Les cafouillages de l'opposition donnent de l'espoir à la majorité dans la course à la présidentielle.
"Nicolas Sarkozy ne peut pas gagner, mais la gauche peut perdre" : cette phrase, prononcée par Alain Minc il y a déjà quelques mois, illustre bien la situation actuelle.François Hollande, qui, à l'issue de la primaire socialiste, paraissait déjà élu président, a laissé retomber le soufflé avec fracas, dans la douleur et la confusion. En une séquence calamiteuse qui va du référendum grec où le champion rose a paru hésiter, jusqu'au gigantesque cafouillage de la négociation avec les écologistes, en passant par sa petite phrase maladroite sur la note de triple A que les marchés auraient déjà ôtée à la France, l'apparition en Corrèze quand Sarkozy plastronne avec Obama, la flèche de Mélenchon qui le traite de capitaine de "pédalo" et Eva Joly à qui il faut arracher l'engagement de voter pour lui au second tour, sans compter les interrogations sur la localisation du siège de campagne...
Comme entrée dans l'atmosphère post-primaire, ce n'est pas brillant. Tout n'est pas de la faute du candidat socialiste, mais il s'est montré incapable de donner une impression de maîtrise des évènements. Il semble ballotté, par les siens (au PS, tout le monde n'est pas au garde-à-vous), par ses alliés et, bien évidemment, par la droite. Elle aurait tort de se gêner. Pour l'instant ses attaques restent sans riposte. Tout y passe : l'incapacité de Hollande à mener le pays dans la tempête, vu ses piètres performances avec son propre camp ; son irresponsabilité en s'engageant à travailler avec des Verts qui veulent la ruine du pays ; sa quasi-traîtrise lorsqu'il joue contre son pays avec ses propos sur le triple A...
"Terra incognita"
La droite savoure, tout en sachant que tout cela peut n'être qu'une phase de rodage. François Hollande a du temps devant lui et des munitions à revendre. Pour l'instant, il joue low-profile pour ne pas s'user. Ses sondages, même en baisse, restent très flatteurs, et le rejet de Sarkozy très fort. Le président, qui a incontestablement redressé la barre ces dernières semaines, va se trouver confronté à une crise qui semble vouée à aller en empirant. Les Français auront-ils le réflexe de leurs voisins européens, qui ont tous choisi de sortir leurs sortants ? Ou feront-ils mentir la logique politique classique en renouvelant leur confiance à celui qui est à la tête d'un pays en faillite, comme dirait François Fillon ?Les politologues ne jurent de rien, même s'ils penchent pour la première branche de l'alternative. La crise va être telle que l'on entre, selon un grand banquier, dans une "terra incognita". Elle l'est tout autant pour les prédicteurs que pour les... candidats.
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