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jeudi 16 août 2012

Le pétrolier russe Rosneft pollue en toute impunité

D'après le régulateur russe, trois quarts des dégâts écologiques sont provoqués par le groupe d'Etat. Triste bilan pour un pétrolier auquel le gouvernement offre un accès exclusif aux projets Arctiques. Rosneft devance tous les groupes pétroliers mondiaux cotés en terme de réserves pétrolières. Il est aussi le premier producteur russe de pétrole. Un titre moins glorieux risque d’orner son palmarès : celui de principal pollueur. C’est déjà le cas dans la région de Khanti-Mansiisk, où se trouvent les principaux gisements actuellement exploités. Un rapport du Service d’Inspection Fédéral pour les Ressources Naturelles a décompté 2.727 fuites attribuées à Rosneft, soit 75% du total des fuites recensées dans la région. Le rapport pointe du doigt les efforts très insuffisants du pétrolier, détenu à 75% par l’Etat russe, par rapport à ses concurrents privés. Entre 2010 et l’année dernière, Rosneft n’a réduit que de 20% le nombre de ses fuites, tandis que le second pétrolier russe Lukoil les a divisé par deux et demi. Le quatrième pétrolier russe, Sourgoutneftegaz, dont l’essentiel des actifs se situent dans cette région, affiche, lui, 160 fois moins de fuites accidentelles. TNK-BP, un pétrolier dont BP cherche à vendre sa part de 50%, est le second pollueur dans la région, avec 784 fuites. En terme de volume, ce sont 5.288 tonnes qui se sont déversés dans la nature, à peine moins  que les  5.781 tonnes de 2009. En termes de dépenses destinées à la protection de l’environnement, Rosneft est également à la traîne. Côté sanctions, le régulateur a réclamé un total de 36 millions de roubles (à peine 900 000 euros) à l’ensemble des groupes pétroliers.
"Partout des rivières de pétrole"

Le commentaire de l’ancien ministre des ressources naturelles Iouri Troutnev, cité par le quotidien Vedomosti, est lapidaire : « La terre est pratiquement gorgée de pétrole. Nous n’avons pas eu besoin de chercher les zones polluées. Ce qu’il fallait chercher, c’étaient les zones épargnées. Partout, des rivières de pétrole, des lacs et des étangs de pétrole, des traces de pollutions non réparées » expliquait-il au retour d’un voyage sur place en avril dernier.

Des oléoducs vieilissants
La Russie figure parmi les plus gros pollueurs du monde, avec environ 1% de sa production annuelle dispersé dans la nature, soit 5 millions de tonnes. Une grande partie de l’infrastructure a été construite à l’époque soviétique, où la protection de l’environnement était secondaire. Des oléoducs vieillissants et soumis à des conditions climatiques extrême provoquent des fuites accidentelles fréquentes. « Le gouvernement n’a toujours pas mis au point un mécanisme stimulant les investissements vers la modernisation de l’infrastructure » souligne un ingénieur pétrolier russe. « Les sanctions restent minimales. Les groupes privés font des efforts car ils craignent de perdre leurs licences. Mais Rosneft ne craint rien ».

Mardi, Greenpeace tirait la sonnette d’alarme au sujet des travaux d’exploration menés par le pétrolier d’Etat dans la mer de Barents. Selon l’ONG, les technologies sismiques employées nuisent gravement à la faune locale. Rosneft assure de son côté respecter à la lettre la réglementation.

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