TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 1 janvier 2012

Le temps de la solidarité


Pour les politiques, les vœux du 1 er janvier sont toujours une corvée. Ils s’en débarrassent le plus souvent comme ils signent leurs volumineux parapheurs. Avec le sens du devoir mais sans enthousiasme. Mécaniquement. Et quand il leur prend de renouveler le genre pour faire moderne, en faisant visiter, au besoin, leur petit chez-eux, ils parviennent à transformer le fastidieux exercice en objet de dérision. Dommage. Ils ratent ainsi l’occasion — qui ne se représente pas si souvent — d’être plus grands qu’eux-mêmes.

Ils auraient bien fait l’impasse pour ce numéro 2012. Le cahier des charges est très lourd, il faut bien le reconnaître. Comment parler d’espérance sans être ridicule quand le pays s’enfonce dans une crise fondamentale qui remet en question toutes ses certitudes ? Comment se livrer avec authenticité à moins de quatre mois du premier tour de l’élection présidentielle ? Il faudrait avoir l’instinct aventurier, ou désespéré, voire carrément fou, pour prendre le risque de tout perdre en parlant vrai. Mais on préfère, décidément, être raisonnable. L’est-ce bien, raisonnable, quand les circonstances, elles, ne le sont pas ?

Ah, la vérité… Vous verrez, ce sera le mot de l’année. Le concours a déjà commencé. C’est à qui donnera les meilleurs gages de son courage. L’oscar du boniment pour célébrer la vertu autoproclamée de l’effort réclamé. Pour emporter le morceau, on poussera même, au besoin, la chansonnette sacrificielle. La tentation c’est la version sombre, comme la météo. De l’anti-Trenet. Ce n’est pas le cœur qui fait boum, mais le chômage, et à l’horizon, cher Bashung, les golfes ne sont pas très clairs. La nuit, quand on se pose des tonnes de questions, on ment, on ment, pour ne pas voir. Les mots noirs, comme l’obscurité, sont si commodes pour se lover dans l’immobilité.

Déjà minuit et on frissonne. Léger vertige devant le compteur à zéro. Mais à 0h01, tout est à réinventer. Les difficultés ont résisté aux jolies bulles ensorceleuses et aux décomptes échevelés qui cavalcadent, inconscients, vers un inconnu menaçant. Elles ont traversé la frontière du calendrier avec leur cortège bruyant d’égoïsmes et d’inégalités qui ne demandent qu’à prospérer dans le froid climat de la récession. On en oublierait presque la belle héroïne, silencieuse, un peu à l’écart, qui leur tourne le dos. Elle tremblote un peu au vent d’hiver mais elle sourit. Elle sourit toujours… Et ne renonce jamais à parler d’avenir. Discrète et volontaire, elle a juste un nom, un peu compliqué, c’est vrai, en cinq syllabes. Solidarité.

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