TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 17 mai 2012

Copains, courants : un gouvernement Ayrault dosé au cordeau

34 membres pour une équipe de combat et très politique : objectif législatives. Et une règle : les battus à la députation en juin devront quitter le gouvernement.( Ça ressemble à du Sarko, ça ! )
Il y a ceux que l’on attendait (Martine Aubry , la première secrétaire du PS, André Vallini, sénateur de l’Isère, responsable du pôle Justice pendant la campagne ou François Rebsamen, sénateur maire de Dijon, président du groupe socialiste au Sénat), ceux que l’on n’attendait pas : des personnalités discrètes (tel Frédéric Cuvillier, député maire de Boulogne sur Mer, qui devient Ministre délégué auprès de la Ministre de l’Ecologie et du Développement Durable, de l’Energie, chargé des transports et de l’économie maritime, ou encore la députée de l’Isère Geneviève Fioraso ,qui accède à l’Enseignement Supérieur et à la Recherche : ni l’un ni l’autre ne se sont fait remarquer à l’Assemblée Nationale ou dans les congrès du PS ) et ceux que l’on n’attendait plus, à commencer par Stéphane Le Foll, le plus proche collaborateur de François Hollande depuis des années, nommé à l'Agriculture. Responsable de l’organisation de la campagne, il ne cachait pas son blues, se croyant exclu du casting ministériel; mais aussi le président du Conseil Régional de Bretagne, Jean-Yves Le Drian, hollandais historique, que l’on croyait également évincé et qui obtient finalement le Ministère qu’il convoitait à la Défense.
Le couac provoqué par la défection de Martine Aubry, pour qui c’était « Matignon ou rien », a obligé le tandem Hollande-Ayrault à remodeler l’édifice gouvernemental esquissé dans un premier temps. Compte tenu des impératifs qu’impose l’exercice, ils ont réussi à constituer une équipe savamment dosée, un gouvernement tiré au cordeau, un gouvernement très politique, il ne comporte aucune personnalité issue de la société civile, ni de transfuge de droite ou du centre. Il reflète les divers courants du Parti Socialiste, fait une place à la diversité (avec Yamina Benguigui ou Najat Vallaud Belkacem), et au pluralisme politique, puisqu’y participent des PRG Radicaux de Gauche ( Christiane Taubira et Sylvia Pinel) et d’ Europe Ecologie les Verts et pour la première fois, l’engagement de stricte parité pris par le candidat est respecté.
Les révélations féminines de cette campagne, les porte-paroles Delphine Batho, Aurélie Filipetti, Najat Vallaud-Belkacem, Fleur Pellerin ont chacune obtenu un portefeuille ministériel.
Quant aux poids lourds masculins, qui ont solidement épaulé le candidat victorieux, ils décrochent tous les trois de grands pôles ministériels : Pierre Moscovici, le directeur de campagne va s’installer à Bercy (Economie, Finances et commerce extérieur). Sous sa houlette, c’est le président de la Commission des Finances de l’Assemblée, Jérome Cahuzac, en charge du Budget, qui devra mettre en mettre la règle édictée par le Premier Ministre : « une mesure, une économie ». A Bercy on attendait plutôt Michel Sapin ; l’ami de plus de trente ans se voit attribuer un grand pôle social. Belle récompense également pour Manuel Valls, qui va s’installer au très sensible Ministère de l’Intérieur. Le Directeur de la Communication du candidat François Hollande, étiqueté à la droite du PS, est l’un des seuls parlementaires socialistes à avoir voté la loi interdisant la burqa  et il s’était également prononcé en faveur de la TVA sociale, rejetée par le PS. Vincent Peillon qui a longtemps navigué entre les courants du PS et qui avait supervisé l’un des thèmes centraux de la campagne avec l’éducation et la jeunesse pendant la campagne s’installe au ministère de l’Education nationale.
 Conformément à ses souhaits, Laurent Fabius obtient le Quai d’Orsay. Un poste idéal pour l’ancien Premier Ministre de François Mitterrand qui se voit désormais en« Sage actif». Pour les Affaires Européennes, il aura à ses cotés un proche, le député maire de Cherbourg, Bernard Cazeneuve. C’est lui qui a tempéré les ardeurs anti-nucléaires des socialistes après l’accord électoral signé avec les Verts : la centrale de Flamanville est située dans sa circonscription. Quant à Arnaud Montebourg, qui avait obtenu près de 20% des voix lors des primaires du PS en faisant campagne contre la mondialisation et pour la ré-industrialisation de la France (rappelez vous ses visites aux ouvrières de Lejaby !), il devient Ministre du Redressement Productif, ce qui devrait correspondre au traditionnel Ministère de l’Industrie, mais cet intitulé marquera davantage les esprits.
Tout aussi fleuri, le titre de Madame George Pau-Langevin. La députée de Paris devient Ministre déléguée auprès du Ministre de l’Education Nationale, chargée de la « réussite éducative ». Pas plus qu’on ne nomme un militaire à la Défense, on ne nomme un ou une Ecologiste à l’Environnement; la Secrétaire Nationale des Verts, Cécile Duflot, dont l’entrée au gouvernement ne faisait plus guère de doute depuis l’accord conclu avec la députée socialiste sortante de la circonscription où elle est candidate, se voit confier « l’Egalité des Territoires et le Logement ». A la candidate des Verts à l’élection présidentielle, Eva Joly, on a préféré un jeune député européen Pascal Canfin qui sera chargé du Développement   auprès du Ministre des Affaires Etrangères.
Martine Aubry ne fait pas partie du gouvernement mais ses proches y figurent, à commencer par le plus « aubryste » des députés, François Lamy qui devient Ministre de la Ville. Marylise Lebranchu , députée du Finistère, devient Ministre de la Réforme de l’Etat, de Fonction Publique et de la décentralisation; elle aura la lourde charge de préparer la nouvelle étape de la décentralisation promise par le Chef de l’Etat. Et le porte-parole du PS, Benoit Hamon, qui appartient à l’aile la plus à gauche du PS, fait également son entrée au gouvernement comme ministre délégué chargé de l’économie sociale et solidaire.
François Hollande l’a déclaré d’emblée : c’est le Premier Ministre qui sera le chef de la majorité. Et dans cet esprit Jean-Marc Ayrault a souhaité voir un connaisseur chevronné de l’Assemblée nommé au Ministère des Relations avec le Parlement. Le député des Landes, proche d’Henri Emmanuelli , Alain Vidalies en est un, même s’il est avant tout un spécialiste du Travail. Mais ce gouvernement est provisoire, c’est un gouvernement de combat qui doit tout avant gagner les élections législatives des 10 et 17 juin. Jean-Marc Ayrault a déjà prévenu : tout Ministre battu aux législatives de juin prochain devra quitter le gouvernement. Faute de parlement qui légifère, le gouvernement va donc prendre des décrets, et ceci dès aujourd’hui, pour marquer les esprits : les salaires des Ministres et du Président de la République vont baisser de 30% ; les ministres vont devoir se soumettre à une Charte de déontologie. L’allocation de rentrée scolaire va être relevée de 25%. Car, comme le disait le président nouvellement élu, « tout dépend du début du mandat ».

0 commentaires: