TOUT EST DIT

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lundi 16 avril 2012

Compétitivité et dépenses publiques : les oubliés de la campagne ?

Tandis que la zone euro inquiète de nouveau les marchés, Grèce et Espagne en tête, et qu’elle vient d’élaborer un plan « pare-feu » à Copenhague accordant 800 milliards d’euros au mécanisme européen de stabilité (MES), la campagne présidentielle française semble se dérouler sur une autre planète et dans la surenchère.
  Moins d’un tiers des français, (selon plusieurs sondages) pensent que les candidats apportent des réponses à leurs problèmes : Le fait est, à quelques rares exceptions près, que la principale convergence des propositions des présidentiables porte sur la volonté d’alourdir la fiscalité sous toutes ses formes, qu’elle concerne les impôts ou les taxations, et de préférer nettement la punition à l’incitation pour les Français désignés à l’opinion comme bouc émissaire, les riches (mais pas seulement), les entreprises et autres « profiteurs » (exilés fiscaux ou encore dirigeants).
Le fait que le taux de prélèvement en France (43,8 % de prélèvements obligatoires en 2011, en hausse d’1,3 %) soit l’un des plus élevés de l’OCDE et atteigne des niveaux confiscatoires, pas plus que le déficit abyssal du commerce extérieur (plus de 70 milliards), ne semblent devoir constituer une priorité. D’autant que les comptes publics paraissent se redresser plus vite que prévu (5,2 % en 2011 contre le taux de 5,7 % anticipé) semblent devoir atténuer la perception de la dette française qui enfle encore atteignant des sommets himalayens (85,8 % du PIB à 1 717 milliards d’euros).

C’est donc un diagnostic sur les handicaps majeurs de la France qui ne souffre que de peu de contestation chez les économistes et qui mesure les défis auxquels le pays doit faire face : la compétitivité de la maison France (et de ses entreprises) et les dépenses publiques de celle-ci (56 %, très supérieur à la moyenne de l’OCDE dans tous les compartiments : retraite, prévoyance, santé ou éducation). Paradoxalement si ces deux axes sont parfois abordés par les candidats, c’est rarement en terme de priorité majeure et bien souvent sous forme de trompe l’œil (en terme d’objectifs par exemple, pour les déficits, sans être clair sur les moyens).

Si l’on prend un exemple : limiter la croissance des dépenses à 1 % l’an (contre 2,6 en moyenne au cours des trente dernières années), c’est certes un ralentissement mais en aucun cas une baisse structurelle pourtant très attendue et estimée par les spécialistes entre 120 et 150 milliards d’euros sur les cinq prochaines années.

Cet évitement qui frôle le déni et l’insouciance, pour le Nouvel Economiste, répond à une logique : ne pas effrayer l’électorat car nommer les axes et l’ampleur des remises en cause à réaliser serait suicidaire. L’austérité et la rigueur ne font pas recette en période électorale. Reste à savoir (et on le saura vite après les élections) s’il est possible de gérer la réalité après l’avoir niée. Reste à savoir si les marchés se contenteront des promesses électorales. Reste à savoir enfin si la « baguette magique » de la croissance viendra miraculeusement rendre moins douloureux et moins brutaux les sacrifices à accomplir.


Certes l’OCDE est la première à reconnaître qu’une amélioration durable de la croissance est essentielle au renforcement des finances publiques et à la réduction de la charge de l’endettement public et privé. La politique d’austérité est certes nécessaire mais sans doute pas suffisante.

Dans le même temps l’OCDE rappelle qu’entre 2000 et 2011 les coûts salariaux horaires ont progressé de 47,2 % en Espagne, de 39 % en France, de 35,3 % en Italie et seulement de 19,2 % en Allemagne. Aussi se hasarde –t-elle à préconiser de réduire le coût minimum du travail en France (comme en Grèce !) et de donner plus de place à la fiscalité indirecte ; tandis que de son côté la Cour des Comptes pointe du doigt la perte de compétitivité et les dépenses publiques.


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 Comment libérer la croissance française en rejoignant les meilleures performances des autres pays de l’Euroland ?

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 Comment retrouver la compétitivité pour l’industrie française sur le déclin depuis 10 ans (22 % de parts du PIB en 2000, 16 en 2010. Une balance excédentaire de 11 milliards en 2000, déficitaire de 32 en 2010 et un excédent brut d’exploitation en pourcentage de la valeur ajoutée divisé par deux sur la même période, passant de 32 % à 16 %.), sachant que l’Allemagne a su conserver sa base industrielle et sa compétitivité tandis que la France a privilégié les services, oubliant par trop que les échanges sont d’abord industriels (et les services de proximité) ?

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 Comment réduire les dépenses publiques avec le soutien des corps intermédiaires, la compréhension de l’opinion et sans insurrection ?

Des éléments de réponse avec les économistes du Cercle Turgot : « 
réindustrialiser c’est aussi de l’intelligence », chercher les coûts cachés des délocalisations, « arrêter de mettre des bâtons dans les roues » des industriels comme le dit Pierre GATTAZ, créer un lien de confiance entre les financiers en les associant mieux aux projets, faire un suivi sur mesure et favoriser l’innovation.
Quant à la réduction de la dépense publique, elle nécessite autant de pédagogie que de volonté partagée et une nouvelle lucidité sur le nouveau monde globalisé, très compétitif et sans égard particulier pour notre « vieux pays » dans la « vieille Europe ».
En savoir plus :
- Nicolas Bouzou sur le site d’Astérès.
- La chronique « Économique et finance » de Jean-Louis Chambon sur Canal Académie
- Site du Cercle Turgot

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