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dimanche 27 novembre 2011

Affaire DSK-Diallo : la thèse du complot resurgit

Une enquête du New York Review of Books révèle de nouvelles zones d'ombres sur la journée du 14 mai où a éclaté l'affaire Diallo. Le BlackBerry de l'ex-chef du FMI aurait notamment pu avoir été piraté. Un de ses courriels aurait été lu à l'UMP.

Dans une enquête de trois pages publiée dans le magazine New York Review of Books, le journaliste Edward Jay Epstein retrace minute par minute la journée du 14 mai 2011 où a éclaté l'affaire Nafissatou Diallo et qui a abouti à l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn pour «agression sexuelle» à l'aéroport JFK de New York. Son investigation révèle plusieurs zones d'ombre, qui pour les avocats américains de DSK relancent la théorie du complot. «Nous ne pouvons désormais plus exclure que Dominique Strauss-Kahn ait été la cible d'une entreprise délibérée visant à le détruire politiquement», s'est ainsi ému Me William Taylor qui demande à Accor «d'apporter des explications complètes».

•Le BlackBerry de DSK a-t-il été piraté ?

Edward Jay Epstein affirme qu'un des téléphones portables de Dominique Strauss-Kahn aurait pu être piraté. Surnommé «le BlackBerry FMI», DSK se servait de cet appareil pour des communications privées et professionnelles. Il a été égaré le jour de l'arrestation de DSK et n'a jamais été retrouvé.
Tout commence dans la matinée du 14 mai 2011. D'après «plusieurs sources proches de DSK», une «amie» travaillant temporairement comme documentaliste au siège de l'UMP à Paris prévient par SMS DSK qu'un courriel envoyé à son épouse Anne Sinclair a été lu dans les bureaux du parti présidentiel. Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a démenti l'information et réfléchirait à d'éventuelles poursuites judiciaires pour diffusion de fausses nouvelles.
«On ignore comment l'UMP a bien pu recevoir cet e-mail, mais s'il venait de son BlackBerry du FMI, DSK avait des raisons de penser qu'il était peut-être sous surveillance électronique à New York», écrit Edward Jay Epstein. DSK serait d'autant plus inquiet assure le journaliste que quelque temps auparavant, un ami diplomate lui aurait révélé qu'on essaierait de le «gêner avec un scandale». C'est dans ce contexte qu'intervient à 10h07 le coup de fil de DSK à Anne Sinclair (plusieurs fois évoqué dans la presse) dans lequel il lui dit «avoir un gros problème». Des proches de DSK ont confirmé à l'AFP que cette conversation de six minutes faisait référence au téléphone dont DSK pensait qu'il avait «été piraté». L'ancien directeur du FMI aurait demandé à son épouse de contacter son ami Stephane Fouks, coprésident d'Euro RSCG. DSK voulait que le communiquant fasse examiner par un expert le BlackBerry et son Ipad pour détecter toute trace suspecte. Mais l'appareil ne pourra pas être analysé.
A 12h13, sept minutes après l'entrée de Nafissatou Diallo dans sa suite, DSK appelle sa fille Camille avec ce BlackBerry pour lui dire qu'il sera en retard à leur déjeuner. Le repas terminé, DSK prend la route de l'aéroport et constate qu'il a égaré le «BlackBerry FMI» (sur lequel se trouvait le texto de son amie documentaliste à l'UMP). A 14h16, il demande à sa fille de vérifier s'il ne l'a pas oublié au restaurant. Mais Camille ne le retrouve pas. Ni la police ni les détectives privés ne remettront la main dessus. Cependant, selon Edward Jay Epstein, le BlackBerry a été déconnecté et son GPS désactivé à 12h51. «Si on excepte la possibilité d'un accident, pour qu'un téléphone soit mis hors service de cette façon, il faut une connaissance technique du fonctionnement du BlackBerry», note le journaliste d'investigation. Les relevés électroniques, en possession des enquêteurs, suggèrent que l'appareil était encore au Sofitel au moment de sa désactivation.
» DSK : Jean François Copé dénonce «une grosse ficelle»

• Pourquoi certains employés du Sofitel ont-ils éclaté de joie ?

Quarante-cinq minutes après sa «rencontre» avec DSK, Nafissatou Diallo est conduite à 12h52 au bureau du chef de la sécurité du Sofitel, Adrian Branch. À 13h31, ce dernier alerte la police new-yorkaise. Deux minutes plus tard, les caméras de sécurité filment Brian Yearwood, chef des services techniques du Sofitel et un employé non identifié, qui a accompagné Diallo au bureau de Branch, se livrer à une «extraordinaire danse de célébration de trois minutes». Accor a démenti au Figaro l'existence d'une telle bande. Le journaliste s'étonne du temps écoulé entre les confidences de Nafissatou Diallo et le moment où la police a été contactée. Epstein remarque que le coup de fil passé à la police intervient trois minutes après que John Sheehan directeur de la sûreté et de la sécurité chez Accor, en route vers le Sofitel, envoie deux SMS : un à Yearwood et un autre à un expéditeur inconnu.
Edward Jay Epstein évoque aussi longuement un coup de fil de Sheehan, en route vers le Sofitel, à un mystérieux homme à l'accent français prononcé. Epstein se demande s'il s'agit de Xavier Graff, qui était l'officier de permanence du groupe Accor à Paris. À moins que Sheehan n'ait appelé directement René-Georges Querry, directeur de la sûreté du groupe Accor. Cet ancien responsable de l'antigang a travaillé avec Ange Mancini, coordinateur national du renseignement de Nicolas Sarkozy. À l'heure où est passé ce coup de fil Querry se rend à un match de football. Il prendra place à la tribune présidentielle, détaille Epstein. Pour mémoire, Querry a toujours maintenu avoir été mis au courant de l'affaire DSK, plus tard dans la journée. Il alertera Ange Mancini à l'Elysée après 23h45, heure de Paris.
» Affaire DSK-Diallo : la réponse d'Accor aux nouvelles affirmations
» Comment l'Elysée a appris l'arrestation de DSK

• Qui a occupé la suite mitoyenne 2820 ?

Edward Jay Epstein s'interroge enfin sur les allées et venues dans la chambre 2820, une chambre située au même étage que la suite présidentielle 2806 occupée par DSK. Nafissatou Diallo y a pénétré trois fois. Notamment après sa «rencontre» avec DSK à 12h26, alors qu'elle s'y était déjà rendue plus tôt dans la matinée. Nafissatou Diallo n'évoquera pas ce passage de 12h26 aux enquêteurs. Cette omission sera l'une des raisons citées par l'accusation lorsqu'elle décidera d'abandonner ses poursuites contre DSK en raison des doutes pesant sur la fiabilité de la femme de chambre. Si les enquêteurs avaient été mis au courant, la chambre 2820 aurait fait partie de la «scène du crime» et fouillée. Le Sofitel n'a pas voulu révéler aux avocats de DSK qui occupait la 2820. Selon Accor, les utilisateurs de la chambre avaient déjà réglé leur note au moment des faits.
» Affaire DSK : histoire secrète d'un fiasco judiciaire

• Qu'a fait le 2nd employé du Sofitel qui est entré dans la suite de DSK ?

Comme l'indiquait Le Figaro en juillet, les relevés des cartes magnétiques du Sofitel montrent que deux employés se sont rendus dans la chambre de DSK entre 12h05 et 12h06 pendant que l'ex-patron du FMI prenait sa douche. Diallo est entrée à 12h06. La carte utilisée à 12h05 appartenait à un collègue du room service Syed Haque, qui est venu récupérer le plateau du petit déjeuner. Syed Haque, n'a pas voulu être interrogé par les avocats de DSK. On ne sait pas combien de temps il est resté dans la 2806, si lui et Diallo étaient dans la 2806 en même temps et s'il était encore dans la suite au moment où Diallo a «rencontré» DSK.

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