L'Eurogroupe se penche une nouvelle fois, lundi, sur la situation grecque. Sans proposer de solution de long terme.
Le volontarisme de Mario Draghi
a porté ses fruits. Depuis l'annonce d'une possible intervention
"illimitée" de la BCE pour racheter des obligations en circulation
émises pour moins de trois ans, les investisseurs sont rassurés. Signe
de la confiance retrouvée, les fonds monétaires américains, qui avaient
fui la monnaie unique, sont de retour en Europe.
Avant même d'avoir été injectée, la piqûre de calmant proposée par
l'institution de Francfort a donc soulagé le malade. Mais cela ne veut
pas dire pour autant qu'il est guéri. Loin de là.
Alors que la zone euro s'enfonce dans la récession, elle doit toujours traiter un de ses principaux foyers d'infection, la Grèce.
Deux plans d'aide, le premier de 110 milliards d'euros, accordé en mai
2010, le second en octobre 2011, n'ont pas suffi à remettre le pays dans
le droit chemin. Pas plus que la perte infligée aux investisseurs
privés - banques, fonds et autres assureurs... - pour réduire de plus de
50 % la dette grecque qu'il détenait (107 milliards sur 200).
Sortie de route
Toutes les prévisions économiques du FMI, de la BCE et de la Commission - la fameuse troïka, chargée de définir et contrôler la bonne application du traitement - ont été démenties. Dans les plans initiaux du FMI, l'endettement devait grimper de 115 % du PIB en 2009 à 149 % cette année, avant d'amorcer une décrue à partir de 2014. Malgré la restructuration de la dette, il n'en sera rien. En février dernier, le Fonds révisait sa prédiction à 168 % du PIB pour l'année prochaine. Et, depuis, la situation s'est encore aggravée. Impossible, dans ces conditions, de tenir l'objectif de revenir à 120 % en 2020, le niveau maximum considéré comme soutenable pour se financer sur les marchés... C'est que, malgré les efforts considérables pour réduire le déficit, celui-ci n'a fait que s'aggraver, entraîné par la récession. Censé revenir à 7,6 % du PIB en 2011 et à 6,5 % en 2012 dans les plans initiaux du FMI, il a finalement atteint plus de 9 % à la fin de l'année dernière. L'argent semble avoir été déversé dans le tonneau des Danaïdes.La troïka positive
Face à une telle fuite en avant, les Européens doivent maintenant prendre plusieurs décisions. Lundi, les ministres des Finances de la zone euro se réunissaient pour étudier le sixième rapport de la troïka sur l'état de l'économie et sur l'application des réformes. C'est sur la foi de ce rapport qu'ils décideront ou non de débourser une nouvelle tranche du plan d'aide, de 31,5 milliards d'euros, dont Athènes a besoin pour faire face à ses engagements à très brève échéance.Bonne nouvelle, la troïka aurait décerné un satisfecit au gouvernement d'Antonis Samaras, pour l'application des réformes demandées, à en croire Jean-Claude Juncker. Selon le chef de file de l'Eurogroupe, son nouveau rapport "est fondamentalement positif, car les Grecs ont tenu leurs promesses". La fragile coalition rassemblant la droite modérée, le parti socialiste (Pasok) et la Gauche démocratique a notamment adopté, dimanche soir, les nouvelles mesures demandées pour continuer à financer le pays.
Une dette insoutenable ?
Mais le versement d'une nouvelle partie du plan d'aide ne suffira pas. Pour s'en sortir, Athènes demande maintenant deux ans supplémentaires afin de ramener son déficit à 3 % du PIB. Mais qui dit plus de temps dit encore plus d'argent. S'il était accordé, le sursis devrait coûter 32,6 milliards d'euros supplémentaires, selon le rapport -encore provisoire- de la Troïka. Pour les financer, les Européens planchent sur un rééchelonnement de la dette qu'ils détiennent, une réduction des taux d'intérêt demandés ou des rachats d'obligations qui arrivent à échéance.Reste à savoir si tout cela permettra à Athènes de rendre sa dette soutenable. Selon Der Spiegel, la troïka elle-même n'y croit pas. Elle aurait appelé fin octobre les Européens à prendre leur perte, pour alléger définitivement le fardeau. Ce serait la première fois que les contribuables européens perdraient de l'argent dans le sauvetage grec. Depuis le début de la crise, ils n'ont fait que lui prêter moyennant remboursement et intérêts. Selon un rapport du Sénat de juillet 2012, ils ont déjà accordé près de 56 milliards d'euros sous la forme de prêts bilatéraux, dont 11,4 milliards rien que pour la France. Le fonds de secours provisoire de la zone euro, le FESF, qui a pris le relais, est, lui, engagé à hauteur de 120 milliards d'euros (soit 31,6 milliards pour la France).
De tels chiffres expliquent pourquoi nombre d'États ne veulent pas entendre parler d'un effacement de la dette. Un défaut grec sur la totalité de sa dette coûterait en effet 66 milliards d'euros à la France, selon Éric Dor, directeur de la recherche à l'IESEG School of Management. Encore plus pour l'Allemagne. Ils pourraient donc bien repousser le problème à plus tard. Notamment après les élections législatives en Allemagne, prévues en 2013.
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