TOUT EST DIT

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vendredi 27 janvier 2012

Hollande se voit déjà à l’Elysée

Le candidat du PS a présenté jeudi matin ses 60 propositions, avant de les préciser le soir sur France 2. Pour lui, les jeux sont faits. Alain Juppé l’a misen garde contre le péché d’ « arrogance ». 
François Hollande est convaincu que les jeux sont désormais faits, et qu’il sera le prochain président de la République : c’est, en tout cas, l’impression irrésistible qu’il a donné tout au long de l’émission de France 2 dont il était, jeudi soir et en direct, l’invité-vedette. Et c’était particulièrement net lors du débat de quarante-cinq minutes qui, en fin d’émission, l’a opposé à un Alain Juppé très offensif. Ce dernier n’a pas cessé en effet, durant cet échange, de s’adresser sciemment au candidat PS comme s’il était déjà à l’Elysée (« On verra ce que vous ferez ») sans que ce dernier réagisse. Ce qui a amené le ministre des Affaires étrangères à reprocher vivement au final à l’élu de Corrèze son « arrogance », et à lui lancer: « Faites attention, M. Hollande ».
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« Vous verrez cette photo la prochaine fois »


Une séquence de l’émission de France 2 a été particulièrement révélatrice. Il est question, puisque François Hollande se réfère beaucoup à François Mitterrand, du départ de Valéry Giscard d’Estaing de l’Elysée en 1981 après sa défaite. Mitterrand, le nouvel élu, raccompagne sur le perron de l’Elysée le président battu, qui s’éloigne ensuite à pied. « C’est la photo que vous verrez la prochaine fois », commente Hollande (avec Sarkozy dans le rôle de… Giscard). De fait, jeudi soir, Hollande a parlé sans cesse de la suite, « de l’avenir », de ce qu’il ferait (aller voir Angela Merkel à Bonn, puis les dirigeants de l’Otan à Chicago pour leur indiquer que les troupes française quitteraient l’Afghanistan avant la fin 2012) et a considéré -explicitement ou implicitement- le quinquennat Sarkozy (qui s’achève, à ses yeux, « dans le tumulte et la fuite en avant ») comme une affaire close, réglée, donc derrière lui.

La main tendue à Mélenchon


Sans doute, derrière cette posture, y avait-il de la part de Hollande une part de calcul. Alors que Nicolas Sarkozy –qui ne s’est toujours pas déclaré officiellement- doit intervenir dimanche soir à la télévision, François Hollande, en s’installant (par anticipation ?) dans son fauteuil, s’est efforcé de décrédibiliser par avance son propos : « Trop tard, M. Le président !.. ». Mais Hollande était aussi, à l’évidence, sincère. Il pense que la séquence qui a démarré dimanche dernier au Bourget et qui s’est achevée jeudi, avant l’émission de France 2, par la présentation officielle de ses 60 propositions a été à la fois réussie et décisive. Donc, que Sarkozy est battu et que lui , qui mène la course, n’est plus rattrapable. « Je suis soucieux de rassembler même ceux qui ne voteront pas pour moi », a dit François Hollande, après avoir juste avant et pour la première fois tendu la main à Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche.

« M. Hollande, la Chine va vous envoyer sur les roses ! »


La prestation d’Alain Juppé jeudi soir devrait cependant inciter François Hollande à une certaine prudence, même si l’impopularité du chef de l’Etat est, pour lui, un atout-maître. Le patron du quai d’Orsay a été, en effet, très pugnace. Il n’a rien passé à Hollande, ni sur son programme économique et fiscal, ni sur des ambitions qu’il juge « arrogantes ». Juppé –qui apparait plus que jamais comme l’homme fort d’une droite qui doute- a ainsi prédit à Hollande, après l’avoir décrit comme prétendant vouloir naïvement faire la leçon au président chinois sur sa monnaie, qu’il serait, s’il s’y risquait, proprement envoyé… « sur les roses ». D’où un échange sec entre les deux hommes sur le thème de l’arrogance. Juppé : « Faites attention, M. Hollande ». Hollande : « Quelle arrogance de votre part! ». Juppé : « En matière d’arrogance, j’ai fait mon examen de conscience depuis longtemps ». Hollande « il y a des rechutes possibles ! ».

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