vendredi 30 mars 2012
Mille milliards de calmants
Alors qu’elle agite toujours les pays les plus exposés — hier c’était
l’Espagne — la crise de la dette dans la zone euro et la rigueur qu’elle
engendre ne tiennent pas, dans la campagne présidentielle, une place
proportionnée à l’inquiétude qu’elles suscitaient il y a quelques mois.
Les Français, eux, ne sont pourtant pas rassurés, comme en témoigne le
niveau, inédit depuis vingt-neuf ans, atteint par leur épargne. Mais
d’autres sujets, comme la sécurité, l’immigration, la souveraineté, sans
doute plus faciles à traiter, ont été poussés au premier plan. Le ton
général de la campagne hexagonale face aux défis économiques a
d’ailleurs valu à ses acteurs, hier, une volée de bois vert du quotidien
économique britannique « The Economist ». Certes, « les vérités
dérangeantes » sont généralement malvenues dans la bataille avant un
scrutin, admet celui-ci, mais il estime qu’il « est inhabituel, ces
derniers temps en Europe, qu’ils (les responsables) les ignorent aussi
totalement que le font les hommes politiques français ».Pourtant, hors
campagne, des signes prouvent que la situation financière et budgétaire
en Europe, singulièrement parmi les pays qui partagent l’euro, continue
de nourrir l’inquiétude. De grandes manœuvres ont ainsi été lancées
autour du montant du « pare-feu » que l’Union édifie pour démontrer sa
capacité à aider n’importe lequel de ses membres en difficulté,
notamment vis-à-vis des agences de notation, et pour dissuader la
spéculation de s’attaquer à l’un d’entre eux. La France a frappé les
esprits, hier, en proposant à l’Europe de constituer un fonds
d’intervention de mille milliards d’euros ! C’est un doublement par
rapport aux 500 milliards projetés pour le nouveau fonds de secours, qui
doit entrer en vigueur en 2013, et plus encore comparé aux
440 milliards du fonds initial. Le sort réservé à cette proposition
sera, sans doute, un compromis. Berlin, après avoir refusé d’aller
au-delà du demi-milliard, a évoqué en 48 heures un nouveau plafond
relevé à 700, puis, hier soir par la bouche de Wolfgang Schäuble, à
800 milliards d’euros.Ces tractations sont surtout le signe que la
crainte du feu reste vivace. Mais n’alarmons pas trop les électeurs.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire