Cette année-là, Mariano Rajoy et José Luis Zapatero, alors président du gouvernement socialiste sortant, s’étaient affrontés à deux reprises – à quinze jours et à une semaine du vote. Au coude-à-coude dans les sondages, ils s’étaient montrés agressifs sur tous les sujets, se taxant l’un et l’autre de « menteur » .
Les 13 millions de téléspectateurs espagnols renouaient alors avec une tradition instaurée après le retour à la démocratie, en 1976, puis abandonnée en 1993, plusieurs candidats ayant refusé de s’y plier.
L’Italie s’accorde, elle aussi, quelques exceptions
Partageant la tradition du duel, l’Italie s’accorde, elle aussi, quelques exceptions. Lors des dernières législatives, en avril 2008, Silvio Berlusconi n’a pas accepté le face-à-face avec le dirigeant de centre gauche, Walter Veltroni.Les téléspectateurs ont plutôt eu droit à un « côte-à-côte » : le même soir, les deux principaux candidats à la présidence du Conseil se sont succédé sur un plateau pour répondre, pendant quarante-cinq minutes, aux questions de quatre journalistes.
Deux ans auparavant, le « Cavaliere », donné perdant, avait affronté l’ancien président de la Commission européenne, Romano Prodi, lors de deux débats à un mois et à une semaine du scrutin, devant 17 millions de téléspectateurs pour le premier (sur un pays de 59 millions d’habitants).
Selon les sondages et la presse, ils tournèrent à l’avantage de Romano Prodi, qui allait remporter les élections législatives de justesse. Ainsi se reproduisait le scénario de 1996 : un débat entre les deux hommes, suivi d’une victoire de Romano Prodi.
Une expérience récente en Allemagne
En Allemagne, l’expérience est encore récente. Elle est aussi singulière. En septembre 2009, Angela Merkel, chrétienne-démocrate (CDU), et Frank-Walter Steinmeier, social-démocrate (SPD), se sont livrés à l’exercice à deux semaines des législatives.Encore inédit outre-Rhin, il fut un duo plus qu’un duel. Et pour cause : les deux prétendants à la chancellerie venaient de passer quatre ans à gouverner dans la même coalition, au sein de laquelle Frank-Walter Steinmeier, vice-chancelier, était ministre des affaires étrangères. Courtois, les alliés ont défendu leur bilan commun et évité l’affrontement, pour la plus grande déception des commentateurs.
Le Royaume-Uni a quant à lui adapté le duel à sa situation politique. Alors que le pays redoutait un Parlement sans majorité, trois débats préélectoraux ont été organisés pour la première fois en avril 2010. Mais à chaque fois, le plateau comptait trois protagonistes : Gordon Brown, premier ministre travailliste sortant, David Cameron, leader des conservateurs – et futur vainqueur –, Nick Clegg, chef de fil des libéraux-démocrates.
Vingt-un million de téléspectateurs (sur 62 millions d’habitants) ont, au total, suivi les trois joutes, qui ont volé la vedette aux journaux, faiseurs d’opinion outre-Manche.
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