lundi 13 février 2012
Le match Sarkozy-Bayrou
On en suffoque déjà pour eux. Quand Nicolas Sarkozy promet à ses adversaires qu’ils « ne vont plus respirer », c’est une promesse qu’il est sûr de tenir. Depuis la semaine dernière, c’est leur champ de vision qu’il occupe déjà. En quelques jours, il a pris tout l’espace médiatique parvenant, quoi qu’on en pense, à créer sinon du suspense au moins une attente sur sa déclaration de candidature.
C’est une question de rite plus que d’information. Ce non-événement est toujours important et l’expérience a montré qu’il doit être réussi : pour l’avoir négligé ou pétrifié, Edouard Balladur et Lionel Jospin ont perdu, d’emblée, quelques points précieux. Ce quelque chose d’indéfinissable qui vous marque un candidat pour toute sa campagne.
Le chef de l’Etat, lui, ne décevra pas sur ce point. Le bruit est assuré. Quant à sa tonalité, l’interview exclusive publiée par le Figaro magazine ce week-end l’a donnée, révélant la stratégie sans surprise du candidat virtuel : il veut d’abord rassembler le peuple de droite autour de valeurs presque caricaturalement conservatrices. Comme en 2007, il fait le pari de siphonner l’électorat de Marine Le Pen. Dans l’immédiat, il donne clairement la priorité au score du 22 avril qui, selon lui, remettra les compteurs à zéro, sur les spéculations du lointain 6 mai.
Le danger de cette stratégie de 1er tour, c’est l’erreur de calcul. Elle repose en l’espèce sur un problème de mémoire : il y a cinq ans, et contrairement aux apparences, c’est plus avec les voix de Bayrou qu’avec celles du FN que le candidat Sarkozy a finalement gagné contre Ségolène Royal. L’aurait-il oublié ? Ses propositions de référendum sur l’immigration et sur les chômeurs mettent mal à l’aise les centristes de l’UMP - Jean-Louis Borloo l’a claironné – et au-delà lui aliènent l’électorat de la droite modérée.
François Bayrou sait qu’il peut tirer parti de ce positionnement fébrile. En parlant de « ligne de fracture » dans le journal de France 2, hier soir, il a choisi des mots encore plus tranchants que cassants pour prendre ses distances avec l’Elysée… tout en se reconnaissant dans certaines valeurs de droite. Après avoir tenté – vainement si on en juge par les sondages - de récupérer des voix au centre gauche en plaçant quelques banderilles dans le flanc de Hollande, le voilà donc qui se retourne et cible sans merci le sortant. Des oscillations de boussole qui désorientent les hésitants. Faute de repères, elles pourraient à nouveau empêcher le troisième homme de 2007 de trouver la voie en solitaire dont il rêve pour accéder au second tour.
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