lundi 4 juin 2012
Nuages sociaux sur la campagne
Le 17 juin, François Hollande disposera-t-il d'une majorité absolue
ou relative pour voter son projet ? Le Front de Gauche sera-t-il
incontournable pour le PS ? Après la défaite honorable de Nicolas
Sarkozy, les abstentionnistes de droite voudront-ils effacer leurs
regrets ? Le FN sera-t-il assez puissant pour revenir au Parlement et
affaiblir l'UMP ?
La réponse à ces questions dépend de la mobilisation. Et l'avenir du pays dépend assez largement de la réponse à ces questions.
Depuis le 6 mai, les Français, qui redoutent la hausse du chômage
autant que celle des impôts, vivent dans une curieuse atmosphère.
François Hollande, dont les débuts internationaux contredisent le procès
en inexpérience qui lui était intenté, est toujours en campagne. Il ne
dit pas grand-chose, sauf pour confirmer quelques promesses populaires.
Par exemple, la retraite qu'il réforme par décret, sans attendre quinze
jours que le Parlement puisse s'en saisir !
Mais ce n'est pas ainsi qu'il assainira les comptes publics. Ce n'est
pas en diminuant le salaire des ministres, des grands patrons, en
voyageant en train - symboles nécessaires -, ce n'est pas parce qu'il y a
moins d'électricité dans l'air - et c'est tant mieux - qu'il redressera
le pays.
La dette continue d'augmenter. Personne ne connaît la facture sociale
des crises qui nous entourent. Les dizaines de dossiers brûlants - dans
l'Ouest, Doux, PSA, Technicolor... - prennent une ampleur vertigineuse.
La gauche, si elle est jugée, dimanche, plus crédible que la droite
pour sauver l'emploi, sera confrontée à deux choix cornéliens.
Le premier, concilier l'immédiat et le long terme. Ce qui coûte,
coûte tout de suite : les plans sociaux, l'indemnisation des chômeurs,
l'allocation de rentrée, le smic, les retraites, les effectifs de
fonctionnaires... Et ce qui rapporte ne rapporte qu'à long terme :
l'épargne développement, la création de filières industrielles,
l'éventuelle relance par l'Europe...
En attendant, on fait avec quel argent ?
Le second, concilier un projet national, souverain, avec la
contrainte européenne. Avant même que soient augmentés les impôts et la
masse salariale des entreprises, Bruxelles pointe du doigt notre
compétitivité. Il va être très difficile de s'affranchir d'un traité
fiscal dont l'adoption suit son chemin.
Entre ménager ses alliés politiques, campés sur une ligne européenne
radicale, et respecter les engagements envers Bruxelles, on gouverne
comment ?
Sans croissance, parions qu'il y aura des déchirements douloureux.
Les choses sérieuses commencent le 18 juin, et le premier révélateur des
vraies intentions sera le collectif budgétaire, en juillet. Mais selon
que le PS aurait besoin du Front de Gauche, des écologistes ou des
centristes, les choix seront différents.
Avec une petite victoire, et un usage désormais limité du vote
bloqué, le gouvernement Ayrault devrait composer, voire renoncer à
certaines promesses. Faute d'une majorité improbable de trois
cinquièmes, le Parlement ne pourrait pas réformer le statut pénal du
chef de l'État ou offrir le droit de vote aux immigrés. L'équilibre
politique à l'Assemblée dictera le niveau de la dépense publique et de
l'impôt, la répartition des efforts, la crédibilité de la France en
Europe. Ca fait quelques bonnes raisons d'aller voter !
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