Avec interdiction de se défausser.
mardi 6 novembre 2012
Interdiction de se défausser
Interdiction de se défausser
Le déjà très fameux rapport Gallois est enfin dans les mains du
Premier ministre, après avoir été divulgué, par bribes, à travers de
multiples fuites. Comme prévu, le document invite à un « choc de
compétitivité » : une réduction de 30 milliards d’euros de charges
sociales. Potion qui se veut magique, mais potion brutale.
Le
gouvernement – il l’a déjà annoncé même si les mesures exactes restent à
préciser – préfère un cocktail plus homéopathique, mais plus facile à
ingurgiter après le breuvage fiscal déjà très indigeste de la loi de
finances 2013. Choix économique, mais aussi politicien : la gauche ne
veut pas donner le sentiment qu’elle reprend trop vite, trop fort, à son
compte, un leitmotiv, celui de la chasse aux charges, que le patronat
entonne depuis des décennies et qu’il a repris haut et fort ces
dernières semaines, trop fort peut-être.
Politicien encore, le
fait de récuser une autre préconisation de Louis Gallois, la reprise des
recherches sur l’exploitation des gaz de schistes. Niet, a répondu
Matignon illico, afin de prévenir un schisme avec les écologistes. Ils
sont farouchement hostiles à cette technique, certes controversée à ce
stade, mais dont l’abandon pur et simple nous privera peut-être, demain,
de précieuses ressources énergétiques.
Si le gouvernement en
reste à cette approche « politicienne », c’est-à-dire simplement
tactique, le pire est à craindre. La France continuera à perdre pied
dans la compétition internationale, et le chômage poursuivra sa courbe
ascendante. Mais il y a une autre façon de pratiquer, en faisant,
précisément, de la « politique », dans son acception la plus noble, au
service des intérêts supérieurs du pays. C’est le moment idéal, autour
d’un enjeu sur lequel tout le monde s’accorde.
Électrochoc ou
médecine douce ? Les choix sont peut-être moins antagonistes qu’il n’y
paraît. Les 22 propositions du rapport Gallois ne sont pas à cocher
mécaniquement comme les articles d’un catalogue, et il n’est pas
nécessaire de tout arbitrer en quelques jours dans le moindre détail.
Mais le cap, avec des choix courageux, est à définir rapidement et il
appartient au chef de l’État. François Hollande a désormais toutes les
cartes en main.
Avec interdiction de se défausser.
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