Marine Le Pen sait qu'elle fera mouche lorsqu'elle lance, aux
plusieurs milliers de personnes rassemblées pour l'écouter place de
l'Opéra, à Paris, mardi 1er mai : "Quel effet cela vous fait de passer d'idiots qui votent Marine Le Pen à celui d'arbitres de l'élection présidentielle ? Quel effet cela vous fait de passer du statut de 'fachos racistes xénophobes' à celui de 'Français ayant de vraies préoccupations et à qui il faut parler' ?" Et d'enchaîner : "Voyez les mines déconfites des tenants de l'oligarchie !"
Plus nombreux que l'an dernier, le public est venu pour ça. Célébrer ce qu'il estime être "l'extraordinaire réussite dans cette élection présidentielle". Leur ancienne candidate n'a eu de cesse de leur répéter : les résultats du 22 avril sont "enthousiasmants" et annoncent, pour l'avenir, "une victoire inéluctable". "Notre rôle fut et sera immense, essentiel et historique", a-t-elle notamment lancé.
Un passé simple pour Jean-Marie Le Pen, un futur pour elle. Une manière de signifier
aux militants, que, depuis le premier tour, c'est elle qui écrit
l'histoire du FN et qu'elle a bel et bien repris le flambeau en assumant
une certaine continuité. Toute son intervention d'une heure a été
émaillée de petits clins d'œil au FN des années 1990. Elle a ainsi
repris, le fameux "tête haute, mains propre", slogan fétiche de son père, dont l'entrée en scène a été précédée, comme autrefois, par le Choeur des esclaves du Nabucco de Verdi.
"A 40 %, NOS IDÉES SERONT AU POUVOIR"
Sur la place de l'Opéra, on veut avant tout savoir ce que Marine Le Pen va dire sur le vote du 6 mai. Ce n'est pas que l'assistance, plutôt militante, n'ait pas fait son choix qui oscille entre l'abstention et "un vote tactique" pour François Hollande. Mais c'est le message adressé aux finalistes qui est attendu. Dans les rangs, on savoure sa revanche.
"Nous parlions 'hommes, femmes, enfants, souffrances', ils nous répondaient 'courbes, marchés financiers et CAC40'. Et en quelques jours, tout cela aurait changé ?", a fait mine de s'interroger la présidente du FN, qui connaît son affaire et s'interrompt volontiers, pour laisser le temps à la foule, de siffler chaque mention ou allusion à M. Sarkozy. Nathalie Kosciusko-Morizet, citée deux fois par la leader frontiste, a connu le même sort.
"NI DROITE, NI GAUCHE, FRONT NATIONAL !"
Tout en renvoyant dos-à-dos les "deux candidats du système", la présidente du FN a assuré le minimum syndical s'agissant de François Hollande. Elle a fustigé "l'abandon sans vergogne" par la gauche des "petits, des retraités, des catégories populaires". "Une effroyable trahison", résume-t-elle.
Marine Le Pen a même semblé s'employer à désamorcer l'argument phare de l'UMP pour attirer les électeurs FN, à savoir, le droit de vote des étrangers aux élections locales promis par le PS. "Est-ce républicain de faire semblant de s'opposer au droit de vote des étrangers mais de fabriquer 100 000 nouveaux Français par an qui voteront [à toutes les élections]", a-t-elle attaqué. "Ni droite, ni gauche, Front national", entendait-on crier à intervalles réguliers, ainsi que "Sarko, Hollande, c'est pareil".
"Notre espoir ne se concrétisera pas dimanche prochain, au fond de vous, vous le savez pertinemment. Notre véritable combat, notre espérance, réside dans la bataille des législatives", a poursuivi Mme Le Pen. La présidente du FN votera blanc "à titre personnel". A la vérité, tout son discours a visé à dissuader son auditoire de voter pour Nicolas Sarkozy et de lui permettre la victoire. En somme, une vrai-fausse non-consigne de vote.
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