François Hollande est rentré hier à Paris après trois semaines passées à
Brégançon. Apparemment, il vous a manqué. Votre parti pris : Hollande a
pris trop de vacances.
Ce n'est pas tant à moi qu'il a manqué,
mais à ses devoirs - peut-être à ses engagements. Qu'on le veuille ou
non, le présidentialisme français est ainsi fait que l'absence du
président laisse forcément un grand vide. Dans l'apparence du pouvoir,
mais aussi dans la réalité. S'il y avait eu des décisions importantes
prises cet été, on en aurait entendu parler ! De ce point de vue, les
longues, trop longues vacances de François Hollande
ont prolongé une impression qui était déjà fâcheuse : celle d'un
président peu pressé de régler des questions de plus en plus pressantes.
Les bidochons se bidonnent |
Mélenchon exagère, mais il est sûr qu'il traduit une inquiétude qui s'exprime un peu partout - y compris à gauche, y compris au PS. Qu'Arnaud Montebourg, qui est censé incarner au gouvernement le volontarisme face à la crise, en soit à plaider, pour lui répondre, qu'on ne change pas le pays en cent jours, mais en cinq ans, c'est révélateur. Le slogan de François Hollande disait : "Le changement, c'est maintenant." Maintenant, c'est déjà hier. Et pour demain, on n'y voit toujours pas très clair.
Vous croyez vraiment que la présence de François Hollande à l'Élysée pendant l'été aurait changé quelque chose ? Après tout, le chef de l'État a le droit aussi de se reposer, non ?
Moins que les autres. Au passage, dans aucune entreprise un salarié "normal" qui arrive en mai n'a droit à trois semaines de congé en août. Surtout, la crise, les tensions autour de l'euro, les massacres en Syrie, les violences dans les cités..., ce sont des réalités qui ne prennent pas de vacances. Le problème de François Hollande, c'est ce faux rythme qu'il impose en permanence. Jusqu'ici, le gouvernement a surtout déconstruit la politique de Nicolas Sarkozy. Mais la mise en oeuvre de sa propre politique est sans cesse différée. Ça finit par donner une impression d'irréalisme et/ou d'immodestie : comme si François Hollande considérait que les événements allaient s'aligner sur son tempo. On voit bien que ce n'est pas le cas.
Est-ce que François Hollande ne cherche pas, encore et toujours, à souligner le contraste entre son style et celui de Nicolas Sarkozy, qui était en effet beaucoup plus trépidant ?
Évidemment, mais ce n'est qu'en littérature qu'on peut dire : "Le style, c'est l'homme." En politique, ce qui compte, c'est la capacité d'action et de réaction. Dans ce registre, Nicolas Sarkozy en faisait souvent trop. François Hollande n'en fait probablement pas assez. Son été paresseux aura pu donner le sentiment que, pendant que le président grossissait à vue d'oeil, ses ambitions réformistes, elles, avaient tendance à mincir... Les Français sont certainement ravis que François Hollande n'ait pas eu - comme d'autres avant lui - un été pourri. Ils ont besoin d'être vite assurés que ce n'était pas un été... pour rien.
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