lundi 16 avril 2012
Les épines du rosier (à quoi s'attendre d'un pouvoir socialiste)
Dans un pamphlet qu'Atlantico publie en
feuilleton à compter d'aujourd'hui et alors que François Hollande fait
figure de favori des sondages, Roland Hureaux a souhaité faire le point
sur les grandes lignes des politiques passées et à venir des
socialistes.
Rarement les Français se seront trouvés aussi
incertains que devant l’élection présidentielle de 2012. A l’heure où
nous écrivons, un sur deux ne sait pas encore pour qui il va voter ;
ceux qui le savent voteront "contre" tel ou tel candidat plutôt que
"pour".
C’est que, probablement, presque tous ressentent combien cette élection est paradoxale.
Si
l’on se réfère aux sondages, la victoire du candidat du parti
socialiste, François Hollande, ne fait guère de doute. Aucun ne lui
donne moins de 54 % des voix au second tour contre Nicolas Sarkozy.
Contre François Bayrou, ses chances paraissent plus faibles mais ce
dernier ne fait guère d’efforts pour se hisser au second tour.
L’élection
d‘un socialiste donnée pour acquise, sans qu’apparaisse réellement de
solution alternative : c’est précisément ce qui rend les nos
compatriotes si peu enthousiastes.
Et c’est bien
là que réside le paradoxe de l’élection : les Français s’apprêtent à
élire un socialiste alors que, sur à peu près tous les sujets
importants, le parti socialiste se situe aux antipodes de leurs
attentes.
Et comment en irait-il autrement ? Si
l’on regarde une à une les causes de leur mécontentement, pour presque
toutes, la politique menée par le parti socialiste quand il a été au
pouvoir porte une large part de responsabilité, la faute de la droite,
pour sa part, ayant surtout été de ne pas avoir su ou osé remettre en
cause ces politiques.
Immigration ? Comment
attendre autre chose de la gauche qu’un relâchement des contrôles et une
plus grande tolérance à l’immigration clandestine. François Hollande
reprend même sous un autre nom, celui de quotas, le thème de
l’"immigration choisie" du Sarkozy de 2007, soit la certitude d’ajouter
aux clandestins un contingent supplémentaire de réguliers.
Éducation
nationale ? La plus totale absence d’imagination caractérise le
programme socialiste ; seul élément concret : la promesse irréalisable
de 60 000 postes supplémentaires. Mais aucune remise en cause des motifs
du déclin de l’institution : le "pédagogisme", le tronc unique, le
relâchement des exigences que la gauche a introduits dans notre système
éducatif depuis plus de 60 ans.
Impôts ? À une
France qui, parmi les grands pays, bat tous les records de prélèvements
obligatoires, François Hollande promet une couche supplémentaire
d’impôts
Social ? La France a un système social
particulièrement développé : si les classes supérieures, auxquelles il
donne bonne conscience, s’en accommodent, sait-on que le principal motif
de frustration de la classe ouvrière, celle qui travaille pour un
salaire modeste, est de voir que beaucoup, qui ne travaillent pas, s’en
sortent aussi bien qu’eux, voire mieux dans certains cas ? Quand la
droite pose le problème, comme récemment Laurent Wauquiez, aussitôt
les invectives socialistes fusent. Comment cette situation pourrait-elle
être remise en cause par ceux-là même qui sont à l’origine de ces
avantages, lesquels peuvent se justifier dans leur principe mais qui
sont, le plus souvent, distribués à l’aveuglette ? Non seulement le PS
ne reviendra pas sur ces avantages qui révulsent une bonne partie du
peuple français, mais il est probable qu’il les développera encore.
Emploi ? Ce que certains polémistes appellent la
"préférence française pour le chômage", le fait que la France traîne un
volant de 2 à 3 millions de chômeurs structurels, est inséparable de la
politique du franc fort, puis de l’euro fort, choix faits par le
gouvernement Bérégovoy de 1992 : personne, au parti socialiste, en
dehors d’un Montebourg relativement marginal, ne remet en cause cette
politique.
On pourrait continuer ainsi : comment
les agriculteurs attendraient-ils que le PS, qui a promu la désastreuse
réforme de la politique agricole commune de 1992, et qui compte dans ses
rangs le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, remette en cause des
orientations qui ont entraîné un effondrement dramatique des effectifs
agricoles ?
Affaires ? Il est vrai que plusieurs
affaires récentes pour lesquelles des instructions sont en cours
(affaire Woerth, affaire de Karachi, etc.) entachent la réputation de la
droite. Mais comment attendre une moralisation de la vie politique d’un
secrétaire général du parti socialiste, François Hollande, qui a
couvert les turpitudes que l’on sait dans les fédérations socialistes du
Nord ou des Bouches-du-Rhône ? Aujourd’hui, 57
élus socialistes, maires de grandes villes, parlementaires ou présidents
de conseils généraux, qui ont été mis en examen ou condamnés,
continuent à occuper d'éminentes fonctions
Les
Français, même de gauche, auxquels les sondages promettent une large
victoire du candidat socialiste, ont le blues... La perspective de cette
victoire, donnée aujourd’hui pour acquise, les déprime.
Elle
les déprime parce qu’ils savent qu’une grande partie de ce qu’ils
reprochent à Sarkozy, plus ou moins consciemment, ne pourra qu’être
aggravé par la gauche.
Elle les déprime parce que,
et tous les sondages le montrent, sur la plupart des questions de
société, la France est plus à droite qu’elle ne l’a jamais été, si tant
est que ces étiquettes aient encore un sens aujourd’hui.
Une
France de droite prête à élire un candidat de gauche, une France qui
rejette d’avance tout ce que le candidat socialiste promet ? Comment
est-ce possible ?
Sans doute des considérations
personnelles peuvent-elles entrer en compte, le style du président
actuel n’ayant pas fait de mécontents qu’à gauche. Le rejet dont il fait
l’objet chez une partie des Français a des causes diverses que les
opposants se chargent de nous rappeler : les maladresses dont il est
coutumier, à commencer par la soirée inaugurale du Fouquet’s, suivie de
l’escapade sur le yacht de Bolloré, des décisions maladroites, comme la
baisse du bouclier fiscal, qui l’ont fait apparaitre comme le président
des riches, et qu’il a dû rapporter ensuite, des réformes
malencontreuses qui d’ailleurs, le plus souvent, ne sont que la
poursuite de celles que la gauche avait engagées.
Mais faut-il pour autant que la France tombe de Charybde en Scylla ?
Ce
dont les Français n’ont encore qu’obscurément conscience et qu'il
convient de mettre pleinement sous leurs yeux est que la grande majorité
des griefs qu’ils éprouvent en tous domaines à l’égard du présent état
des choses, est moins l’effet du quinquennat Sarkozy que le résultat
direct des politiques menées par le parti socialiste au cours des trente
dernières années.
S’il est vrai en effet que, au moins en apparence, la
gauche se trouve écartée du pouvoir depuis dix ans, n’oublions pas
qu’elle a été aux affaires de 1981 à 1986, de 1988 à 1993, puis de 1997 à
2002 soit au total 15 ans sur 30. Mais son influence va bien plus loin
que ce temps passé aux commandes de l’État : d’abord parce que la
droite, plus dépourvue d’imagination que jamais, a, en bien des domaines
appliqué avec zèle les politiques engagées par la gauche, en matière
agricole, monétaire, sociale, universitaire, etc. Ensuite parce que
l’influence intellectuelle d’hommes de gauche passés, sinon avec armes
et bagages, du moins avec toute leur structuration intellectuelle, au
service de la droite, a été souvent déterminante, l’exemple le plus
emblématique étant celui de Jacques Attali, conseiller de François
Mitterrand et devenu le principal inspirateur du programme de réformes
de Nicolas Sarkozy.
Nous passerons en revue les
principaux domaines où on peut dire que l’influence de la gauche au
cours des trente dernières années a été proprement catastrophique.
A suivre chaque jour à compter de demain
Table des matières :
Introduction
L’affaiblissement économique de la France
L’émergence des féodalités locales et l’euthanasie des communes
L’abandon de la politique d’aménagement du territoire
Laxisme en matière d’immigration, politique sociale injuste
L’éducation nationale à la dérive
Pseudo-réforme de l’État et déclin des services publics
Politique étrangère : le grand alignement de 1981
La gauche immorale
Et la droite ?
L’imposture
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