnant la remise du travail à la dernière minute ou en retard (mon chien est mort, c'est l'anniversaire de la mort de mon chien...) » L’adepte de la procrastination ne serait donc pas l’oisif au coeur léger imaginé de prime abord.
Un effet sur le moral
Cet avis n'est pas partagé par Elie ARIé, qui voit plutôt dans la procrastination un moyen de fuir la peur de la mort : « L'incapacité à procrastiner correspond à une forme d'exorcisme de l'angoisse : « ça y est, tout est à jour, j'ai fait tout ce que j'avais à faire, je n'ai plus rien à faire, je ne risque pas d'oublier quelque chose que j'ai à faire puisque j'ai tout fait, etc. Système qui ne marche évidemment pas: on ne peut jamais être à jour, il y a sans cesse de nouvelles choses à faire qui surgissent. En outre, cette recherche du « je n'ai plus rien à faire » ressemble beaucoup à une forme de recherche de la mort... Tant que j'ai des trucs à faire, je ne peux pas mourir, puisqu'il faut d'abord que je les fasse… » Remettre au jou d'après serait ainsi, peut-être de manière inconsciente, acter le fait qu'il y aura bien un lendemain.
« A noter quand même, conclut Virginie ALBA-SIMM en rétablissant un lien avec l'actualité, l'atermoiement est aussi la base de nos problèmes actuels, en tant que peuple : il faut cesser de reporter aux lendemains la nécessité de dire non au package amincissant concocté par la multinationale bruxelloise et dire oui à un audit public de la dette française. »
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