Désormais à Athènes, le fisc s'intéresse au moindre geste : de l'ouzo pris en terrasse au paquet de cigarettes acheté à l'épicerie. Reportage de notre envoyée spéciale à Athènes.
Certes l'ex-gouvernement socialiste de Georges Papandréou, sous la pression des bailleurs de fonds, a essayé d'engager une offensive censée lutter contre la fraude fiscale, restée impunie des décennies. Mais surtout il a mis en place tout un système de dénonciation, voire de délation pourraient-dire certains, au sein même des citoyens.
Serge, 59 ans, employé dans une multinationale de transport en Grèce depuis 30 ans, rit déjà avant de montrer une carte blanche où est indiqué un numéro, "une sorte de matricule" individuel. Comme les services concernés lui ont enjoint à faire, il est allé chercher, il y a quelques semaines, sa carte à la banque nationale grecque. Appelé "bon de caisse", elle lui permet d'enregistrer auprès des commerçants tous les achats qu'il effectue au quotidien.
Il suffira ensuite au Trésor public de comparer ce que le commerçant a déclaré à ce que Serge a acheté et déceler ainsi les éventuelles irrégularités. En échange, la population grecque reçoit un petit pourcentage de compensation sur l'impôt pour l'effort fourni.
Simplifier la dénonciation
"Le système a été mis en place il y a quelques mois. Mais il n'y avait pas de carte. Je devais demander et garder toutes les factures à la maison au moins pendant cinq ans. J'en avais des petites, des grandes, des carrés, des rectangulaires par centaines qui s'amassaient ! Cela devenait franchement ingérable", explique Serge. Ce procédé à carte a alors été créé pour simplifier les choses et devrait être mis en service le 1er janvier. Charge ensuite à Serge de faire son "devoir de citoyen" et demander à son commerçant, même le plus intime, un reçu…
Hausse de la dénonciation
En août 2011, le quotidien libéral "Kathimérini", révélait que les signalements par téléphone et courrier électronique, de fraudeurs présumés (souvent des commerçants, des médecins, des avocats et d'autres professions libérales) auprès de la police financière en 2010 avaient été multipliés par quatre. La brigade anti-fraude, Sdoe, a reçu 18.500 signalements en 2010 contre 4.500 l’année précédente. Au premier semestre 2011, 7.500 dénonciations ont déjà été enregistrés.
Prise de conscience dans un pays où la fraude généralisée a entamé les finances publiques ou montée des aigreurs dans une société touchée par les plans d'austérité successifs ? "C'est un système qui est voué à l'échec", estime Serge. "Comment assurer le contrôle total d'une telle masse de données ? Et puis je suis allé voir deux grands chaînes de distribution pour savoir si elles étaient au courant de la mise en place de nouveau procédé électronique et elle m'ont répondu : non."
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