mercredi 22 août 2012
L’inégalité pétrolière
Mauvaise nouvelle, on ne peut plus faire semblant de croire que l’ère
de l’énergie facile est sans fin. Sa majesté le pétrole s’épuisera. À
défaut d’apprendre à rompre avec la dépendance aux ressources fossiles,
elles se paieront de plus en plus cher.
Bonne nouvelle, la France
veut plafonner les prix de l’essence. Sauf à faire méthodiquement les
poches des pétroliers (on attend de voir), on adapterait les taxes, le
carburant étant un impôt avant tout. Autrement dit, serait transférée
sur le budget national une nouvelle part de la facture. Le contribuable,
y compris non motorisé, paiera ce que l’automobiliste « économisera ».
Quand
bien même il s’agit de soutenir l’activité et le pouvoir d’achat, une
détaxation créerait une jurisprudence ambiguë pour l’État. Comme s’il
avait les moyens de jouer l’amortisseur fiscal des futurs chocs
pétroliers.
Tout aussi gênant pour un pouvoir, s’il est soucieux
d’équité, un blocage indistinct des prix se révélerait injuste : les
utilisateurs de moyens de transports économiques et ceux qui réduisent
leur empreinte carbone en profiteraient faiblement, voire pas du tout.
Tandis que l’État subventionnerait chaque litre brûlé par les rouleurs
inconséquents et les acheteurs aisés d’engins surdimensionnés. Curieuse
manière de préparer l’avenir et une nécessaire transition écologique.
Au
plan politique, la volonté de tenir une telle promesse électorale
s’avère à double tranchant pour tout gouvernement, surtout de gauche.
Elle peut entretenir indirectement le fantasme d’une énergie pour
toujours accessible, tout en accroissant la distorsion entre riches et
modestes face au coût de la vie. On comprend que, d’avance, la mesure
ait été donnée pour transitoire.
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