Que François Hollande, qui fait la course tête et a réussi un très bon mois de janvier, ait les meilleures chances aujourd’hui de l’emporter, c’est indiscutable. Que les jeux soient « faits », ça se discute, en revanche.
Nicolas Sarkozy dispose –au moins sur le papier- de sept atouts.
C’est un formidable bagarreur. « Meilleur candidat que président », disent ses ennemis, sarcastiques. En tout cas, jusqu’à preuve du contraire, excellent candidat. Or, aujourd’hui, il « piaffe ».
Il a le dossard du challenger. Un dossard qui peut se révéler porteur, alors que le dossard de leader (ou de favori) est parfois, on le sait et on l’a vérifié, lourd à porter. Nicolas Sarkozy entend, en tout cas, exploiter ce statut inattendu de challenger en « renversant la table ». C’est-à-dire en organisant, à coup de propositions-chocs, la… rupture avec son propre quinquennat.
L’air ambiant est « droitier ». Certes, dans toute l’Europe, les « sortants », quels qu’ils soient, paient cash la crise historique qui ébranle continent. Or Sarkozy est un sortant. En revanche, idéologiquement et Hollande en a parfaitement conscience, les vents dominants ne sont pas favorables à la gauche.
Une nouvelle crise n’est pas exclue. Une crise qui, à partir du drame grec, relancerait le débat sur l’avenir de l’actuelle Europe et, plus encore, de l’euro. Certes, l’Europe d’aujourd’hui, c’est celle du « couple » Sarkozy-Merkel mais si la secousse est violente, il pourrait y avoir une prime à ceux qui ont déjà fait leurs preuves. En permettant d’éviter, au moins jusqu’ici, le drame absolu.
La coalition Hollande a ses fragilités. Candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon réunit dans ses meetings des foules imposantes qui acclament un discours beaucoup plus à gauche que celui (jugé tiède) du candidat PS. Quant à Eva Joly, invitée dimanche du « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, au-delà de sa volonté réaffirmée de faire sortir la France du nucléaire et de rétrocéder à l’Europe le « droit de veto » dont la France bénéficie à l’Onu depuis la fin de la second guerre mondiale, elle souhaite maintenant que les Français cessent de moderniser leur force de dissuasion, et réfléchissent à son abandon pur et simple. Ce n’est pas exactement du Hollande dans le texte.
L’anti-sarkozysme peut servir Sarkozy. Ou cet antisarkozysme –« Sarkozy, on n’en veut plus », entend-on depuis des semaines de droite à gauche, et de l’extrême-droite à l’extrême-gauche- devient une déferlante, et la cause est alors entendue. Ou la dimension passionnelle et parfois inouïe que cela prend peut finir, paradoxalement et jusqu’à un certain point, par transformer Sarkozy en « victime ». Ce serait un comble, diront beaucoup. Peut-être, mais qui sait ?
Le bilan du quinquennat est contrasté. La crise aidant, il est terrifiant sur le terrain du chômage. Mais, par exemple, Hollande n’envisage plus aujourd’hui le retour pur et simple à la retraite à 60 ans. Un slogan qui avait amené il ya quelques mois des centaines de milliers de Français à défiler dans les rues. Au coude-à-coude avec les leaders du PS.
La présidentielle serait jouée ? C’est vite dit. D’autant que, depuis le début, elle est -à tous points de vue- hors-normes.
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