L'agence de notation estime que les chefs d'Etat ont mal analysé la crise, se concentrant trop sur les déficits budgétaires au lieu de réduire les écarts de compétitivité. Une règle d'or n'y changerait rien, selon elle.
Au-delà des raisons propres à chaque pays, il ressort de façon globale que l'agence est clairement déçue par les résultats du sommet européen du 9 décembre qui devait mettre un terme à la crise de l'euro. «Les dirigeants européens n'ont pas réussi à trouver les solutions adaptées à l'ampleur de la crise qui touche la zone euro», résume Moritz Kraemer, le responsable de la notation des états souverains européens.
Plus important, et plus inquiétant, «les chefs d'Etat n'ont pas forcément établi le bon diagnostic sur les raisons profondes de cette crise». Ce qui, selon S&P, les empêche d'y apporter les bonnes réponses. «Tous les pays se concentrent essentiellement sur des remèdes budgétaires en réduisant leurs déficits excessifs, en particulier dans les pays périphériques, mais la crise de la zone euro s'explique surtout par un écart de compétitivité qui n'a cessé de se creuser entre certains pays européens depuis le lancement de la monnaie unique», estime Moritz Kraemer.
La France n'arrive plus à compenser son déficit commercial
En termes économiques, cet écart de compétitivité a abouti au creusement, dans certains pays, de la balance des paiements et ce creusement a été trop longtemps ignoré par les responsables européens.Depuis plusieurs années, S&P fait de cette balance des paiements l'un des critères majeurs de sa notation, au côté des chiffres plus usuels des déficits publics. De fait, ce sont les pays comme l'Irlande, l'Espagne ou le Portugal, dont les balances des paiements se sont lourdement creusées, qui ont été les plus dégradées ces dernières années. Dans une certaine mesure c'est aussi ce déficit -plus encore que ses déficits budgétaires- qui a fini par affecter la note de la France. Encore bénéficiaire en 2004, cette balance des paiements ne cesse de se dégrader depuis lors, au point de s'élever en moyenne à 6 ou 7 milliards de déficit par mois. C'est le signe que la France n'arrive plus à compenser son déficit commercial par suffisamment d'entrées de capitaux étrangers sur son territoire.
Vu sous cet angle, les solutions proposées par les différents sommets européens, notamment le durcissement de la discipline budgétaire, sont largement insuffisantes pour résoudre tous les problèmes de l'euro. «Si il y avait eu une règle d'or budgétaire dans les pays auparavant, il n'est pas certain que la crise aurait été évitée», explique Moritz Kraemer. «Pour preuve, avant 2007, les Allemands avaient un déficit budgétaire bien plus élevé que les Espagnols, qui étaient presque à l'équilibre». Mais la compétitivité de l'économie allemande lui a permis de mieux résister au choc, ce qui n'a pas été le cas de l'Espagne.
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