D'après le régulateur russe, trois quarts des dégâts écologiques
sont provoqués par le groupe d'Etat. Triste bilan pour un pétrolier
auquel le gouvernement offre un accès exclusif aux projets Arctiques.
Rosneft devance tous les groupes pétroliers mondiaux cotés en terme
de réserves pétrolières. Il est aussi le premier producteur russe de
pétrole. Un titre moins glorieux risque d’orner son palmarès : celui de
principal pollueur. C’est déjà le cas dans la région de Khanti-Mansiisk,
où se trouvent les principaux gisements actuellement exploités. Un
rapport du Service d’Inspection Fédéral pour les Ressources Naturelles a
décompté 2.727 fuites attribuées à Rosneft, soit 75% du total des
fuites recensées dans la région. Le rapport pointe du doigt les efforts
très insuffisants du pétrolier, détenu à 75% par l’Etat russe, par
rapport à ses concurrents privés. Entre 2010 et l’année dernière,
Rosneft n’a réduit que de 20% le nombre de ses fuites, tandis que le
second pétrolier russe Lukoil les a divisé par deux et demi. Le
quatrième pétrolier russe, Sourgoutneftegaz, dont l’essentiel des actifs
se situent dans cette région, affiche, lui, 160 fois moins de fuites
accidentelles. TNK-
BP,
un pétrolier dont BP cherche à vendre sa part de 50%, est le second
pollueur dans la région, avec 784 fuites. En terme de volume, ce sont
5.288 tonnes qui se sont déversés dans la nature, à peine moins que les
5.781 tonnes de 2009. En termes de dépenses destinées à la protection
de l’environnement, Rosneft est également à la traîne. Côté sanctions,
le régulateur a réclamé un total de 36 millions de roubles (à peine 900
000 euros) à l’ensemble des groupes pétroliers.
"Partout des rivières de pétrole"
Le commentaire de l’ancien ministre des ressources naturelles Iouri
Troutnev, cité par le quotidien Vedomosti, est lapidaire : « La terre
est pratiquement gorgée de pétrole. Nous n’avons pas eu besoin de
chercher les zones polluées. Ce qu’il fallait chercher, c’étaient les
zones épargnées. Partout, des rivières de pétrole, des lacs et des
étangs de pétrole, des traces de pollutions non réparées » expliquait-il
au retour d’un voyage sur place en avril dernier.
Des oléoducs vieilissants
La Russie figure parmi les plus gros pollueurs du monde, avec environ
1% de sa production annuelle dispersé dans la nature, soit 5 millions
de tonnes. Une grande partie de l’infrastructure a été construite à
l’époque soviétique, où la protection de l’environnement était
secondaire. Des oléoducs vieillissants et soumis à des conditions
climatiques extrême provoquent des fuites accidentelles fréquentes. « Le
gouvernement n’a toujours pas mis au point un mécanisme stimulant les
investissements vers la modernisation de l’infrastructure » souligne un
ingénieur pétrolier russe. « Les sanctions restent minimales. Les
groupes privés font des efforts car ils craignent de perdre leurs
licences. Mais Rosneft ne craint rien ».
Mardi, Greenpeace tirait la sonnette d’alarme au sujet des travaux
d’exploration menés par le pétrolier d’Etat dans la mer de Barents.
Selon l’ONG, les technologies sismiques employées nuisent gravement à la
faune locale. Rosneft assure de son côté respecter à la lettre la
réglementation.
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