«Un vote de crise»
Le président a ensuite longuement analysé ce vote FN qu'il n'a pas réussi à «siphoner» dès le premier tour, contrairement à 2007, et dont il aura impérativement besoin pour gagner le 6 mai. «On ne peut pas dire n'importe quoi sur ce vote, a-t-il analysé. Ce n'est pas un vote protestataire, c'est un vote de crise. Il traduit un sentiment de déclassement. Nous devons parler à ces gens.» Sarkozy a répété qu'il ne négocierait pas: «Je ne parle pas aux chefs mais aux électeurs!»Un conseiller décrypte: «Il faut continuer à parler à l'électorat populaire qui a voté pour Le Pen et Mélenchon. Et ne pas donner l'impression de tractation, comme Chirac en 1988.»Nicolas Sarkozy devrait donc continuer à parler immigration et frontières, sécurité et justice, islam et laïcité, ou encore «protection» contre les délocalisations et les effets de la crise dans un monde mondialisé. «On appuie sur l'accélérateur avec la même stratégie qu'avant le premier tour», confirme un conseiller. Et cette fois, plus question d'«édulcorer» le discours, comme ce fut le cas dans les deux dernières semaines avant le premier tour. «Les gens n'ont pas envie qu'on leur parle d'économie ou de Banque centrale européenne mais d'immigration et d'autorité», relève un proche, qui critique en creux le discours de la Concorde du 15 avril, jugé trop théorique.
«Harceler Hollande»
Sarkozy, qui devrait faire de nouvelles promesses d'ici au 6 mai, compte bien pousser François Hollande dans ses retranchements sur le droit de vote des étrangers - il est persuadé que les Français y sont hostiles - ou la «régularisation massive des irréguliers» (ce que le candidat PS ne propose pas). «On va être odieux!» rigole un conseiller, qui reconnaît que tous les coups seront permis. «Il faut harceler Hollande comme ils m'ont harcelé», a conseillé Sarkozy. Il a précisé à ses proches qu'il s'adresserait aussi aux électeurs de Bayrou. «On répond au vote de crise et on rassemble. On est tous des humanistes.» Même si la veille, à l'Élysée, Sarkozy avait reconnu que les hésitations entre sa stratégie ancrée à droite et les appels du pied à Bayrou lui avaient sans doute «coûté la première place». «J'ai bien fait de ne pas écouter tous ceux qui me conseillaient de me recentrer. Je continuerai à parler au peuple».Nicolas Sarkozy, qui a effectué son premier déplacement d'entre deux tours à Tours (lire ci-dessous), sera mardi à Longjumeau, mercredi à Mulhouse, jeudi au Raincy, vendredi à Dijon, samedi en Auvergne. Dimanche, il pourrait faire un meeting à Aix-en-Provence. Lundi prochain, ce sera Toulouse. Puis Toulon. Surtout, le président candidat organisera le 1er mai un grand meeting de plein air à Paris, au Trocadéro, autour de la valeur travail: «À la gauche, les syndicats, à moi, le vrai travail et tous ceux qui travaillent dur», a-t-il résumé.
Dimanche soir, le président s'est attardé dans le carré VIP de la Mutualité, entouré de Carla, ses deux fils aînés, du chanteur Didier Barbelivien et de son ami, l'avocat Thierry Herzog. Sarkozy s'est tourné vers l'un des piliers de sa campagne, qui portait autour du cou un chèche de couleur verte: «Cette écharpe, il ne faut surtout pas la quitter. Le vert, c'est la couleur de l'espoir!»
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