François
Hollande donnera aujourd'hui la première conférence de presse de son
mandat. Quelles sont les deux questions que vous lui poseriez et
pourquoi ?
Carole
Barjon : Bruno Le Roux a évoqué l'idée d'un référendum pour faire
adopter la limitation du cumul des mandats. Le président du groupe
socialiste à l'Assemblée nationale a-t-il eu raison d'évoquer une
consultation populaire? Songez-vous à organiser un référendum sur cette
question ?
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Je suis nul, mais je le sais |
Je pose cette question car on
constate bien qu'il y a une énorme résistance de la part de pas mal
d'élus du PS. Alors que la gauche a tous les pouvoirs (exécutif,
législatif, régional, etc.), le président du groupe PS pourrait tout
simplement faire passer une loi, mais il en vient à évoquer l'idée d'un
référendum. C'est symbolique de la grande résistance des élus
socialistes vis-à-vis due la limitation du cumul, et un référendum est
peut être la seule solution pour faire passer la mesure, j'ai donc envie
d'avoir l'avis de François Hollande sur la question.
Vous
avez évoqué la gravité de la crise à la fin du mois d'août. Est-ce
parce que vous avez découvert la gravité de cette dernière à cette
période ? Si oui, pouvez-vous expliquer aux Français pourquoi la crise
s'est aggravée à ce point en deux mois ? Si non, pourquoi ne pas en
avoir parlé plus tôt ?
C'est sous-jacent à la question : a-t-on trop ignoré la crise ?
Josée Pochat : Ma première question serait la suivante : Vous
avez ratifié le traité européen après avoir pourtant promis sa
renégociation, vous imposez un choc fiscal sans précédent qui touchera
bien évidemment plus d'un contribuable sur dix, vous acceptez l'idée
d'augmenter la TVA et de commencer à reconnaître même timidement le
problème de la compétitivité française... assumez-vous le virage
économique du quinquennat ?
Cette
conférence de presse est un rendez-vous majeur de ce début de
quinquennat, quelques jours après la sortie du fameux rapport Gallois.
Il faut rappeler que le début de son mandat n'a pas été bon. Le
président s'est contenté de surfer sur le rejet de l’hyper présidence de
Sarkozy, comme s'il suffisait de surfer sur l'antisarkozysme pour que
les Français soient comblés. Cela ne fonctionne évidemment pas, et on le
voit bien aujourd'hui. Marianne l'a très bien illustré en titrant à la
une « Hollande, secoue toi il y a le feu ». Cette conférence de presse
est l'occasion idéale pour effacer le flottement de ces six premiers
mois et utiliser ce rendez-vous avec les Français pour choisir entre
communication et courage, entre déni de réalité et discours de vérité.
Ma deuxième question n'est pas très éloignée de la première car je pense que c'est le nerf de la guerre : Vous
battez des records d'impopularité non pas pour avoir pris des mesures
douloureuses mais pour n'avoir rien fait à part cultiver l'image d'un
président normal. Aujourd'hui, ne croyez-vous pas que les Français ne
souhaitent pas un président normal mais un président qui regarde la
crise en face et leur tient un langage de vérité ?
On
en revient finalement à cette idée de crise économique, qui est le seul
vrai sujet majeur qui concerne les Français. Dans une période qui est
hors norme, on ne peut se contenter de s'afficher tout sourire en
président normal. Le rôle du chef de l'état est de gérer au mieux la
pénurie. Les Français sont plus lucides que l'on veut bien le croire et
ce sont certainement les politiques qui manquent de courage pour
regarder le pays en face et dire la vérité quant à la nécessité de
travailler plus et de dépenser moins si on ne veut pas continuer à
s'enfoncer lentement mais surement dans le déclin.
Thomas Legrand : Je lui poserais tout d’abord la question suivante : « Fort
de votre expérience des six derniers mois, ne regrettez-vous pas
d’avoir utilisé les termes « jamais » et « toujours » en ce qui concerne
la TVA ? »
Ma deuxième question découle
de la première. Je lui demanderais s’il a quelque chose de particulier à
nous dire concernant l’objectif de déficit de 3% de l’année prochaine…
Il y aura une autre conférence de presse dans 6 mois, peut-il nous assurer que ces 3% seront respectés ?
Les
hommes politiques ont besoin de sortir de cette exigence d’affirmation
constante. Ce n’est pas parce qu’il faut fixer un cap qu’il faut
forcément annoncer des chiffres exacts de croissance, de déficit et de
chômage. Il faut arrêter de nous prendre pour des gamins ! On sait que le doute existe et les hommes politiques doivent savoir l’exprimer sans nous insécuriser. C’est également à nous, électeurs, de cesser de réclamer des certitudes.
Moins
les hommes politiques semblent avoir de pouvoir, plus ils font preuve
de volontarisme, sont péremptoires et utilisent à outrance le « jamais »
et « toujours ». C’est d’ailleurs une faute qu’avait également commise
Nicolas Sarkozy. L’ex président avait déclaré qu’il n’abandonnerait
jamais le bouclier fiscal, c’est évidemment ce qu’il a fait… Plus les
hommes sont volontaristes, plus le risque est grand que cela leur
revienne à la figure. C’est vraiment de nature à décevoir les
électeurs et au-delà de son camp politique, cela détruit clairement la
crédibilité politique.
André Bercoff : Voici les deux questions que je souhaiterais poser à François Hollande :
Vous
avez répété depuis janvier dernier dans tous les médias que vous étiez
contre la TVA que vous aviez qualifiée d'inopportune, d'injuste,
d'anti-sociale et autres compliments. Votre premier Ministre a en
rajouté une pelletée. Aujourd'hui, changement de cap, la TVA redevient
fréquentable et même appliquée. Y a-t-il donc une TVA de gauche et une TVA de droite ? Et pouvez-vous nous dire la différence entre elles ?
François Mitterrand a appris, moins de deux ans après son élection, à
gérer le capitalisme avec le succès que l'on sait, mais sans jamais
formuler un quelconque changement de doctrine. Il eut l'intelligence
artistique de gouverner à droite tout en lançant quelques os à ronger à
la gauche (trente-cinq heures, retraite à soixante ans, etc.). Au bout
de six mois, Monsieur le Président, vous revenez, contraint et forcé
mais non sans courage, sur bon nombre de vos promesses de campagne. Irez-vous
enfin jusqu'au parcours du combattant de Schroeder en Allemagne, au
risque de la défaite dans cinq ans ? Aurez-vous aussi l'audace
sémantique de définir ce que signifie le socialisme aujourd'hui ? Ou
continuerez-vous d'écouter les sanglots longs des violons de l'extrême
gauche et des écolos, tout en prêtant à l'oreille, à l'Elysée, à vos
brillants conseillers frais émoulus des banques Rothschild ou Lazard ?
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