samedi 21 avril 2012
La gauche et sa maladie des dépenses publiques
Un autre handicap de l’économie française est
le poids excessif des dépenses publiques et, en conséquence, des
prélèvements obligatoires
C’est à tort que
certains idéologues néo-libéraux imputent ce poids au « modèle social
français », supposé issu du programme du Conseil national de la
Résistance, enfant monstrueux, disent-ils, de la collusion du gaullisme
et du communisme. Contre ce fantasme giraudiste, on rappellera que ledit
modèle fonctionnait dans les années cinquante, avec une France beaucoup
plus pauvre et 35 % du PIB (contre 56 % aujourd’hui).
Enrayer
cette propension exagérée à la dépense publique est beaucoup plus
facile en période de croissance : il suffit de ne pas alourdir les
charges pendant que les recettes fiscales augmentent et rendre aux
contribuables une partie des rentrées fiscales supplémentaires.
Mais encore aurait-il fallu qu’un gouvernement le veuille.
Par
quelle ironie du sort, ces périodes de croissance économique ont-elles
coïncidé au cours des vingt dernières années, avec la venue de la gauche
au pouvoir ?
Ce ne sont pas les mérites de la
gauche qui sont en cause, les taux de croissance étant largement
tributaires de cycles internationaux. Si une politique peut les
favoriser, elle n’agit qu’avec retard. Les gouvernements de
gauche ont ainsi profité des politiques des gouvernements précédents. A
l’inverse, la récession dont a pâti la droite ensuite est l’effet direct
de la politique du franc fort de Bérégovoy.
C’est
ainsi que Rocard bénéficia de 1988 à 1991 d’une belle croissance
économique (2,7 % par an en moyenne), qui lui aurait permis de ramener à
une part raisonnable du PIB la dépense publique, tout en préservant les
dépenses en cours. Gravement coupable à cet égard, Rocard profita de
cette manne pour engager des dépenses nouvelles : les unes légitimes,
comme le RMI ; d’autres plus discutables comme une augmentation très
politique des traitements des enseignants : on ne prit même pas la peine
de leur demander des contreparties comme une plus grande implication
dans la vie de l’école (par exemple un temps de tutorat). C’est en
raison de la conjoncture dont il a profité que Rocard a laissé le
souvenir, à tort, d’avoir été un premier ministre convenable, jusqu’à
être applaudi dans les assemblées du MEDEF. On ne s’est pas demandé ce
que cette conjoncture devait au coup de fouet que la politique de Chirac
avait donné à l’économie entre 1986 et 1988.
La
droite revenue au pouvoir pour quatre années difficiles (1993-1997),
avec 1,1 % en moyenne, l’expérience se réédita entre 1997 et 2002.
Jospin bénéficia à nouveau d’une conjoncture favorable -ce qui rend
d’autant plus regrettable pour la droite la dissolution de 1997- et n’en
profita nullement pour réduire le poids des charges publiques ou
l’endettement, déjà lourd. Le supplément de rentrées fiscales
fut fâcheusement assimilé à une "cagnotte" qu’il s’agit de dépenser,
alors qu’il eut été bien plus judicieux de la rendre au contribuable
français, déjà trop lourdement imposé.
Il
en va de même de la dette publique. Son évolution depuis 40 ans est
significative. Relativement contenue entre 1970 et 1981, elle s’accroit
ensuite sensiblement. Cet accroissement est certes imputable à toutes
les majorités, jusqu’en 2012, mais la gauche y a pris largement sa part.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire