TOUT EST DIT

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jeudi 5 avril 2012

L'impossible équation budgétaire de François Hollande

S'il est élu, le candidat PS promet de faire voter avant juillet son projet fiscal prévoyant 50 milliards de hausse d'impôts.
Désormais, ce sera programme contre programme. Nicolas Sarkozy doit présenter jeudi un récapitulatif des mesures qu'il a annoncées depuis le début de sa campagne. François Hollande a publié, de son côté, le calendrier de son projet et précisé l'ordre des premières décisions qu'il prendrait s'il devait être élu. Symbolique, la première mesure de la feuille de route serait la «réduction de la rémunération du chef de l'État et des membres du gouvernement de 30 %». Au bout de quelques semaines, il s'attachera à «redonner du pouvoir d'achat aux Français» (augmentation de l'allocation de rentrée scolaire de 25 %, blocage des prix du carburant…) et à «combattre les injustices» (droit à la retraite pour les personnes ayant commencé à travailler jeune…). Viendra alors le plat de résistance de son programme: une réforme fiscale d'envergure, qui préemptera tous les sujets. Même si toutes les mesures ne pourront pas entrer en vigueur immédiatement, Hollande veut qu'elles soient toutes votées dès l'été, lors la session extraordinaire du Parlement. Au menu: suppression de niches fiscales, modulation de l'impôt sur les sociétés au bénéfice des PME, relèvement de la taxation des revenus du capital au même niveau que les revenus du travail, surtaxe sur les banques et les sociétés pétrolières, tranche d'impôt à 75 % pour les revenus au-dessus de 1 million d'euros, retour au barème de l'ISF… Ce n'est qu'ensuite, à partir de l'automne 2012, que le projet prévoit de se pencher sur la décentralisation, l'embauche des 60.000 fonctionnaires dans l'éducation nationale, la création de la banque publique d'investissement ou encore la négociation avec les partenaires sociaux sur la réforme des retraites.

«Modèle grec»

Au total, la facture fiscale avoisine les 50 milliards d'euros, que le PS décompose de la manière suivante: 29 milliards d'euros sont nécessaires pour réduire le déficit public à 3 % du PIB en 2013 et 20 milliards d'euros de taxes en plus destinées à financer les nouvelles dépenses prévues au programme. Ce montant n'a pas été remis en question par les instituts de chiffrage indépendants. Ce qui n'empêche pas une furieuse bataille de chiffres entre la droite et la gauche! Dans le camp de Nicolas Sarkozy, on dénonce un matraquage fiscal jamais vu. François Hollande prévoit ainsi de relever le taux de prélèvement obligatoire de 1,8 point sur cinq ans, pour les faire passer à 46,9 % en 2017. Un record historique. Dans le camp PS, on balaie la critique, indiquant que «le débat n'est pas de savoir s'il y aura plus d'impôts, mais de savoir qui les paiera». «Les grandes entreprises et les ménages les plus aisés», répond Michel Sapin, en charge du projet présidentiel.
L'autre critique du côté de l'UMP vient du fait que nombre de mesures présentées mercredi par le candidat socialiste ne figuraient pas dans le projet initial… et ne rentrent donc pas dans l'enveloppe de 20 milliards de dépenses jusqu'à présent avancées par la gauche. Ces nouvelles promesses représentent «entre 28,2 et 39,9 milliards» de plus que prévu, a affirmé mercredi la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse. Selon elle, le blocage pour trois mois des prix du carburant coûterait notamment 1 milliard d'euros, la réforme de la dépendance 4 milliards, le retour sur la hausse de la taxe sur les mutuelles de santé entre 5,5 et 11 milliards sur cinq ans...
Troisième critique: le PS prévoit des efforts largement insuffisants en matière de dépense publique. «François Hollande a cédé à l'ivresse de la dépense incontrôlée», a ironisé la ministre du Budget, en demandant: «Qui va payer?» Mercredi, le document de François Hollande faisait pourtant état d'un gel d'une partie des dépenses jusqu'à la publication du rapport de la Cour des comptes «pour éviter tout dérapage incontrôlé». Mais pour Valérie Pécresse, le PS «a choisi le modèle grec», celui qui conduira non «pas à l'équilibre en 2017, mais à la faillite en 2015». Le secrétaire général adjoint de l'UMP Hervé Novelli a, lui, considéré que ces mesures constituaient «le signal le plus négatif qui ait été envoyé depuis longtemps à des marchés attentifs et à des agences de notation aux aguets».
Côté Hollande, on parle aussi des «impôts cachés» et des «réductions de dépenses cachées» que prévoit le projet de Nicolas Sarkozy. Michel Sapin l'accuse de préparer un «saccage» de l'assurance-maladie et des services publics en annonçant 70 milliards de dépenses en moins sur le quinquennat. La Fondation Terra Nova, proche du PS, a reproché au candidat UMP de prévoir le «plus important plan de rigueur en France depuis 1945».

Des partenaires sociaux actifs

Si François Hollande est élu le 6 mai, syndicats et patronat  ne vont pas chômer. Dès sa prise de fonction, le candidat socialiste prévoit de les consulter, via  les conseils d'administration de la Cnaf et de la Cnav, sur la hausse de 25 % de l'allocation de rentrée scolaire et le droit de partir à 60 ans pour les personnes ayant commencé à travailler à 18 ans  et ayant cotisé 41 annuités, deux mesures arrêtées par décret. Il prévoit d'engager une concertation sur la mise en place d'une caution solidaire afin de permettre aux jeunes d'accéder  à la location. Mais le gros du travail des partenaires sociaux aura lieu mi-juillet, lors de «la conférence nationale pour la croissance  et l'emploi». Objectif? Lancer  les chantiers sociaux des cinq ans à venir en matière d'emploi et  de formation (emploi des jeunes et des seniors, licenciements boursiers, sécurisation des parcours, lutte contre la précarité, égalité professionnelle), de politique salariale (smic)… Les 100.000 premiers emplois d'avenir et le contrat de génération ne seront créés qu'après la rentrée. Tout comme le lancement de  la négociation sur une «réforme globale des retraites» (âge  de départ, pénibilité, financement durable…) qui doit intervenir avant la fin de la première année de mandat de François Hollande.

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