Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, estime indispensable qu'un étranger souhaitant s'impliquer dans la vie de la cité demande sa naturalisation.
Claude GUÉANT. - Le droit de vote est un acte fondamental de notre citoyenneté et, depuis des siècles, la citoyenneté va avec la nationalité. Il est fort regrettable que certains s'en servent à des seules fins politiciennes. Le PS agite cette carte comme un épouvantail avant chaque élection. On peut s'interroger sur les motivations réelles des socialistes. Espèrent-ils que cela fera monter le vote du Front national et affaiblira la droite républicaine ?
Je vous rappelle que ce projet avait été lancé en 1981, puis François Mitterrand l'avait enterré. En 2000, une proposition de loi avait été votée à l'Assemblée nationale, mais pas au Sénat. Mais ce texte est aussi le symbole du programme de la gauche en matière d'immigration, qui prévoit une régularisation massive des étrangers en situation irrégulière. Derrière tout cela, se cache la véritable stratégie électoraliste de la gauche, qu'on peut lire dans les écrits du think-tank Terra Nova : tourner le dos aux ouvriers et aux classes populaires, au profit des immigrés à qui on donnerait le droit de vote parce que ces derniers voteraient très majoritairement pour le PS. Quel cynisme !
Pourtant, Nicolas Sarkozy s'était montré ouvert sur le sujet en 2005…
En 2005, Nicolas Sarkozy avait effectivement évoqué, à titre personnel, cette possibilité. Mais ne comparons pas l'incomparable ! Le président de la République avait précisé qu'une telle réforme ne pouvait se faire que sous des conditions très strictes, notamment sous réserve d'un principe de réciprocité avec les pays d'origine et d'une longue durée de résidence. Nicolas Sarkozy est aujourd'hui à la tête de l'État. Il a en charge l'avenir de notre pays. Il a raison de rejeter tout ce qui pousse à la division, alors que dans la période difficile que nous connaissons, il y a tellement d'autres sujets qui réclament le rassemblement de nos concitoyens. À commencer par la règle d'or de retour à l'équilibre des finances publiques.
Jean-Pierre Raffarin redoute que la droite ne fasse des immigrés des «adversaires globaux». Qu'en pensez-vous ?
En ce qui me concerne, je souscris sans réserve à ce qu'il a dit. Il n'est pas question de stigmatiser les étrangers. Mon action au ministère de l'Intérieur vise d'ailleurs à renforcer l'intégration des immigrés et, ainsi, à veiller à ce que les relations entre la société française et les personnes étrangères soient apaisées. Ce qui n'est pas, admettons-le, toujours le cas.
Les Humanistes de l'UMP sont favorables à un grand débat sur cette question comme sur l'homoparentalité et le mariage homosexuel…
L'UMP est diverse et le débat est toujours souhaitable dans la société. Il est inutile, en ce moment, d'être provocateur. Ce n'est pas la meilleure façon de rassembler notre famille politique à la veille de ces échéances essentielles que sont la présidentielle et les législatives.
Quels risques y aurait-il à accorder le droit de vote aux étrangers ?
Je sais bien que cette proposition sénatoriale ne permet pas à des étrangers de devenir maire. Toutefois, elle leur ouvre les portes des conseils municipaux. On est en droit de s'interroger sur les conséquences possibles d'une telle réforme. Il faut prendre garde au risque de communautarisme et à l'atteinte aux valeurs républicaines, notamment la laïcité. Je vous rappelle, en effet, qu'un conseil municipal organise les services publics locaux, comme la cantine ou les piscines. Le droit de vote ne doit pas devenir un moyen de revendiquer un droit à la différence ou d'imposer des pratiques contraires à nos principes républicains. Autre incohérence majeure, la proposition de loi de la gauche donne aux étrangers qui ne sont pas citoyens de l'Union européenne des droits supérieurs à ceux que nous accordons à nos concitoyens européens. Je rappelle que ces derniers votent dans notre pays uniquement parce que les Français participent aussi à la vie politique locale des autres pays européens.
Si une personne étrangère souhaite voter et s'impliquer dans la vie de la cité, elle peut demander sa naturalisation. On ne peut découper la citoyenneté en tranches. Notre pays n'a jamais refusé l'acquisition de la nationalité française pour peu que les critères, que j'ai rendus plus exigeants sans être insurmontables, soient respectés: maîtrise de la langue et adhésion à nos valeurs, comme la laïcité et le respect de l'égalité entre l'homme et la femme.
Les Français semblent pourtant favorables au droit de vote des étrangers…
Les sondages sont contradictoires. Et ce ne sont pas les sondages qui gouvernent.
Les derniers sondages voient remonter les intentions de vote en faveur du chef de l'État. La confiance est-elle de retour à droite ?
J'ai toujours eu confiance. Nicolas Sarkozy est le plus apte à inspirer confiance aux Français.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire