Le nom du futur premier ministre grec n'était pas encore connu, mardi 8 novembre au matin. Les discussions "positives", selon le porte-parole du gouvernement, entre le Pasok socialiste et la Nouvelle Démocratie conservatrice, les deux partis qui s'apprêtent à former un gouvernement d'union nationale, étaient toujours en cours. Elles auraient dû s'achever la veille. Le gouvernement administrera ainsi le pays jusqu'aux élections anticipées, annoncées pour le 19 février.
Il s'agit pour le premier ministre, Georges Papandréou, et le leader de la Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, de prendre la bonne décision. Mais aussi d'accorder leurs violons en dépit des querelles partisanes. Car, dans ce pays "fortement bipolarisé, un gouvernement de coalition parrainé par les socialistes du Pasok et les conservateurs de la Nouvelle Démocratie est un événement historique", rappelle Libération. "Certes en 1989, le pays avait été dirigé par un gouvernement d'union nationale entre deux élections. 'Mais à l'époque, c'était un gouvernement sans agenda précis, alors que cette fois-ci la nouvelle équipe devra prendre des mesures importantes', souligne le journaliste Dimitri Tsiodras, rappelant que "le gouvernement de 1989 avait laissé un très mauvais souvenir pour avoir négocié la moindre décision entre des partis, obsédés par les élections'", poursuit le quotidien.En dépit du retard pris, un nom circule toujours. Celui de Lucas Papadémos. Cet ancien vice-président de la Banque centrale européenne (BCE) et conseiller de Georges Papandréou, a été le premier homme que la Nouvelle Démocratie a avancé pour prendre la tête d'un gouvernement technique transitoire. "En qualité de gouverneur de la Banque centrale de Grèce, Lucas Papadémos a été le principal artisan du passage de la drachme à l'euro. Mais, dans la nuit [lundi 7 novembre], ses chances d'être nommé premier ministre se sont réduites en raison des conditions qu'il aurait posées, notamment celle d'une durée du nouvel exécutif plus longue que celle voulue par la Nouvelle Démocratie," expliquent Les Echos.
Beaucoup d'observateurs locaux et internationaux attendent sa nomination, jugée par The Guardian comme un choix qui sera "largement salué" à Athènes, capitale d'un pays "non seulement accablé par sa dette mais aussi proche du défaut de paiement."
PATATE CHAUDE
Si M. Papadémos veut négocier, c'est qu'il aura la délicate mission de mettre en œuvre l'accord – impopulaire – signé à Bruxelles le 26 octobre qui conditionne le sauvetage du pays. Et ce en très peu de temps (trois mois). Cette tâche effraie à gauche, mais surtout à droite. Rejoindre une équipe accèdant aux responsabilités en plein marasme économique n'a effectivement rien d'enthousiasmant. "Cette perspective peu réjouissante explique le peu d'empressement des membres de la Nouvelle Démocratie à devenir ministres, après avoir combattu avec acharnement le gouvernement Papandréou, analyse Libération, qui interroge un proche du parti conservateur :"La patate chaude est en train de passer des socialistes aux conservateurs. Antonis Samaras va se faire flinguer par une partie de ses troupes qui refusent toute collaboration avec les socialistes. Et face au peuple grec, il va devoir expliquer comment, après avoir refusé de voter la rigueur pendant deux ans, il accepte désormais ce qu'il dénonçait hier".
Quoi qu'il en soit, Georges Papandréou a réaffirmé qu'il allait proposer au président de la République la création "d'un gouvernement de consensus", mardi. Le Washington Post met en garde les futurs dirigeants du pays :"Le mariage forcé entre les deux principaux partis pourrait permettre de produire un soutien ferme à des réformes impopulaires, mais leur querelle pourrait aussi amputer leur capacité à agir vite si la situation le nécessite".
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire