Mais ne forme pas qui veut – et le veulent-ils ? – un duo aussi marquant que De Gaulle et Adenauer.
dimanche 23 septembre 2012
La référence
Pour François Hollande, le meilleur moyen d’échapper à la
comparaison, immanquablement faite par la presse, avec Nicolas Sarkozy,
est de s’inscrire dans le sillage d’un prédécesseur plus lointain. La
référence incontestée est, bien entendu, Charles de Gaulle (1890-1970),
dont se réclament aujourd’hui des personnalités de gauche comme de
droite.
Rappel : il y a cinquante ans, la France et l’Allemagne se
réconciliaient. Contrat d’amitié indéfectible entre deux peuples qui
avaient été, durant des siècles, des ennemis héréditaires. Pour effacer
le passé belliqueux, il fallait des personnalités hors normes, de chaque
côté du Rhin. Le chancelier Konrad Adenauer, qui n’avait collaboré
d’aucune façon avec les nazis et qui fut l’artisan, après-guerre, du
redressement de son pays. Et, côté hexagonal, l’homme qui a libéré la
France, puis qui a fondé, en 1958, la V e République.
«
Vous êtes les enfants d’un grand peuple », avait lancé « le Général »
en septembre 1962 à Duisbourg, et dans la langue de Goethe, à la
jeunesse d’une nation encore traumatisée par la barbarie hitlérienne.
Après avoir sorti notre pays du joug germanique, il libérait les
générations nouvelles de la RFA (République fédérale d’Allemagne) du
poids de la culpabilité, celle du nazisme. François Hollande, mais en
français, a repris, hier à Ludwigsburg, la formule gaullienne, en
présence d’Angela Merkel.
À un demi-siècle d’intervalle, la démarche du premier président de la V e République
prend un relief particulier. Elle nous rappelle que le V de la
victoire, celui pour lequel de Gaulle écartait les bras, est aussi le V
de visionnaire et de volontarisme.
Pas de grand projet, sans grand
homme et/ou sans grande femme, surtout pour faire bouger un continent,
ce qui était l’objet du « traité de l’Élysée », au-delà de la seule
relation entre nos deux pays.
François Hollande et Angela Merkel
se sentent comptables du pacte scellé voici cinquante ans. Mais «
comptables » dans un sens jusqu’à présent très étroit. Sauront-ils
relancer, ensemble et avec d’autres, l’esprit européen ? Forçons-nous à y
croire, malgré la morosité ambiante.
Mais ne forme pas qui veut – et le veulent-ils ? – un duo aussi marquant que De Gaulle et Adenauer.
Mais ne forme pas qui veut – et le veulent-ils ? – un duo aussi marquant que De Gaulle et Adenauer.
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