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mardi 24 janvier 2012

Les Européens prêts à se passer du pétrole iranien

Les 27 Etats de l'Union européenne envisagent d'annuler leurs accords pétroliers avec l'Iran progressivement d'ici le 1er juillet.

Les 27 pays de l'Union européenne se sont mis d'accord ce lundi 23 janvier pour imposer un embargo pétrolier graduel sans précédent contre l'Iran ainsi que pour sanctionner sa banque centrale afin d'assécher le financement de son programme nucléaire.

L'accord de principe trouvé lors d'une réunion des ambassadeurs des pays de l'UE à Bruxelles, selon des sources diplomatiques, doit encore être formellement entériné dans la journée par les ministres européens des Affaires étrangères réunis à Bruxelles.

Le compromis trouvé prévoit une interdiction immédiate de tout nouveau contrat dans le secteur pétrolier avec l'Iran pour les pays européens. L'annulation des contrats existants n'interviendra toutefois que le 1er juillet au plus tard pour permettre aux pays plus dépendants de se retourner.

20% du pétrole européen

L'Iran vend environ 20% de son pétrole aux pays de l'Union européenne, notamment à la Grèce, à l'Italie et à l'Espagne.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères Jose Manuel Garcia Margallo a relevé que son pays faisait là un "très important sacrifice", tout en indiquant que les principales entreprises concernées l'avaient assuré avoir "trouvé des alternatives".

D'autres pays producteurs, dans le Golfe notamment, ont promis de prendre le relais de l'Iran pour maintenir l'approvisionnement des pays européens.

Les plus réticents étaient les Grecs, qui obtiennent leur pétrole d'Iran à des conditions très avantageuses et militaient à l'origine pour obtenir un délai d'un an avant de couper les ponts.

Compte tenu de la grave crise de leur dette souveraine à laquelle ils font face, ils risquent en effet de se voir exiger des nouveaux fournisseurs des garanties financières que Téhéran ne leur demandait pas.

Afin de rassurer la Grèce, les pays européens se pencheront à nouveau sur la question de la dépendance de certains pays vis à vis du pétrole iranien au plus tard en avril.

Une annulation, à ce moment là, de l'embargo décidé lundi, "nécessiterait toutefois l'unanimité des 27", relève un diplomate, ce qui rend toute remise en cause improbable.

Moyen de pression sur le nucléaire

Ces sanctions sans précédent "ont pour but de faire en sorte que l'Iran prenne au sérieux notre requête de venir à la table des négociations" sur son programme nucléaire, a souligné la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

L'Agence internationale de l'énergie atomique et les Occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de la bombe atomique alors que Téhéran assure n'avoir que des visées civiles.

L'essentiel des ventes iraniennes est toutefois réalisé en Asie. C'est pourquoi les Européens et les Etats-Unis s'efforcent en parallèle de convaincre les pays asiatiques, comme l'Inde, de réduire eux aussi leurs importations de brut iranien.

L'embargo pétrolier fait partie d'un paquet plus large de sanctions, incluant un gel des avoirs de la banque centrale iranienne en Europe et une interdiction partielle de transactions avec l'institut monétaire. La banque iranienne Tejarat, qui a des filiales au Royaume-Uni, en France, et en Allemagne, est aussi visée.

"Voués à l'échec"

Israël a salué la décision européenne. Sur les marchés, les prix du pétrole n'évoluaient qu'en légère hausse lundi à Londres, les opérateurs ayant largement anticipé la perspective d'un embargo au cours des dernières semaines.

Des sanctions "injustes" et "vouées à l'échec" pour le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.

Dans un communiqué commun, Angela Merkel, David Cameron et Nicolas Sarkozy ont de leur côté une nouvelle fois demandé lundi à l'Iran de "suspendre immédiatement" leur programme nucléaire.

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