Trois autres membres de l’exécutif l’ont imité ainsi que deux députées de la majorité, hypothéquant plus encore les chances de survie politique de Georges Papandréou. Ce dernier avait décidé, lundi 31 octobre, de solliciter un vote de confiance au Parlement grec pour vendredi 4 novembre. Le gouvernement ne semblait plus, le 3 novembre, disposer de majorité parmi les 300 députés de la chambre.
L’effet de surprise créé par l’initiative d’un référendum semble s’être retourné contre son auteur. Georges Papandréou, qui espérait en tirer une nouvelle légitimité et, en contrepartie d’un « oui », une moindre mise sous tutelle de son pays par l’Union européenne, s’est au contraire retrouvé affaibli.
Lutte de pouvoir avec Evangelos Venizélos
Sous leur pression, Georges Papandréou avait en outre concédé que le référendum ne porterait plus sur le plan de sauvetage du pays conclu le 27 octobre à Bruxelles mais sur le maintien ou non du pays dans la zone euro. Autrement dit, dans l’Union européenne.
« L’entrée de la Grèce dans l’euro est une conquête historique du peuple grec qui ne peut pas être mise en question. Ceci ne peut pas dépendre d’un référendum », a aussitôt réagi Evangelos Venizélos jeudi 3 novembre, dans un communiqué, pour justifier son retournement. « Dans ces conditions, un référendum est exactement ce dont le pays n’a pas besoin », a confirmé le même jour un responsable du ministère grec des finances à l’agence Reuters.
« Alors que, deux jours auparavant, il défendait l’initiative de Papandréou, Venizélos a vu là l’opportunité de prendre le pouvoir et d’enterrer l’idée du référendum », analyse une politologue grecque à Athènes. La crise a réveillé une féroce compétition au sein du parti socialiste grec. L’influent Evangelos Venizélos, promu au gouvernement seulement depuis juin dernier, avait échoué à prendre la tête du Pasok en 2007. Il avait alors perdu face à Georges Papandréou et il espère tenir sa revanche. « Il cherche à le contraindre à la démission », observe un journaliste étranger sur place.
Éviter des élections anticipées
Encore à la tête de son parti le 3 novembre, le premier ministre a réagi à cette fronde en prenant le risque d’organiser une sorte de référendum interne à sa formation politique : il a convoqué le 3 novembre dans l’après-midi son groupe parlementaire, après un conseil des ministres de crise. Il a alors affirmé être prêt à retirer son projet de référendum.Faute de la confiance de son propre parti, l’hypothèse d’une démission de Georges Papandréou circulait largement à Athènes. Son remplacement par Evangelos Venizélos était évoqué comme moyen d’éviter au Pasok des élections législatives anticipées et de poursuivre le mandat de l’exécutif pour les deux années qui lui restent. La Constitution hellénique n’oblige pas la tenue de nouvelles législatives en cas de démission du premier ministre, si une nouvelle majorité gouvernementale est trouvée dans les neuf jours.
D’où l’émergence, le 3 novembre, d’un autre scénario, caressé par les proches de Georges Papandréou : celui d’un gouvernement d’union nationale avec les partis d’opposition, qui l’avaient jusqu’ici refusé. De fait, le premier ministre grec peut compter sur quelques soutiens déclarés en dehors de son propre parti.
Vers un gouvernement multipartite de transition
À l’issue du conseil des ministres de crise, Georges Papandréou devait s’entretenir le 3 novembre dans l’après-midi avec le président de la République hellénique, Karolos Papoulias. Le chef du gouvernement était favorable à une coalition. Celle-ci était susceptible d’être dirigée par l’ancien gouverneur de la Banque centrale grecque et ancien vice-président de la Banque centrale européenne, Lucas Papademos, qui, ironie de l’Histoire, fut l’artisan de l’entrée dans la zone euro de son pays.Le chef du parti d’opposition de droite grec, Antonis Samaras, s’est aussi déclaré ouvert, à la formation d’un « gouvernement temporaire de transition », dont l’unique tâche serait d’appliquer le plan de sauvetage du pays.
« L 'enjeu pour la Grèce est de ‘mettre en oeuvre’ le plan anti-crise européen du 27 octobre, au risque sinon d'une ‘sortie de l'euro’ », a déclaré le premier ministre grec qui a jugé « catastrophique » la tenue d'éventuelles élections anticipées en Grèce. « Un rejet (du plan) via un non à un référendum, la tenue d'élections ou une absence de majorité en faveur du plan signifie la sortie de l'euro », a-t-il mis en garde, devant son groupe parlementaire, au terme d'une épique journée de crise politique majeure en Grèce. Et d’ajouter qu’il allait entamé des discussions avec l’opposition de droite pour la formation d’un gouvernement de transition.
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