Le cheveu blanchi malgré sa nouvelle teinture renard, le costume amincissant gâté, un gros nuage de poudre tout autour de lui, François Hollande a fait les frais de la colère d’une « mal-logée », une pauvre aurait-on dit autrefois. Elle l’a copieusement aspergé de « Francine à gâteaux » alors qu’il causait aux miséreux devant la Fondation Abbé Pierre, avant d’être maîtrisée au sol par un service d’ordre à la ramasse qui va probablement en prendre pour son grade.
La vague de froid est un révélateur très fort de l’ampleur de la misère en France. Classique rituel hivernal, les administrations se préoccupent tout à coup des sans-abri, des familles dans des logements insalubres. Et à -8 degrés et quatre-vingts jours de l’élection présidentielle, ce sont les candidats en campagne qui se souviennent brutalement que tout le monde n’a pas autant de chance qu’eux. Dans sa dernière intervention télévisée, Nicolas Sarkozy a érigé les difficultés de logement en priorité nationale. Si c’est la priorité, pourquoi ne s’y est-il pas attaqué plus énergiquement, alors ? Il n’est pas seulement en campagne lui, il est au pouvoir. Dans son discours de Charleville-Mézières en 2006, il déclarait : « Je veux, si je suis élu président de la République, que d’ici deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid ». Ça fait quatre ans donc… et ça ne prend pas le chemin de changer.
Chômage, endettement, perte de logement, la spirale est souvent la même. La Fondation Abbé Pierre a publié un rapport dont les chiffres sont très inquiétants pour notre pays que l’on dit développé : 150 000 SDF, 3,6 millions de personnes sans-abri ou mal logées, 3 Français sur 4 confrontés à des difficultés pour se loger.
Quatre candidats à la présidentielle, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou et François Hollande, celui qui « veut faire payer les riches », se sont pliés à la signature du « Contrat social » de la Fondation Abbé Pierre qui prévoit la construction de 500 000 logements par an dont 150 000 sociaux. Bien conscients que la pauvreté et les difficultés de logement sont un accélérateur de frustrations, et de vote pour des candidats anti-système.
La terroriste mal-logée au paquet de farine en a marre de l’hypocrisie de cette gauche qui trempe à la fois dans le caviar, le scandale et les affaires Strauss-Kahn ou Guérini tout en prétendant avoir le monopole du social. Elle s’appelle Claire Séguin, habite Lille et est âgée de 45 ans. Elle se déclare « à bout de ressources », c’est-à-dire à la rue à très brève échéance. Elle explique qu’à Lille « les socialistes » et leur chef de file Martine Aubry, maire de la ville, n’ont rien fait pour elle et qu’au contraire, ils l’ont « assassinée ».
Le Front national a accusé de son côté la Fondation Abbé Pierre qui n’a pas voulu recevoir Marine Le Pen (c’est la seule à ne pas avoir reçu d’appel à signer la pétition) d’« usurpation frauduleuse des bons sentiments » en rappelant son propre projet sur le logement qui prévoit notamment de donner une « priorité nationale » aux Français sur les immigrés en matière de logement social. Une des raisons idéologiques de la détestation de la Fondation Abbé Pierre à son égard. Car bien sûr le poids de l’immigration n’est pour rien dans la crise du logement et l’accroissement de la pauvreté dans notre pays. A vrai dire, pour la plupart des candidats, il n’est pour rien dans rien. Il n’existe pas. Et son nom n’est même pas prononcé.
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