dimanche 25 novembre 2012
La guerre des droites continue
La guerre des droites continue
Les luttes fratricides sont les plus acharnées, comme les guerres
civiles sont les plus cruelles. Dans les conflits classiques, les
belligérants se battent au nom de ce qui les sépare. Dans les combats
intestins, ils s'affrontent au nom de ce qui les unit. Ils se trucident
pour le même drapeau, se déchirent pour la même cause. Cette guerre-là
est sans pitié, car il s'agit pour ces chefs d'être reconnus par tout le
groupe (la nation ou le parti) comme l'incarnation de la volonté
commune. L'autre est pire qu'un adversaire : c'est un traître et un
usurpateur.
François Fillon et Jean-François Copé sont passés
pendant les quelques heures d'une nuit blanche du statut de concurrents à
celui d'ennemis irréductibles. Les commentateurs se partagent entre
ceux qui croient que ce duel débouchera sur la scission de l'UMP et ceux
qui n'y croient pas.
Que l'UMP se scinde ou pas, la droite
est déjà éclatée. Le Front national s'est enraciné à son extrême. S'il a
séduit d'anciens électeurs de gauche, il a surtout convaincu des
électeurs de droite déçus par les gouvernements successifs. À l'autre
bout, Jean-Louis Borloo veut ressusciter la composante centriste de
l'ancienne UDF.
L'UMP a d'ores et déjà échoué dans sa volonté
de réunir toutes les droites. Il faut dire qu'elle luttait, dans sa
tentative, contre l'histoire de France.
Il reste la question
de la survie de l'UMP comme machine de guerre électorale. C'est dans ce
but qu'elle avait été construite par Jacques Chirac et Alain Juppé, puis
conquise par Nicolas Sarkozy. Elle a porté ce dernier au pouvoir en
2007, mais a échoué en 2012. C'est cet arsenal que François Fillon et
Jean-François Copé ont voulu récupérer en se portant à sa tête. Tous
deux visent 2017 et la succession de François Hollande.
Un
même but et des scrupules variables séparent les deux hommes.
Jean-François Copé veut conquérir le parti, puis l'opinion, par la
droite, en faisant revenir au bercail des électeurs égarés chez Marine
Le Pen. Il compte sur son énergie et son culot. François Fillon veut
s'attacher le parti, puis l'opinion, par le centre, et par la raison, en
faisant preuve de réalisme et de mesure. Il compte sur sa capacité à
convaincre, mais aussi sur sa détermination dans la durée.
Sur
la route royale de la présidentielle de 2017 se trouve l'étape des
municipales de 2014. Les candidats UMP respecteront-ils le double
interdit, « ni PS, ni FN », ou franchiront-ils le pas de l'alliance avec
ceux du Front national ? Dans le second cas, le schisme de l'UMP serait
bien plus probable qu'aujour-d'hui.
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