jeudi 3 mai 2012
Le jeu du chat et de la souris
Moment d'ultime dévoilement avant le verdict des urnes, le choc des
titans a en tout cas tenu ses promesses sur un point : la rugosité des
débats l'a emporté haut la main sur l'émotion, que les duellistes n'ont
que rarement su faire passer. Tous deux des enfants de la télé, ils
maîtrisent l'exercice et n'ont pas été obligés de forcer leur talent
pour le démontrer. Ils se sont évertués d'emblée à habiter la fonction
présidentielle, deux postures se découvrant assez vite et illustrant
leurs stratégies. Pas de round d'observation pour Sarkozy l'outsider
face à un Hollande plus attentiste en tant que favori des sondages. Le
second, reprenant un slogan de Mitterrand, s'est référé à « toutes les
forces de France » ; le premier lui a reproché d'être « l'homme d'un
parti ». Les finalistes ont eu sur l'économie des échanges sérieux, d'un
bon niveau. Le puncheur Sarkozy, lâchant des mots et des coups plus
virils, a rappelé la responsabilité de la crise, tandis que son rival le
renvoyait sans cesse à sa propre responsabilité. Aucun doute, deux «
bêtes politiques » se regardaient en chiens de faïence. Le tenant du
titre devait prendre des risques pour rechercher, à défaut du KO, des
clarifications et pousser son rival dans les cordes. Au risque d'adopter
un ton professoral. Hollande ne pouvait pas se contenter d'encaisser.
Moins en rondeur qu'à l'accoutumée, il a témoigné des qualités de
contre-attaquant pour éreinter le bilan de son adversaire et celui-ci
l'habileté qu'on lui connaît pour pointer le projet du socialiste. Au
final, un jeu subtil de piques et d'esquives qui aura délivré, davantage
que la vérité des programmes, celle des caractères.
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