En taxant davantage les Français et les entreprises, le président flatte plus les socialistes qu'il ne rassemble le pays. Et oublie qu'être au pouvoir signifie aussi être en campagne permanente.
Rien ne va plus! La conjonction d'une opposition radicalisée, d'une
presse déchaînée, d'une fiscalité aggravée et d'une opinion pessimiste a
fait plonger François Hollande dans une zone dangereuse: le dernier sondage OpinionWay pour Le Figaro situe
à 36% le taux de satisfaction à l'égard du président de la République.
Et autorise François Fillon à prédire le pire: "Crise politique, crise
sociale, violences. "
La première violence vient de
l'opposition, qui peut, grâce à un pilonnage sans mesure ni répit,
masquer ses divisions et éviter que l'on revienne sur son bilan.
François Fillon et Jean-François Copé ont rivalisé de formules assassines, sur France 2,
pour décrire "le mur" qui attend notre pays. Sauf que nous sommes déjà
dans le mur, parce que la gestion précédente nous y a conduits, avec ses
records de chômage, de déficits de tous ordres et de dettes. Côté
presse, tout est bon pour stigmatiser l'"amateurisme" du pouvoir:
comme si ce gouvernement était le premier à subir la censure du Conseil
constitutionnel! Difficile pour l'opinion de résister à un tel
déferlement...
Hollande a oublié sa promesse de "rassembler" le pays
Pour autant, François Hollande n'a pas su, à ce stade, jeter les bases d'une relation politique solide avec les Français. Il a choisi, avec raison, de se concentrer d'emblée sur le plus difficile: la réduction du déficit public. D'où le choix fiscal. Or il n'y a rien de plus difficile dans un pays comme le nôtre, où l'on paie l'impôt sans toujours l'accepter, que de se faire entendre sur ce sujet. Même lorsque l'impôt baisse, l'opinion prétend qu'il augmente. S'est donc installée l'idée d'un prélèvement excessif, qui touche tout le monde, alors que sont principalement concernés les plus aisés.Surtout, le nouvel exécutif n'a pas pris garde de prévenir un glissement dommageable: autant le pays peut adhérer à un objectif de justice (le capital taxé comme le travail), autant personne, hormis l'ultragauche et certains socialistes, n'accepte que les chefs d'entreprise soient ciblés. La méconnaissance de celles et ceux qui, s'ils réussissent, créent de l'emploi se paie très cher. Cette erreur renvoie à la position du chef de l'Etat: trop proche du PS, trop loin des Français, Hollande a oublié sa promesse de "rassembler" le pays. Il parle à la gauche plus qu'à la France, et se trouve donc réduit au socle des soutiens traditionnels de la gauche, autour de 40%.
Hollande ne vante pas ses réussites sur l'Europe
Or, il a conçu une démarche par étapes, pour se laisser le temps de renouer le dialogue avec les corps intermédiaires. Cela l'empêche de placer, en regard des sacrifices demandés, un bénéfice attendu et une perspective de sortie de crise. En outre, à l'inverse de son prédécesseur, il ne met pas en scène ses succès. Or, si l'Europe prend petit à petit le chemin d'une sortie de crise, elle le doit à l'action conjuguée de François Hollande, Mario Monti et Mario Draghi vis-à-vis d'Angela Merkel.A l'heure de la vidéocratie, il faut accepter l'idée qu'être au pouvoir, c'est être en campagne permanente et, pour cela, s'organiser, se coordonner et se doter d'un porte-parolat fort, qui devrait être le Premier ministre. En même temps qu'il faut être capable, dans la tempête, de faire partager une vision et de transmettre au pays une inébranlable et sereine confiance dans notre destin collectif.
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