TOUT EST DIT

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lundi 19 novembre 2012

Pourquoi chez certains, il est urgent de remettre à demain

Procrastiner, c'est « ne pas agir tant qu'on peut l'éviter ». Par fainéantise ? Ce n'est pas si simple, répondent quelques Mariannautes qui s'emploient à clarifier cette notion à la mode, pas toujours bien comprise.
Pour Michel M., la procrastination est une attitude qui s’apparente à « de la flemme et rien que de la flemme, ni plus ni moins, à cette flemme qui n'en finit pas d'en rajouter dans la déliquescence d'une vie en société qui ressemble de moins en moins à une cohésion partagée mais, de plus en plus, à une juxtaposition de cohésions qui n'ont aucune autre interférence entre elles que l'incompréhension. » Car pour l’internaute, le goût de l’effort, c’est aussi celui d’aller vers l’autre, de le comprendre. Mais pocrastiner, est-ce vraiment une activité de tout repos ?

« Je suis une procrastineuse (une glandouilleuse pour certains que ce faux-anglicisme choquerait) de nature », témoigne Sylvie ARCHAMBAULT« Je n'ai jamais pu travailler autrement que sous la pression de l'urgence. Je vous raconte pas le travail supplémentaire que cela demande : trouver et renouveler les excuses bidon accompagnant la remise du travail à la dernière minute ou en retard (mon chien est mort, c'est l'anniversaire de la mort de mon chien...) » L’adepte de la procrastination ne serait donc pas l’oisif au coeur léger imaginé de prime abord.

Un effet sur le moral

Pourquoi un « glandouilleur », partisan du moindre effort, perdrait ainsi de l'énergie à procrastiner ? De l’avis de François FRANZ, la tentation de la procrastination pourrait être liée à un manque d’autodiscipline : « C'est bien souvent quand tu es totalement maître de ton emploi du temps que l'abondance des distractions t'amène à différer le moment de t'y mettre. Sous la contrainte d'une équipe ou le regard d'un chef (ou les vocifération de ta (ton) compagne), c'est plus difficile. » L’égarement viendrait également d’un manque de tâches à accomplir, et serait un véritable piège pour le moral : « Moins il y a de travail, plus il y a de distractions, plus la procrastination t'emmène dans une dépression douce. » Procrastiner pourrait ainsi faire broyer du noir ?

Cet avis n'est pas partagé par Elie ARIé, qui voit plutôt dans la procrastination un moyen de fuir la peur de la mort : « L'incapacité à procrastiner correspond à une forme d'exorcisme de l'angoisse : « ça y est, tout est à jour, j'ai fait tout ce que j'avais à faire, je n'ai plus rien à faire, je ne risque pas d'oublier quelque chose que j'ai à faire puisque j'ai tout fait, etc. Système qui ne marche évidemment pas: on ne peut jamais être à jour, il y a sans cesse de nouvelles choses à faire qui surgissent. En outre, cette recherche du « je n'ai plus rien à faire » ressemble beaucoup à une forme de recherche de la mort... Tant que j'ai des trucs à faire, je ne peux pas mourir, puisqu'il faut d'abord que je les fasse… » Remettre au jou d'après serait ainsi, peut-être de manière inconsciente, acter le fait qu'il y aura bien un lendemain.

« A noter quand même, conclut Virginie ALBA-SIMM en rétablissant un lien avec l'actualité, l'atermoiement est aussi la base de nos problèmes actuels, en tant que peuple : il faut cesser de reporter aux lendemains la nécessité de dire non au package amincissant concocté par la multinationale bruxelloise et dire oui à un audit public de la dette française. »

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