Après Nicolas Sarkozy en début de semaine, c'est au tour du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé d'envisager la dégradation de la signature française qui permet à Paris d'emprunter à des taux avantageux sur les marchés financiers.
"Ce ne serait pas une bonne nouvelle, bien sûr, mais ce ne serait pas non plus un cataclysme", dit Alain Juppé dans un entretien publié sur le site des Echos (www.lesechos.fr).
"Ce n'est pas en cassant le thermomètre qu'on fait retomber la fièvre", ajoute-t-il avant de critiquer la subjectivité des agences de notation.
"Elles sont parfois dans l'appréciation subjective et politique. Sans doute faut-il aussi leur accorder moins d'importance dans le débat politique", estime-t-il.
L'agence Standard & Poor's a placé sous surveillance négative les pays de la zone euro et envisage d'abaisser de deux crans le AAA de la France. Moody's menace de faire de même et les valeurs bancaires réagissent mal à cette éventualité.
Si la France perdait son triple A, "nous affronterions cette situation avec sang-froid et calme", déclarait Nicolas Sarkozy lundi dans Le Monde. A ses yeux, "ce serait une difficulté de plus mais pas insurmontable".
Le mois dernier, l'ancien conseiller du président socialiste François Mitterrand et ex-président de la Banque européenne de Développement (BERD) Jacques Attali, avait estimé que la France avait déjà perdu de facto sa note triple A compte tenu du grand écart entre les taux d'emprunt d'Etat consentis à la France et ceux, plus favorables, accordés à l'Allemagne.
Des propos alors jugés "irresponsables" par Valérie Pécresse.
UN "AVEU D'ÉCHEC" ?
La ministre du Budget a assuré mercredi que la France restait une "valeur sûre".
"Nous ne spéculons ni dans un sens ni dans l'autre sur les décisions qui seront prises par les agences" de notation, a-t-elle assuré lors du compte rendu du conseil des ministres. "Nous ne changerons pas de cap".
L'opposition socialiste, qui espère arriver au pouvoir lors de l'élection présidentielle du printemps 2012, voit dans une possible dégradation un "terrible aveu d'échec" du gouvernement.
"Si malheureusement la France est dégradée, ça veut dire que M. Sarkozy sera le président de la République qui aura laissé dégrader la France", a déclaré l'ancien ministre socialiste Laurent Fabius. "Donc c'est un bilan cataclysmique : un million de chômeurs en plus, 500 milliards de dettes en plus".
"Si on perd le triple A, ce qu'il nous restera c'est le double "I", c'est-à-dire à la fois l'inefficacité et l'injustice", a-t-il ajouté lors de l'émission "Questions d'Info" LCP/France Info/Le Monde/AFP.
Des critiques balayées par Alain Juppé.
"Si l'opposition arrivait au pouvoir, le risque de dégradation serait maximal", dit le chef de la diplomatie française, qui accuse François Hollande "d'hésiter et d'entretenir le flou le plus total sur ses propositions".
Le candidat PS a fait de la réduction de la dette une priorité et posé un objectif "zéro déficit" pour 2017.
Au chapitre européen, Alain Juppé juge "solide" l'accord conclu vendredi à Bruxelles sur un renforcement de la gouvernance et de la discipline budgétaire dans la zone euro - accord auquel les autres pays de l'Union à l'exception du Royaume-Uni se sont joints.
Le ministre critique l'idée de François Hollande de renégocier ce texte s'il arrive au pouvoir.
"Tout cela n'est pas très sérieux", dit-il. "Les déclarations de François Hollande nous fragilisent. Il y a des moments dans la vie des peuples où il faut faire prévaloir les intérêts collectifs sur les stratégies de campagne".
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