mardi 13 décembre 2011
La vraie « règle d’or »
Après les annonces faites vendredi à Bruxelles, voilà venu le temps des justifications, analyses et critiques. En France, où le président de la République vient de s’exprimer dans Le Monde. En Grande-Bretagne, où David Cameron joue la carte du populisme eurosceptique pour tenter d’expliquer sa position de refus au sommet européen... alors que les milieux d’affaires redoutent un isolement du Royaume-Uni. Mais l’Allemagne, pourtant présentée comme la cheville ouvrière de l’accord à 26, s’interroge aussi. La Bundesbank émet des réserves sur les mécanismes envisagés, le Bundestag veut vérifier constitutionnellement les décisions arrêtées.
Et après Standard and Poor’s, l’agence Moody’s vient à son tour de doucher les enthousiasmes : les Européens peuvent et doivent mieux faire, affirmer une volonté politique qui va au-delà d’une union budgétaire et s’attaquer immédiatement à la crise, via des eurobonds et d’autres pouvoirs accordés à la Banque de Francfort. Les conséquences de ces avertissements ne semblent déjà plus faire de doute : une dégradation des notes souveraines de plusieurs pays dont la France et peut-être l’Allemagne passe pour acquise, du moins par les marchés. Déjà, ici et là, on s’évertue à dédramatiser l’éventuelle perte du triple A en citant en exemple les États-Unis en exemple, peu touchés par leur dégradation. En oubliant que le dollar est une monnaie de réserve mondiale, autrement plus « politique » que l’euro.
Certes, s’interroger sur les mécanismes à mettre en œuvre pour sortir de la crise est légitime. Mais pas les propos à l’emporte-pièce, qu’ils soient lancés pour s’enthousiasmer sur les résultats de Bruxelles ou pour les dénigrer. Qualifier l’accord à 26 d’« étape décisive » (Nicolas Sarkozy) en insistant sur le futur « Fonds monétaire européen » (le Mécanisme européen de solidarité, MES) peut faire comprendre à la Finance internationale que les efforts de l’Europe s’arrêteront là. Que François Hollande annonce que tout sera renégocié s’il est élu président provoque forcément l’inquiétude des marchés en augmentant encore la peur devant l’instabilité en Europe, donc la méfiance envers la zone euro.
Mieux vaudrait immédiatement appliquer une vraie « règle d’or » : celle qui impose un silence prudent dans un contexte périlleux où la moindre rumeur mène à n’importe quoi. À moins, bien sûr, d’être en mesure de proposer la solution miracle unanimement acceptée par tous les détenteurs de la monnaie unique. Mais cela se saurait...
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