samedi 12 mai 2012
Europe : Hollande face à la crise
Angela Merkel a été – plus encore que les jours précédents (Présent
d’hier) – catégorique, face aux idées avancées par François Hollande
sur la question européenne. S’exprimant au Bundestag, le chancelier a
rejeté toute idée d’une politique de relance en Europe fondée sur la
dépense publique. « Une croissance à crédit nous ramènerait au début de
la crise. Nous ne le voulons pas, nous ne le ferons pas », a-t-elle
déclaré, sous les applaudissements des députés.
« La sortie de crise sera un processus long », a-t-elle poursuivi, en expliquant une nouvelle fois la nécessité de réformes structurelles,
pour lutter notamment contre un « endettement catastrophique » et un
« manque de compétitivité », ce qui « ne se fera pas du jour au
lendemain ».
Tout au plus a-t-elle dû accepter, sous la pression de l’opposition
de gauche, un report du calendrier de ratification du pacte budgétaire.
Mais elle compte bien ne pas aller au-delà…
Pour François Hollande, qui lui rendra finalement visite dès
l’après-midi de son investiture, le 15 mai prochain, la partie s’annonce
donc serrée. Pour ne pas dire jouée d’avance…
D’autant que ses proches ne sont pas tous insensibles aux arguments
allemands. Ainsi Michel Sapin, chargé du projet présidentiel dans
l’équipe Hollande, a donné raison jeudi à Angela Merkel sur les dangers
de relancer la croissance en aggravant les déficits et la dette :
« Madame Merkel, sur ce point-là, je peux lui donner tout à fait raison
parce que, s’il s’agissait de relancer la croissance en relançant les
déficits et la dette, alors on irait là aussi dans le mur. »
Michel Sapin n’a pas, pour autant, tourné sa veste. Il estime
toujours que, « si on pense s’en sortir par plus d’austérité, on va dans
un mur ». Et il milite pour une voie moyenne : « Il faut trouver cette
voie, cette voie équilibrée, c’est celle qu’a voulue François
Hollande. »
Peut-être ! mais la voie est étroite, ténue ; et nos partenaires
européens ne pardonneront aucun écart. François Hollande croit pouvoir
s’y engager, mais pourrait bien, malgré quelques soutiens, se trouver
rapidement coincé.
Au point que Michel Rocard a dit jeudi redouter un « clash » avec l’Allemagne…
Le président élu commence manifestement à prendre conscience de la
difficulté – pour ne pas dire : de la réalité. Il a rencontré mercredi
le président de l’Union européenne Herman Van Rompuy ; jeudi, celui de
l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker.
Ceux-ci étaient désireux de mieux comprendre la position de François
Hollande sur l’Europe, et tout spécialement sur le pacte budgétaire. En
retour, le président élu cherche clairement des soutiens pour contrer,
ou du moins contourner, Angela Merkel.
Mais l’actualité grecque a manifestement occupé, dans ces diverses
rencontres, le premier plan. François Hollande concède simplement, pour
l’heure, se tenir « informé de manière extrêmement précise ». Il est
vrai que Bruxelles considère que, en ce qui concerne la Grèce,
l’austérité n’est pas négociable…
Quoi qu’il en soit, et en attendant qu’Athènes annonce de nouvelles
dispositions pour endiguer la crise, l’Europe semble prête désormais à
envisager un défaut grec. Plusieurs voix se sont élevées cette semaine
pour envisager que la Grèce sorte de l’euro, alors que le propos était
encore tabou il n’y a guère.
Vendredi, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a répondu au quotidien régional Rheinische Post
qui l’interrogeait sur la capacité de la zone euro à supporter une
sortie de la Grèce : « L’Europe ne coule pas aussi facilement. »
Peut-être ! Mais cette sortie, si elle devenait effective, serait
incontestablement un échec. L’Union européenne a trop multiplié les
aides – qui se chiffrent en centaines de milliards… – pour qu’une telle
perspective ne signe pas la mort d’une certaine vision de l’Europe :
celle de l’idéologie, dont on avoue aujourd’hui qu’elle est dépassée par
la crise.
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