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jeudi 24 novembre 2011

Crise de la dette : Paris et Berlin cherchent la parade

Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et l'Italien Mario Monti se retrouvent pour un minisommet à Strasbourg, sur fond de crise politique et institutionnelle de l'Europe. 

Après avoir tourné la page Berlusconi, l'Italie retrouve sa place à la table des grands. Mario Monti, le nouveau chef du gouvernement, se joindra aujourd'hui à Nicolas Sarkozy et à Angela Merkel pour un rendez-vous presque inopiné, mais nécessaire: la crise financière ne marque aucun répit et la contagion menace de gagner toute la zone euro.
Le sommet de Strasbourg, avec trois dirigeants qui «pèsent» à eux seuls 70% de l'euro, survient à un moment clé. Malgré les plans d'aide ou les changements de gouvernement dans les pays les plus fragiles -Espagne, Grèce, Portugal, Irlande et Italie-, le malaise européen persiste, preuve qu'il ne se résume pas à l'addition de problèmes nationaux. L'urgence n'est plus seulement de circonscrire le foyer grec, ou même de dresser un «pare-feu» pour stopper l'incendie aux abords de la Méditerranée. L'Europe fait maintenant face à une crise politique et institutionnelle et doit trouver un remède à la dimension de l'enjeu.
Le sommet tripartite n'a pas d'ordre du jour précis, mais chacun des trois dirigeants arrive à Strasbourg armé d'un plan de bataille européen. Pour la France, dont la note AAA est menacée à cinq mois de l'élection présidentielle, l'urgence est de stopper la contagion et de s'en donner les moyens. Le fonds européen de stabilité financière (FESF) peinant à se mettre en place, Paris plaide pour un recours -ou au moins la menace d'un recours- à des interventions massives de la Banque centrale européenne afin de casser la spéculation.

Opposition frontale, sans étincelles publiques 

Nicolas Sarkozy ne s'est pas encore publiquement prononcé pour la mobilisation des ressources en principe illimitées de la BCE, transformée en prêteur de dernier ressort. Mais ses lieutenants l'ont fait pour lui. C'est la seule dissuasion crédible et «la meilleure réponse pour éviter la contagion à l'Espagne ou à l'Italie», assure le ministre des Finances, François Baroin.
Avec Angela Merkel l'opposition s'annonce frontale, bien qu'une rencontre franco-allemande donne rarement lieu à des étincelles en public. Pour la chancelière, demander à la BCE de racheter des emprunts publics reviendrait à déshabiller Pierre pour rhabiller Paul: «au bout d'un moment, on se rendra compte que ce qui est dans le bilan de la BCE doit être recapitalisé et on se retournera encore vers les États», explique-t-elle.
Nul doute que Berlin attend pour dévoiler son jeu. L'Allemagne n'aurait rien à gagner d'une fracture de l'union monétaire et du marché unique dont elle a su tirer le meilleur profit. «Elle bougera dès qu'elle aura confiance dans la capacité des pays de l'euro à mieux gérer leurs comptes», murmure-t-on à Bruxelles. La coalition au pouvoir a fixé son prix: une discipline de fer à l'échelle de l'UE et une intégration politique plus poussée.
La tension à propos de la BCE pourrait investir Mario Monti du rôle de conciliateur. Deux fois commissaire européen, cet expert de la mécanique communautaire s'est défié du «directoire» franco-allemand lorsqu'il était à Bruxelles, jusqu'à ce qu'il rejoigne le Palazzo Chigi. L'Italien est aussi en pointe sur un dossier qui agace Nicolas Sarkozy et surtout Angela Merkel: le lancement d'euro-obligations afin de financer les déficits de la zone euro. En clair, une mutualisation du risque à l'échelle des Dix-Sept.
C'est précisément le projet que la Commission européenne a choisi de pousser à la veille du sommet de Strasbourg. Il s'accompagnerait d'un droit de regard quasi inquisitorial de Bruxelles dans les débats budgétaires nationaux. À défaut, «il sera difficile, sinon impossible de maintenir la monnaie commune», assure le président de la Commission, José Manuel Barroso.

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