la participation, de 43,6%, est la plus faible jamais enregistrée pour ce genre de consultation en Europe. Elle est même inférieure au pourcentage des Hongrois (45,62%) qui avaient participé au référendum de 2003 sur l’avenir européen de leur pays. Si le gouvernement croate n’avait pas changé entre temps la loi constitutionnelle sur le référendum, il aurait échoué, faute de participation suffisante. Mais, l’élite politique croate a évité ce piège à temps et aujourd’hui elle peut trinquer au résultat de ses longs efforts pour convaincre les citoyens sur l’avenir du pays. Toutefois, la faible participation laisse un goût amer. Elle indique que les arguments des dirigeants politiques en faveur de l’UE n’ont pas été convaincants, et qu’ils n’ont pas réussi à inciter les citoyens à prendre part à un vote d'une telle importance historique. Le pouvoir croate a même trahi une partie de l’opinion pro-européenne et démocratique. Cette dernière avait dénoncé le fait que les groupes qui s’opposaient à l’adhésion à l’UE n’avaient pas bénéficié de l’égalité de traitement du point de vue financier et médiatique pour exposer leurs arguments. A la place d’une campagne d’information, on a ainsi eu une campagne de propagande ; à la place d’un référendum historique à l’instar celui de 1991 (sur l’indépendance), auquel 83,5% de la population avait participé, le référendum du 22 janvier entrera dans les annales de l’histoire européenne par son taux d’abstention.
mardi 24 janvier 2012
Un tout petit oui à l’UE
Le 22 janvier, les Croates ont ratifié par référendum le traité d’adhésion à l’Union. Un grand pas en avant pour le pays et un “ouf” de soulagement pour Bruxelles, bien que le taux d’abstention record ait de quoi inquiéter, note la presse croate.
Dans Novi List, l’éditorialiste Neven Santic se réjouit du “oui historique” prononcé par ses concitoyens à l’adhésion, et ce, “malgré les efforts des adversaires de l’intégration européenne et le cauchemar dans les têtes d’un bon nombre des votants”. Pour Santic,
La Croatie deviendra le 28e membre de l’Union européenne. Le rêve démocratique du peuple optimiste de la fin des années 1980 et du début des années 1990 s'est transformé lors des deux décennies suivantes en doutes face à une réalité tout sauf idyllique, en raison des problèmes rencontrés par la Croatie et par l’UE, dont le fonctionnement est loin d’être parfait. Depuis hier ce rêve est devenu la réalité avec laquelle il faudra vivre. Certes, il faut être réaliste. Après le référendum, et surtout après le 1er juillet 2013 [quand l’adhésion sera effective], la Croatie ne sera pas un pays de cocagne. L’UE n’est pas un remède contre tous nos maux. Elle est loin d’être une personnification du Bien, une communauté idyllique des Etats et des nations. Elle a ses problèmes et ses méthodes souvent pénibles et douloureux pour les résoudre. La Croatie doit trouver sa vraie place dans une telle “communauté d’intérêts”. Les conflits ne manqueront pas. Ils offriront sans doute un terrain propice aux eurosceptiques. Mais pour le moment, il n’y a pas de doute : l’adhésion de la Croatie à l’UE est un grand pas pour elle. Elle n’y perd rien, et surtout pas sa souveraineté. Elle ne peut qu’en tirer profit.
Senol Selimovic, éditorialiste du quotidien de Split Sloboda Dalmacija souligne quant à lui que les Croates ont battu ce 22 janvier le “record historique d’abstention lors d’un référendum sur l’adhésion à l’UE” :
Augustin Palokaj, du quotidien Jutarnji List, se concentre pour sa part sur le “ouf” de soulagement que l’on a dû pousser à Bruxelles après le oui croate :
En votant en faveur de oui, les citoyens croates ont montré que l’adhésion n’était pas seulement le projet des élites politiques, mais un objectif qui a aussi leur soutien. Toutefois, la faible participation à un vote populaire d'une telle importance n’est pas passée inaperçue. En effet, le nombre des participants, de même que le nombre de ceux qui ont voté “oui”, envoient un message clair : les citoyens croates veulent faire partie de l’UE, mais ils n'attendent pas grande chose d’elle. L’UE n’est pas une institution idéale ; on peut reprocher pas mal de chose à son fonctionnement, mais bon gré mal gré, il vaut mieux être membre même de cette Union-ci, au sein de laquelle on doit se battre pour ses intérêts. En somme, les Croates ne se font pas d’illusion sur l’UE ; il n’y a pas de place pour l’euphorie et c’est une bonne chose. […] Si l’on tient compte de la situation difficile dans laquelle se trouve actuellement l’UE, le “oui” croate est également un grande consolation pour l’UE, car le non aurait signifié un échec patent pour elle.
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