- Lorsque les présidents Hoover puis Roosevelt portèrent les taux supérieurs d'imposition sur les revenus à 63% en 1932 puis 79% en 1936, la contribution des 1% des foyers les plus aisés furent quasiment stables, passant de 1,1% du PIB en 1928 à 1% en 1940, mais dans le même temps la Grande Dépression continuait de détruire la société américaine que seule l'économie de guerre et le retour au respect des entreprises privées chargées de conduire l’effort de guerre allaient sauver. Durant les hausses d'impôts des années Nixon, Ford et Carter, entre 1968 et 1981, la contribution fiscale des 1% les plus riches fut réduite de 1,9% à 1,5% du PIB.
- Lorsque la gauche arriva au pouvoir en 1981 en France, elle institua aussitôt et rétroactivement une contribution exceptionnelle égale à 25% de l’impôt sur les revenus de 1980, puis elle porta le taux supérieur de l’impôt sur le revenu à partir de 1981 de 60 à 65% avec une surtaxe exceptionnelle de 10 à 3%. Dans le même temps le produit de l’impôt sur le revenu baissa régulièrement par rapport aux autres recettes fiscales comme par rapport au PIB. Et la contribution du centile des plus riches à l’impôt sur le revenu baissa sensiblement par rapport à celle des classes moyennes qui fut ainsi pénalisée par ces mesures.
- Au Royaume Uni, le taux maximal d’imposition sur le revenu a été augmenté par les travaillistes, juste avant leur défaite aux élections de 2010, de 40% à 50% sur les revenus annuels supérieurs à £150.000 livres. Cela concernait quelque 300.000 personnes. Il devait rapporter 7,2Mi £ selon les prévisions du gouvernement de l’époque. Son produit fut finalement limité à 0,6Mi £ ! C’est pourquoi le ministre britannique des Finances, George Osborne, a proposé une baisse du taux marginal d’imposition des hauts revenus, qui passera en 2013 de 50% à 45%, étant précisé que cette décision s’accompagne d’un relèvement immédiat du seuil de l’impôt sur le revenu de £8.100 à £9.205, qui profitera aux bas salaires.
lundi 4 juin 2012
La "tranche Hollande" à 75% appauvrira la France et les Français, pas les riches !
Yannick Noah, au sujet de la taxe à 75%
les revenus annuels supérieurs à 1 million d'euros, a déclaré au
Journal du dimanche : "C'est beaucoup, 75 %. Et ce n'est pas suffisant.
Il faut partager, redistribuer, sinon on va dans le mur". L'ex-star du
tennis reconvertie dans la chanson serait bien avisé de prendre quelques
cours d'économie...
L’impudeur l’ajoute à l’ignorance quand Yannick
Noah soutient la proposition Hollande de taxer au taux de 75% les
revenus annuels supérieurs à un million d'euros. Le chanteur qui était
parti en Suisse de 1991 à 1993 essaie peut-être de se racheter une
conscience de gauche. «C'est beaucoup, 75%, dit-il. Et ce n'est pas
suffisant. Il faut partager, redistribuer, sinon on va dans le mur».
La
vérité est que nous sommes déjà dans le mur et qu’on va se faire
vraiment très mal si on continue à appuyer sur la mauvaise pédale ! Car
outre son caractère inique, une telle mesure est contre productive.
Prendre
75% de son revenu à un honnête citoyen relève de l’escroquerie ou de
l’idéologie et peut-être des deux. Surtout que celui qui devra payer 75%
d’impôt sur le revenu devra aussi supporter de la CSG/RDS à un taux de
8,2 à 15,4% selon les cas, des charges sociales discriminatoires (car
non plafonnées alors qu’au-delà d’un certain revenu on ne consomme pas
plus de soins que les autres), de la TVA, des droits d’enregistrement
sur ses achats et des droits de succession… En un mot, l’impôt sera confiscatoire, il sera punitif et dès lors il sera imbécile.
Car
le rôle de l’impôt n’est pas de sanctionner les uns ou de récompenser
les autres. Il est la charge supportée pour les dépenses communes et
cette charge doit être répartie de manière aussi juste que possible. Certes,
le taux en question n’est qu’un taux marginal, mais il pèsera sur la
part supérieure de revenu qui est précisément la plus difficile à
obtenir et elle découragera par la même l’effort, l’initiative, la
créativité. A ce titre l’impôt sera aussi complètement inefficace.
Pourtant,
il est souhaitable que l’impôt soit également efficace. La puissance
publique a le devoir d’optimiser ses recettes dans les limites du
respect de son devoir de justice. Mais en l’espèce, un impôt
confiscatoire contredira aussi à ce critère ainsi que l’histoire le
rappelle inéluctablement.
Conformément à la courbe de Laffer,
au-delà d’un certain seuil d’imposition, le produit de l’impôt sur le
revenu a tendance à baisser, parce que les plus riches sont découragés,
ils s’organisent, ils retardent ou modifient les conditions de
perception de leurs revenus, ils partent à l’étranger, ils s’arrêtent de
travailler… C’est vrai en tout temps et en tous lieux.
Ces
constatations sont vérifiées a contrario pour les baisses d'impôt des
présidents Harding et Coolidge dans les années 20, comme pour celles du
président Kennedy dans les années 60 ou du président Reagan dans les
années 80. Les taux marginaux supérieurs d'imposition furent alors
réduits respectivement de 73 à 25%, de 91 à 70% et de 50 ou 70% à 15 ou
35%. Et le produit des impôts des 1% de contribuables les plus fortunés
passa respectivement de 0,6% en 1920 à 1,1% du PIB en 1928, de 1,3% en
1960 à 1,9% en 1968, de 1,5% en 1978 à 3,3% en 2007.
Il ne fait donc guère de doute que l’impôt Hollande appauvrira la France en même temps que les Français.
Et il n’est pas certain que ce soient les plus riches qui en pâtissent
le plus car ceux qui ne seront pas encore partis à l’étranger, comme
beaucoup s’y préparent, sauront s’organiser autrement et courber
l’échine le temps qu’il faut, ce qui sera plus difficile aux salariés de
classes moyennes.
Noah jouait bien au tennis. Il
paraît qu’il chante bien. Mais il n’a pas tous les talents. A défaut de
pouvoir retourner au tennis, il devrait se cantonner à la chanson plutôt
que de se risquer en économie.
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