TOUT EST DIT

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dimanche 25 novembre 2012

À droite, est-ce bientôt la fin du parti unique ?

« L'illusion du parti unique, qui tentait de rassembler la droite décomplexée, la droite modérée et le centre-droit ne tient plus. Il y a un problème de cohérence idéologique. » DansLe Monde cette semaine, Jean-Louis Borloo s'est montré cinglant. Espérant sûrement, au passage, bénéficier de quelques défections... Alain Juppé s'est montré tout aussi catégorique : « Ce qui est en cause aujourd'hui, ce n'est pas la présidence de l'UMP, c'est l'existence de l'UMP. » Vouloir construire, en 2002, un parti unique, qui réunirait sous un même toit des sensibilités différentes, était-ce utopique ? «On peut s'interroger sur l'existence d'un tel parti , affirme le conférencier Francis Duhem, agrégé d'histoire, ancien professeur en khâgne à Lille.

Avec l'UMP, ils ont voulu dépasser le RPR en partant d'un noyau dur gaulliste et en ajoutant un certain nombre de sensibilités pour en faire un grand parti de droite. » Qui semble atteindre ses limites aujourd'hui : «C'était prévisible quand on a deux personnes à ce point antithétiques : tout les oppose ! » Selon la célèbre classification de René Rémond des droites en France (lire ci-dessous ), Jean-François Copé pourrait illustrer la droite bonapartiste, autoritaire, quand François Fillon est davantage dans la lignée libérale, orléaniste. Des tendances qui ont toujours cohabité au sein des partis de droite, qui se revendiquaient du gaullisme. La phrase de Malraux prend là tout son sens : «Le gaullisme, c'est le métro à 18 h », la société dans toute sa diversité, jusqu'à la gauche.
L'UMP en étau
Mais le gaullisme semble avoir vécu (lire par ailleurs ) : «Il a eu ses grandes heures sous De Gaulle, puis certains, dont Chirac, ont tenté d'entretenir la tradition , souligne Francis Duhem.Mais quand les politiques ne connaissent plus le gaullisme que par ouï-dire, la référence ne peut plus être ce qu'elle a été jusque dans les années 80. » Les dernières figures tutellaires de la droite, Chirac et Sarkozy, sont parvenues, peu ou prou, à assurer un consensus autour de leur personne.
Mais depuis que la succession est ouverte à l'UMP, la bataille fait rage. D'autant que le principal parti d'opposition se retrouve aujourd'hui pris en étau entre le Front national et l'UDI de Borloo. Vers quel côté basculer ? Les deux courants à l'oeuvre aujourd'hui sont-ils de nouveau conciliables ? Avec une image simple mais révélatrice, Francis Duhem livre la tendance qui semble se dégager depuis ces derniers jours : «Quand on casse un vase, on a beau recoller les morceaux, on voit toujours qu'il a été cassé. »

Des courants contraires

 
Dimanche, les militants étaient aussi invités à voter pour les « courants » au sein du parti. C'est la première fois que l'UMP officialise l'existence de mouvements en son sein.
Est arrivé en tête (27,8 %), la Droite forte, emmenée par les sarko-copéistes Guillaume Peltier, Geoffroy Didier et Camille Bedin. Juste devant la Droite sociale du filloniste Laurent Wauquiez (21,7 %) qui avait fait campagne pour les classes moyennes et contre l'assistanat ; puis France moderne et humaniste, emmené par Raffarin, Chatel et Leonéti (18,1 %) ; les Gaullistes (12,3 %) ; la Droite populaire de Thierry Mariani (10,8 %), très à droite sur les questions d'immigration et de la sécurité, mais concurrencée par la Droite forte. Après coup, on ne s'étonne pas que La Boîte à idées des « anti-divisions », Juppé et Balladur, n'ait fait que 9,2 % des voix, en dessous des 10 %, le seuil pour être reconnu officiellement... 

Les précédents duels à droite


Chaban-Delmas - Chirac. Deux jours seulement après la mort de Pompidou, en 1974, Jacques Chaban-Delmas, maire de Bordeaux, annonce sa candidature. L'ancien Premier ministre gaulliste voit se dresser contre lui le ministre des Finances, Valéry Giscard d'Estaing. Dans cette primaire, Jacques Chirac fait un choix risqué en faveur de VGE. Il lance « l'appel des 43 », opération de défection de parlementaires gaullistes visant à imposer les pompidoliens comme partenaires privilégiés du futur président Giscard d'Estaing. Chirac est nommé Premier ministre.
Chirac - Giscard d'Estaing. La période 1974-76, entre VGE président et Chirac Premier ministre, se déroule plutôt mal. De nombreuses anecdotes circulent sur leurs rapports glacés. Chirac claque la porte, affirmant ne pas disposer des moyens nécessaires «pour assurer efficacement ses fonctions ». Plus tard, VGE en veut à Jacques Chirac de l'avoir «trahi» à la présidentielle de 1981 : VGE raconte comment il a appelé la permanence de Chirac, en posant un mouchoir sur le combiné. On lui a répondu qu'il ne fallait pas voter Giscard, mais Mitterrand.
Chirac - Balladur. 1993 : la droite gagne les législatives. Matignon est promis à Jacques Chirac, président du RPR. Mais il garde un mauvais souvenir de sa cohabitation avec Mitterrand (1986-88) et a en vue la présidentielle de 1995. Il laisse la place à Édouard Balladur, «un ami de 30 ans ». Mais, en 1995, Balladur, conforté par les sondages, se porte candidat : celui-ci rallie la quasi-majorité de l'UDF et de ses ministres RPR. Chirac s'assure le contrôle de la machine RPR. Sarkozy appelle Chirac à se retirer mais celui-ci renverse la situation en sa faveur.
De Villepin - Sarkozy. Ennemi juré de Nicolas Sarkozy, qu'il surnomme «le nain », Dominique de Villepin, Premier ministre, rêve de lui barrer la route de l'Elysée en 2007. Mais la crise du Contrat première embauche et l'affaire Clearstream l'ont affaibli. On prête à Sarkozy d'avoir «promis de pendre à un croc de boucher » son rival. La victoire de celui-ci en 2007 ne met pas un terme à leur affrontement. Après sa relaxe au procès Clearstream, De Villepin reprend son combat. En 2012, il n'est politiquement pas en mesure de se présenter mais se prononce contre Sarkozy.

L'UDI de Borloo et le Front national vainqueurs

 
Dimanche, l'UMP devait élire son président, un nouveau leader. Elle se retrouve avec deux perdants. Mais la guerre des chefs à l'UMP n'est pas perdue pour tout le monde.
Jeudi matin, sur France Info, Jean-Louis Borloo assure que sa toute jeune Union des démocrates et indépendants (UDI) a enregistré « plus de 1 200 adhésions  » dans la nuit de mercredi à jeudi, par Internet. Et de répéter à l'envi : « La véritable force d'alternance, la véritable opposition, sereine, tranquille, tolérante et ouverte, c'est l'UDI  ». En début de semaine, ce parti a d'ailleurs accueilli une figure de l'UMP, Pierre Méhaignerie, ancien ministre centriste de la Justice, celui-ci promettant que d'autres allaient suivre dans les semaines à venir. Info ou intox, Jean-François Copé ne se dit pas inquiet « d'une possible hémorragie  ». « Ce sont des opérations ponctuelles  », a commenté Jean-Pierre Raffarin. N'empêche, Copé a quand même cru bon de prévenir qu'il ne « laisserait pas refaire d'UDF  » avec l'UDI de Borloo : « Je n'accepterai pas que l'UMP soit explosée au motif que Jean-Louis Borloo vient débaucher individuellement tel ou tel.  » Au Front national, on se frotte également les mains de ces bisbilles. Le score de Copé, c'est d'abord la preuve d'un déplacement du curseur des militants de droite... vers la droite. Et, comme ce 50-50 n'assure pas, quelle que soit l'issue, les coudées franches à Jean-François Copé, comment imaginer que les électeurs ne choisissent pas finalement l'original : Marine Le Pen. D'ailleurs, c'est Copé qui avait la préférence de Marine Le Pen. Pour lever « l'imposture  » : « Comment peut-on aller sur les thèmes du Front national et en même temps indiquer que le FN, c'est le diable ?  » Seule inquiétude du FN, que cette guerre fratricide ne ramène Nicolas Sarkozy dans l'échiquier et que celui-ci, pour le coup, ne rallie les électeurs égarés à sa cause.

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