Scénario 1 : la raison optimiste
Une première analyse raisonnable (Guy Sorman1) est de considérer que ces vicissitudes sont passagères (Guy Sorman 2) et que dans la difficulté l'Europe se construit au jour le jour. Des progrès immenses ont été accomplis depuis plusieurs mois notamment sous l'égide du couple franco-allemand. On parle même de mutualiser les dettes voire même de faire de l'Europe une sorte de confédération, de renforcer encore l'intégration. Ainsi sortir de l'Europe est une hérésie dangereuse. (Olivier Pastré) D’une certaine manière, la crise, pour nous comme pour le projet européen, est une opportunité forte.(Jean-Hervé Lorenzi)
Scénario 2 : la machine infernale et autodestructrice de l'Euro
Le second scénario, très peu raisonnable à l'inverse, consiste à considérer l'euro comme foncièrement vicié à la base. C'est depuis plusieurs années l'hypothèse de Philip Bagus, économiste libérale de l'école autrichienne. Néanmoins, cette lecture est peu fréquente ou elle est ébauchée à mots couverts par la plupart des défenseurs de la première solution, souvent, malgré eux, semblant apporter en filigrane de l'eau au moulin de ce second scénario. Comment expliquer cette descente aux enfers de la Grèce, du Portugal et dans une moindre mesure la France, alors que ces pays ont adopté l'Euro depuis peu de temps ? Une fois ces dettes mutualisées, qu'est-ce qui empêchera que cela se reproduise une nouvelle fois ? Il semble que personne parmi les politiciens au pouvoir n'ait le courage de dire : "On s'est trompé, reprenons à zéro !" La dérive est ainsi aisée de considérer que les responsables de la crise européennes sont les marchés et le libéralisme excessif de ces dernières années.
Nous avons examiné dans un message précédent le problème posé par des monnaies trop faibles ou trop fortes par rapport à leur valeur réelle. Pour Bagus, il existe en général une banque centrale par pays et lorsque cette nation emprunte et s'endette, la banque crée des obligations. Une dévaluation s'ensuit et ce processus de régulation des monnaies implique rapidement une perte de pouvoir d'achat du pays en question sous forme d'inflation. Dans le cas de l'Euro, où il existe une seule banque centrale pour plusieurs pays aux budgets disparates, cette régulation compensatoire est absente et les pays déficitaires avec un taux d'intérêt bas continuent à créer des déficits sans en avoir dans un premier temps les inconvénients. Les taux d'intérêts sont faibles, car les pays déficitaires bénéficient de la garantie implicite des pays vertueux. Ainsi les politiciens ne résistant pas au désir de se servir de cette manne en profitent pour renforcer la bureaucratie et les prérogatives de l'État. De telle sorte qu'il deviendra de plus en plus difficile de quitter l'Euro sans diminuer cette bureaucratie coûteuse et prégnante. De plus, l'harmonisation fiscale qui, peu à peu prend le pas, ouvre plus grande la voie à de plus fortes taxes et réglementations.
"Les coûts de l'Euro sont élevés. Ils comprennent une inflation résiduelle, une autodestruction du système monétaire, la croissance des prérogatives de l'État, la diminution de la concurrence entre les états. Les conflits entre les nations, malgré cette volonté de centralisation, s'accroissent pendant que les libertés s'amenuisent. Considérant tout cela, le projet de l'euro n'est pas digne d'être sauvée. Le plus tôt il se termine, mieux c'est."
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