jeudi 15 décembre 2011
Moscovici, la jeunesse (en stage) te dit merci !
Pierre Moscovici, le Directeur de campagne de François Hollande, cherche à renforcer son équipe parlementaire et vient de faire paraître une offre de stage de six mois sur le site de Sciences Po Paris. Des conditions d'emploi assez éloignées de l'esprit des propositions du candidat PS en matière de jeunesse...
François Hollande a fait de l'avenir de la jeunesse sa priorité présidentielle. Les jeunes, cette génération sacrifiée sous l'ère Sarkozy, à cause de Nicolas Sarkozy... "Chômage élevé, précarité, dévalorisation des diplômes, perte d’autonomie, accès au logement plus difficile", les mots ne manquent pas pour dénoncer une situation que vivent malheureusement (et effectivement) de plus en plus de nouveaux entrants dans la vie active ou d'étudiants (qui font souvent des études trop longues faute d'avoir pu trouver un emploi suffisamment rémunéré avant).
Sur un plan plus pratique, pour mettre ses idées en musique et devenir aux yeux des Français l'homme à élire pour tourner la page d'une jeunesse spoliée par la crise et le cruel patronat UMP, François Hollande s'est organisé et a fini par annoncer le 17 novembre dernier avoir officiellement choisi Pierre Moscovici comme directeur de campagne. L'ancien Ministre est donc sur le terrain et enchaîne médias sur médias, notamment pour dire qu'il faut "rendre à la jeunesse un espoir" car "son avenir représente moins que pour la génération précédente".
En conséquence, beaucoup de travail en plus pour Pierre Moscovici... Et oui, ce sont des sujets sérieux ces choses-là. Le voici contraint de recruter de nouveaux collaborateurs pour faire le job à ses côtés (à sa place ?). Tant qu'à faire, autant choisir parmi les meilleurs en allant proposer à un jeune (ou presque) diplômé de Sciences Po Paris de venir travailler à l'Assemblée nationale avec lui.
L'annonce postée est très claire : on cherche un assistant parlementaire junior à plein temps, disponible tout de suite et jusqu'à la fin de la campagne. Le candidat (on imagine les prétendants nombreux) retenu devra s'occuper des tâches administratives classiques (réponse au courrier, gestion de l'agenda, réponse au téléphone, etc.), du blog du député, de la veille législative, des affaires locales du parlementaire...
On cherche le gendre parfait : autonome, réactif, disponible, très gros bosseur, organisé, qui sait écrire et qui se passionnera pour les affaires politiques et publiques. Bref, un mec bien.
Bon, par contre, ce travail à plein temps est seulement... "défrayé". Même pas sous-payé, juste "défrayé" [NDLR : les stages conventionnés avec Sciences Po sont cependant au moins rémunérés au minimum légal (417€)]. Donneur de leçons, Pierre Moscovici avait pourtant insisté il y a peu en demandant à ce que soit rétablie une hiérarchie saine des salaires qui limiterait l'écart entre le plus gros et le plus faible salaire dans une même organisation. En sachant que Pierre Moscovici touche une retraite en tant qu'ancien Ministre, une indemnité élevée (nette d'impôt) en tant que député, un salaire en tant que prof à Sciences Po et probablement un petit chèque mensuel en tant que Président de la communauté d'agglomération du pays de Montbéliard, et qu'il gagne, à la louche, plus de 10 000 euros par mois, on ne peut pas dire qu'il s'applique ce qu'il réclame aux autres.
Pour mémoire, dans son programme publié au printemps dernier, le Parti socialiste prévoyait notamment d'encadrer le recours abusif aux stages dans les entreprises. Ce qui lui avait d'ailleurs valu de se faire moquer par Valérie Pécresse, alors ministre de l'Enseignement supérieur, qui avait souligné que le gouvernement avait déjà mis en oeuvre la mesure et qu'il est déjà "procédé à un encadrement des stages pour éviter les abus en mettant en œuvre la rémunération obligatoire des stages à partir de deux mois et en interdisant par décret les stages hors cursus".
Pour sa part le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) défend quant à lui l'interdiction de "tous les stages qui ne sont pas nécessaire à l’obtention d’un diplôme pour mettre fin au travail gratuit de près d’un million d’étudiants". Ce stage devenu, "le symbole de la précarité qui frappe les jeunes et de l’absence de confiance de la société en sa jeunesse. Ce sont ainsi des dizaines de milliers de jeunes qui sont condamnés à accepter ce statut précaire, véritable sas de pré-emploi. En jouant sur la peur du chômage, la droite a laissé faire un moins-disant social avec les stages".
Elle est belle la sociale-démocratie socialiste... Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais. En espérant que François Hollande entendra vraiment le cri de la jeunesse, peu respectée par ce genre de pratiques désobligeantes malgré les années d'études et d'efforts qui correspondent à ce que recherchent certains employeurs peu scrupuleux... ou contraints par la réalité économique.
A moins que Pierre Moscovici - dont il se dit dans les couloirs du PS que son poste de Directeur de campagne est en train de perdre de sa substance au profit de Manuel Valls - ne soit en fait en train de viser un poste de ministre de l'Enseignement supérieur d'ouverture dans un gouvernement de Nicolas Sarkozy ?
POSONS L'EQUATION SUIVANTE : QUELLE EST, EN FONCTION D'UNE CONNUE NOMMÉE COMPÉTENCE, LA PROBABILITÉ D'INTELLIGENCE DE CES DEUX CRÉTINS ?
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire