La montée en puissance de la Chine n’est pas qu’économique, elle est aussi militaire. Cette année, Pékin va augmenter ses dépenses militaires de 11,2%, pour les porter à 80,5 milliards d’euros. Comment l’atlantisme peut-il faire face à ce nouveau défi ?
La Chine s’arme. Après avoir augmenté ses dépenses militaires de 12,7% l’an passé, la hausse devrait s’élever à 11,2% cette année. Selon le groupe de recherche IHS Jane’s, le budget militaire chinois pourrait doubler d’ici 2015. « Pékin a été en mesure de consacrer une partie de plus en plus importante de ses ressources vers la défense et n’a pas cessé de développer ses capacités militaires depuis plus de deux décennies ». Cela continuera « à moins qu’il y ait une catastrophe économique », explique Rajiv Biswas, chef économiste d’IHS Jane’s.
Parallèlement, Pékin s’affirme en tant que puissance militaire régionale. La Chine a noué des partenariats stratégiques avec des pays proches (Myanmar, Bangladesh, Pakistan, Sri Lanka) qui lui accordent des facilités navales et a mis l’accent sur la modernisation de sa flotte.En mars 2010, les autorités chinoises auraient fait savoir à de hauts responsables américains qu’elles considéraient la mer de Chine méridionale comme une question d’intérêt national, au même titre que Taïwan ou le Tibet. Cette situation inquiète plusieurs pays asiatiques. Le Vietnam, les Philippines ou encore Singapour se sont dernièrement rapprochés des Etats-Unis qui multiplient les exercices avec les forces navales japonaise et sud-coréenne.
Les Etats-Unis suivent très attentivement cet expansionnisme militaire chinois. « Nous renforcerons notre présence en Asie-Pacifique » a réaffirmé Barack Obama en janvier dernier. Washington a d’ailleurs implanté une nouvelle base militaire dans le nord de l’Australie et augmenté sa présence militaire sur l’île de Guam. Au niveau économique, les Etats-Unis font tout leur possible afin de protéger leur industrie et ne pas se laisser vampiriser par Pékin. Cependant, force est de constater que de nouveaux rapprochements semblent nécessaires, notamment avec des puissances émergentes.
Face à de tels enjeux, les anciennes alliances militaires telles que l’OTAN semblent bien obsolètes. C’est pourquoi de nombreux observateurs comme Félix Marquardt, fondateur des Dîners de l’Atlantique, plaident pour un renouvellement de l’atlantisme qui permettrait de dépasser le strict cadre de l’OTAN. Pour lui, le Brésil a un rôle clé à jouer pour de nombreuses raisons.
Brasilia partage avec les Etats-Unis et l’Europe les valeurs d’Etat de droit, de libertés individuelles, de libre circulation des hommes, des biens et des idées. De plus, le Brésil est une puissance économique en devenir et devrait devenir la 5e puissance économique mondiale avant 2025. Enfin, ouvrir l’atlantisme à un pays du Sud permettrait de casser l’image de club de vieilles puissances de ce courant politique issu de la guerre froide. Le Brésil a récemment montré sa volonté de développer ses capacités militaires et de renouveler ses alliances militaires et stratégiques notamment en faisant l’acquisition d’avions Rafale.
» Dans le monde post-américain, le Brésil pourrait être l’un des derniers remparts de l’Atlantique contre l’obsolescence » annonce Félix Marquardt. En effet, la réponse à la Chine ne saurait se résumer à un renforcement des capacités militaires américaines et une stratégie de « containment ». Il faudra également repenser les vieilles alliances et s’ouvrir davantage aux puissances émergentes. Une alliance entre l’Europe, les Etats-Unis et la future cinquième puissance mondiale montrerait à nos rivaux chinois que les démocraties libérales ne sont pas prêtes de céder au déclin.
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