C’est donc un diagnostic sur les handicaps majeurs de la France qui ne souffre que de peu de contestation chez les économistes et qui mesure les défis auxquels le pays doit faire face : la compétitivité de la maison France (et de ses entreprises) et les dépenses publiques de celle-ci (56 %, très supérieur à la moyenne de l’OCDE dans tous les compartiments : retraite, prévoyance, santé ou éducation). Paradoxalement si ces deux axes sont parfois abordés par les candidats, c’est rarement en terme de priorité majeure et bien souvent sous forme de trompe l’œil (en terme d’objectifs par exemple, pour les déficits, sans être clair sur les moyens).
Si l’on prend un exemple : limiter la croissance des dépenses à 1 % l’an (contre 2,6 en moyenne au cours des trente dernières années), c’est certes un ralentissement mais en aucun cas une baisse structurelle pourtant très attendue et estimée par les spécialistes entre 120 et 150 milliards d’euros sur les cinq prochaines années.
Cet évitement qui frôle le déni et l’insouciance, pour le Nouvel Economiste, répond à une logique : ne pas effrayer l’électorat car nommer les axes et l’ampleur des remises en cause à réaliser serait suicidaire. L’austérité et la rigueur ne font pas recette en période électorale. Reste à savoir (et on le saura vite après les élections) s’il est possible de gérer la réalité après l’avoir niée. Reste à savoir si les marchés se contenteront des promesses électorales. Reste à savoir enfin si la « baguette magique » de la croissance viendra miraculeusement rendre moins douloureux et moins brutaux les sacrifices à accomplir.
Certes l’OCDE est la première à reconnaître qu’une amélioration durable de la croissance est essentielle au renforcement des finances publiques et à la réduction de la charge de l’endettement public et privé. La politique d’austérité est certes nécessaire mais sans doute pas suffisante.
Dans le même temps l’OCDE rappelle qu’entre 2000 et 2011 les coûts salariaux horaires ont progressé de 47,2 % en Espagne, de 39 % en France, de 35,3 % en Italie et seulement de 19,2 % en Allemagne. Aussi se hasarde –t-elle à préconiser de réduire le coût minimum du travail en France (comme en Grèce !) et de donner plus de place à la fiscalité indirecte ; tandis que de son côté la Cour des Comptes pointe du doigt la perte de compétitivité et les dépenses publiques.
Comment libérer la croissance française en rejoignant les meilleures performances des autres pays de l’Euroland ?
Comment retrouver la compétitivité pour l’industrie française sur le déclin depuis 10 ans (22 % de parts du PIB en 2000, 16 en 2010. Une balance excédentaire de 11 milliards en 2000, déficitaire de 32 en 2010 et un excédent brut d’exploitation en pourcentage de la valeur ajoutée divisé par deux sur la même période, passant de 32 % à 16 %.), sachant que l’Allemagne a su conserver sa base industrielle et sa compétitivité tandis que la France a privilégié les services, oubliant par trop que les échanges sont d’abord industriels (et les services de proximité) ?
Comment réduire les dépenses publiques avec le soutien des corps intermédiaires, la compréhension de l’opinion et sans insurrection ?
Des éléments de réponse avec les économistes du Cercle Turgot : « réindustrialiser c’est aussi de l’intelligence », chercher les coûts cachés des délocalisations, « arrêter de mettre des bâtons dans les roues » des industriels comme le dit Pierre GATTAZ, créer un lien de confiance entre les financiers en les associant mieux aux projets, faire un suivi sur mesure et favoriser l’innovation.
Quant à la réduction de la dépense publique, elle nécessite autant de pédagogie que de volonté partagée et une nouvelle lucidité sur le nouveau monde globalisé, très compétitif et sans égard particulier pour notre « vieux pays » dans la « vieille Europe ».
Nicolas Bouzou sur le site d’Astérès.
La chronique « Économique et finance » de Jean-Louis Chambon sur Canal Académie
Site du Cercle Turgot
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