Désormais, ce sera programme contre programme.
Nicolas Sarkozy doit présenter jeudi un récapitulatif des mesures qu'il a annoncées depuis le début de sa campagne.
François Hollande
a publié, de son côté, le calendrier de son projet et précisé l'ordre
des premières décisions qu'il prendrait s'il devait être élu.
Symbolique, la première mesure de la feuille de route serait la
«réduction de la rémunération du chef de l'État et des membres du
gouvernement de 30 %». Au bout de quelques semaines, il s'attachera à
«redonner du pouvoir d'achat aux Français» (augmentation de l'allocation
de rentrée scolaire de 25 %, blocage des prix du carburant…) et à
«combattre les injustices» (droit à la retraite pour les personnes ayant
commencé à travailler jeune…). Viendra alors le plat de résistance de
son programme: une réforme fiscale d'envergure, qui préemptera tous les
sujets. Même si toutes les mesures ne pourront pas entrer en vigueur
immédiatement, Hollande veut qu'elles soient toutes votées dès l'été,
lors la session extraordinaire du Parlement. Au menu: suppression de
niches fiscales, modulation de l'impôt sur les sociétés au bénéfice des
PME, relèvement de la taxation des revenus du capital au même niveau que
les revenus du travail, surtaxe sur les banques et les sociétés
pétrolières, tranche d'impôt à 75 % pour les revenus au-dessus de 1
million d'euros, retour au barème de l'ISF… Ce n'est qu'ensuite, à
partir de l'automne 2012, que le projet prévoit de se pencher sur la
décentralisation, l'embauche des 60.000 fonctionnaires dans l'éducation
nationale, la création de la banque publique d'investissement ou encore
la négociation avec les partenaires sociaux sur la réforme des
retraites.
«Modèle grec»
Au total, la facture fiscale
avoisine les 50 milliards d'euros, que le PS décompose de la manière
suivante: 29 milliards d'euros sont nécessaires pour réduire le déficit
public à 3 % du PIB en 2013 et 20 milliards d'euros de taxes en plus
destinées à financer les nouvelles dépenses prévues au programme. Ce
montant n'a pas été remis en question par les instituts de chiffrage
indépendants. Ce qui n'empêche pas une furieuse bataille de chiffres
entre la droite et la gauche! Dans le camp de Nicolas Sarkozy, on
dénonce un matraquage fiscal jamais vu. François Hollande prévoit ainsi
de relever le taux de prélèvement obligatoire de 1,8 point sur cinq ans,
pour les faire passer à 46,9 % en 2017. Un record historique. Dans le
camp PS, on balaie la critique, indiquant que «le débat n'est pas de
savoir s'il y aura plus d'impôts, mais de savoir qui les paiera». «Les
grandes entreprises et les ménages les plus aisés», répond Michel Sapin,
en charge du projet présidentiel.
L'autre critique du côté de
l'UMP vient du fait que nombre de mesures présentées mercredi par le
candidat socialiste ne figuraient pas dans le projet initial… et ne
rentrent donc pas dans l'enveloppe de 20 milliards de dépenses jusqu'à
présent avancées par la gauche. Ces nouvelles promesses représentent
«entre 28,2 et 39,9 milliards» de plus que prévu, a affirmé mercredi la
porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse. Selon elle, le blocage
pour trois mois des prix du carburant coûterait notamment 1 milliard
d'euros, la réforme de la dépendance 4 milliards, le retour sur la
hausse de la taxe sur les mutuelles de santé entre 5,5 et 11 milliards
sur cinq ans...
Troisième critique: le PS prévoit des efforts
largement insuffisants en matière de dépense publique. «François
Hollande a cédé à l'ivresse de la dépense incontrôlée», a ironisé la
ministre du Budget, en demandant: «Qui va payer?» Mercredi, le document
de François Hollande faisait pourtant état d'un gel d'une partie des
dépenses jusqu'à la publication du rapport de la Cour des comptes «pour
éviter tout dérapage incontrôlé». Mais pour Valérie Pécresse, le PS «a
choisi le modèle grec», celui qui conduira non «pas à l'équilibre en
2017, mais à la faillite en 2015». Le secrétaire général adjoint de
l'UMP Hervé Novelli a, lui, considéré que ces mesures constituaient «le
signal le plus négatif qui ait été envoyé depuis longtemps à des marchés
attentifs et à des agences de notation aux aguets».
Côté
Hollande, on parle aussi des «impôts cachés» et des «réductions de
dépenses cachées» que prévoit le projet de Nicolas Sarkozy. Michel Sapin
l'accuse de préparer un «saccage» de l'assurance-maladie et des
services publics en annonçant 70 milliards de dépenses en moins sur le
quinquennat. La Fondation Terra Nova, proche du PS, a reproché au
candidat UMP de prévoir le «plus important plan de rigueur en France
depuis 1945».
Des partenaires sociaux actifs
Si François Hollande est
élu le 6 mai, syndicats et patronat ne vont pas chômer. Dès sa prise de
fonction, le candidat socialiste prévoit de les consulter, via les
conseils d'administration de la Cnaf et de la Cnav, sur la hausse de
25 % de l'allocation de rentrée scolaire et le droit de partir à 60 ans
pour les personnes ayant commencé à travailler à 18 ans et ayant cotisé
41 annuités, deux mesures arrêtées par décret. Il prévoit d'engager une
concertation sur la mise en place d'une caution solidaire afin de
permettre aux jeunes d'accéder à la location. Mais le gros du travail
des partenaires sociaux aura lieu mi-juillet, lors de «la conférence
nationale pour la croissance et l'emploi». Objectif? Lancer les
chantiers sociaux des cinq ans à venir en matière d'emploi et de
formation (emploi des jeunes et des seniors, licenciements boursiers,
sécurisation des parcours, lutte contre la précarité, égalité
professionnelle), de politique salariale (smic)… Les 100.000 premiers
emplois d'avenir et le contrat de génération ne seront créés qu'après la
rentrée. Tout comme le lancement de la négociation sur une «réforme
globale des retraites» (âge de départ, pénibilité, financement
durable…) qui doit intervenir avant la fin de la première année de
mandat de François Hollande.
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