TOUT EST DIT

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samedi 19 novembre 2011

L'Europe pour la prospérité

« Ce n'est pas seulement l'Union européenne qui est en péril, mais aussi la civilisation dont elle est porteuse », écrivait le philosophe Yves-Charles Zarka dans Le Monde de vendredi dernier. C'est dire la gravité des heures que nous vivons actuellement.

Ces paroles faisaient écho à ce qu'avait déclaré Madame Merkel au congrès de son parti, la CDU : « L'Europe vit peut-être ses heures les plus difficiles depuis 1945... Il faut parfaire la structure de l'Union européenne. Cela signifie : non pas moins d'Europe, mais plus d'Europe ». De son côté, le président de la République française, à l'issue des cérémonies du 11 Novembre, répondait à une question sur le même sujet : « Oui, je suis inquiet pour l'Europe. »

C'est donc d'une remise en question générale qu'il s'agit. Apparaissent les faiblesses, les défauts, les contradictions qui fragilisent cette construction européenne pourtant jugée indispensable. En effet, aucun de ses membres ne peut désormais envisager de faire cavalier seul dans un monde qui a tellement changé et qui évolue si vite.

Dans les années 1950, la population mondiale s'élevait à quelque 2,5 milliards. Aujourd'hui, nous en sommes à 7 milliards, presque trois fois plus. Quand la communauté européenne a été créée, les Européens représentaient 20 % de la population mondiale, aujourd'hui à peine 7 %. C'est cela et beaucoup d'autres choses encore qui poussent la Chancelière allemande à affirmer avec force : « L'engagement européen n'est pas seulement un choix, mais un devoir... Le génération actuelle est confrontée à une mise à l'épreuve historique... Il s'agit de montrer que l'Europe peut prendre le tournant. Le devoir de notre génération est de compléter l'union économique et monétaire et de construire une union politique en Europe, étape par étape. » Quant à Nicolas Sarkozy, il estime que l'Europe est « un héritage que nous n'avons pas le droit de dilapider... L'Europe est un acquis que l'on doit défendre... Je défendrai cette Europe de toutes mes forces. Il n'y a pas d'autre choix ! »

Par-delà les rivalités électorales

En ce qui concerne la France et l'Allemagne, il y a deux solutions, rappelait M. Sarkozy, « la convergence et la paix, ou la divergence et le risque d'affrontement ». Il est donc urgent que les deux pays s'accordent le plus possible, le plus vite possible. Madame Merkel a fait des avances et des propositions concrètes : interdiction et contrôle des déficits publics, élection au suffrage universel du président de la Commission. « Entre discipline à l'allemande et solidarité française, un accord pourrait se dessiner », écrit Éric Leboucher (1).

Mais par-delà les si graves problèmes financiers actuels, par-delà les réformes de structures indispensables, il est urgent de trouver le moyen de mobiliser les peuples de l'Europe pour que ceux-ci se sentent davantage concernés. Le déficit démocratique en ce domaine pourrait entraîner une désaffection, une sorte d'indifférence qui, à terme, pourrait vider l'Europe de sa substance. Celle-ci est apparue trop technocratique, pas assez humaniste, ce qu'elle est pourtant dans sa nature profonde.

Malheureusement, « le projet européen a été le plus souvent conduit loin des peuples », écrit Jean-Marie Guéhenno, ancien Secrétaire général adjoint des Nations Unies (2). Il poursuit : « L'argumentaire européen a été défensif... L'Europe doit être un projet positif. La gravité même de la crise économique est une opportunité. » Et Jean-Marie Guéhenno précise que la solidarité européenne est devenue une nécessité économique « car aucune nation, si prospère soit-elle, ne se sauvera toute seule ».

On dit souvent que l'Europe progresse à travers les crises et les difficultés. Cette fois-ci, la marche à franchir paraît plus haute que jamais. Raison de plus pour prendre un grand élan : il ne s'agit pas seulement « de boucher les trous de la gestion passée mais de construire la prospérité et les emplois de demain » (2).

Voilà ce qui devrait provoquer le sursaut, le rassemblement et l'effort de tous, par-delà même les rivalités électorales. « En France, on aimerait entendre de la gauche des propositions plutôt que de sempiternelles critiques faciles. On aimerait que le PS travaille avec son homologue SPD. On aimerait que l'UMP réponde à la CDU. Pour la France, c'est le moment, comme l'y invite Madame Merkel, de retrouver le sens de l'Histoire » (1).

(1) Les Échos, 18 novembre 2011

(2) Le Monde, 18 novembre 2011

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