dimanche 1 avril 2012
Une campagne des fluides
Nicolas Sarkozy et François Bayrou ont montré, hier, qu’ils étaient
des hommes de rigueur et d’ordre, ce qui pourrait faciliter leur
rapprochement entre les deux tours, s’il était nécessaire à la
constitution d’une majorité de gouvernement, objectif qui devra
compléter en juin l’élection du président de la République. Le candidat
de l’UMP a encore densifié son discours sur la lutte contre les crimes
sexuels, les mineurs délinquants et la récidive. Son concurrent du MoDem
promet, s’il est élu, de clarifier et moraliser les règles de
financement de la vie politique et des campagnes électorales en
particulier, sans cacher qu’il inclut le président sortant dans ses
suspicions, pour le scrutin de 2007. L’écho à ces propositions parmi les
citoyens est, a priori, inégal. Pour justifier sa volonté de réformer
le rapport entre l’argent et les combats électoraux, le centriste
invoque les curiosités de tel magistrat pour des épisodes passés ; mais
il peut s’écouler des années avant que la justice ne parvienne à des
résultats avérés, comme dans l’affaire des emplois fictifs à Paris,
longtemps niés. Durant ce délai, les « suspects », personnes ou partis,
n’auront de cesse de convaincre l’opinion qu’ils sont victimes de
médisants ou de jaloux, de « juges rouges » ou de « juges aux ordres ».
Cela suffit à semer le doute.
Par contre, l’ancien ministre de
l’Intérieur tisse sa toile argumentaire sur une trame immédiatement
sensible pour le public : les crimes dont l’actualité vient de servir
quelques exemples rapprochés et hideux. Le propos est efficace. N’en
déplaise à M. Mélenchon, il n’est pas le vampire qui suce des voix au
Front national, ou si peu. Lui, il attire les globules verts, surtout
ceux dont l’écologisme provient du recyclage… du gauchisme. Non, c’est
bien la fameuse « droitisation » du discours sarkozyen qui attire vers
l’UMP de la substance FN ; cette émigration permet à beaucoup d’adhérer à
un concept autoritaire sans avoir mauvaise conscience de rallier un
mouvement catalogué « extrémiste ». D’autant que Marine Le Pen est trop «
neuve », comparée à son père, pour incarner cet « original préférable à
la copie », que son parti pouvait vanter naguère. La campagne a créé
toute une mécanique des fluides, mais le courant le plus fort n’est pas
encore formé.
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