mercredi 23 mai 2012
Selon que vous êtes au pouvoir ou dans l'opposition, la cohabitation vous paraîtra blanche ou noire…
Les socialistes et l'UMP ont des
arguments bien différents pour convaincre les électeurs d'aller voter
aux élections législatives.
Quelle sera la couleur de l’Assemblée qui
sortira des urnes les 10 et 17 juin prochains? L’incertitude qui pèse
sur l’issue des scrutins des 10 et 17 juin est d’autant plus grande que
Marine Le Pen, forte de ses 17,9% de voix de la présidentielle, espère
pouvoir maintenir un maximum de candidats au second tour pour provoquer
des triangulaires. Et quand ce ne sera pas le cas, elle appellera à
faire battre les candidats, de droite ou de gauche, que le FN jugera particulièrement « nuisibles », comme elle l’a expliqué hier à Metz. Dans
ce contexte national mouvant, peut-il y avoir une vague rose ? Ou bien
est-ce une courte majorité de gauche voire une majorité relative qui
sortira des urnes ? Et pourquoi pas carrément une majorité de droite,
obligeant François Hollande à subir une cohabitation ? Personne
ne l’envisage sérieusement, mais à Droite certains spécialistes de la
carte électorale estiment que l’hypothèse n’est pas totalement à
exclure. Et au sein de la nouvelle Majorité Présidentielle, même si l’on
se montre plutôt serein, on se garde d’afficher une trop grande
confiance, car pour les dirigeants socialistes rien ne serait pire
qu’une cohabitation imposée à un Président nouvellement élu.
D’où les appels à la mobilisation et une certaine dramatisation.
Devant les députés socialistes sortants réunis pour le lancement de la
campagne législative, Martine Aubry, aux cotés de Jean-Marc Ayrault, a
lancé : "Si nous n’avons pas de majorité à l’Assemblée Nationale, le changement , c’est fini ! C’est stop ou encore" ! Même tonalité chez le Premier Ministre qui a plaidé en faveur d’un "vote de cohérence" car "le
Président de la République, comme les ministres du gouvernement que je
dirige, ne pourront s’engager sur la voie du changement que s’il existe
une majorité forte, solide et cohérente". Jean-Marc Ayrault a brossé un sombre tableau de ce que serait, selon lui, une cohabitation : "l’application
du programme de la Droite, qui prévoit dès l’automne prochain une
nouvelle augmentation de la TVA, alors que nous voulons une réforme
fiscale juste ; ce serait la poursuite de la réduction des effectifs
dans l’Education Nationale alors que nous voulons donner de nouveaux
moyens au plus bel outil de l’égalité des chances ; ce serait
l’austérité généralisée alors que nous voulons lier rigueur de gestion
et croissance pour tous". Autant d’arguments que les candidats vont relayer sur le terrain.
De
l’autre coté de l’échiquier, ce n’est plus l’argument du rééquilibrage
des pouvoirs qui est mis en avant pour appeler les électeurs à voter
pour les candidats de droite. Les dirigeants UMP et Nouveau Centre sont à
l’unisson pour dramatiser eux aussi, mais pour expliquer à l’inverse
qu’une cohabitation, c’est la seule façon d’empêcher "l’irréparable", (Jean-François Copé dixit), que provoquerait la mise en œuvre des engagements de François Hollande : "matraquage fiscal, refus de la Règle d’Or, démantèlement de la filière nucléaire, et retour de la retraite à 60 ans". François Fillon n’est pas en reste qui déclare qu’il faut "tout faire pour empêcher la mise en œuvre du programme socialiste".
Requinqués par le bon accueil reçu auprès de leur électorat , les dirigeants de Droite sont à l’offensive contre "un programme inapplicable et inadapté" ;
ils fustigent les premières annonces gouvernementales , notamment le
retour de la semaine de 5 jours pour les élèves du primaire , et
brandissent les accusations de laxisme et d’angélisme contre le
gouvernement, et singulièrement Christiane Taubira, la nouvelle Garde
des Sceaux, qui veut supprimer les tribunaux correctionnels spéciaux
pour mineurs de 16 à 18 ans . L’accent est aussi mis sur les
conséquences "désastreuses pour nos finances publiques et pour les classes moyennes de notre pays" que provoquerait un retour en arrière de la réforme des retraites.
Si Jean-Marc Ayrault reconnait que "la droite est dans son rôle lorsqu’elle demande aux électeurs de défaire en juin, ce qu’ils ont décidé en mai",
le Premier Ministre veut à tout prix éviter qu’on en arrive à cette
situation, et il va s’engager activement dans cette courte campagne pour
l’élection ou la réélection des députés socialistes. Il faut dire
qu’une cohabitation au lendemain de l’élection présidentielle, ce serait
un cas de figure pour le moins inédit. Inimaginable ? En tous cas pas
inenvisageable dans la Constitution de la 5e République !
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