La philosophie générale du texte, a déclaré le ministre, est de ne plus considérer les drogués comme des délinquants mais comme des malades. Un projet qui semble s’inspirer de ce qui se fait, avec succès, au Portugal. Pour Miltiadis Papaioannou:
« Nous ne deviendrons pas la Hollande. Mais les toxicomanes ont besoin de traitement pas d’être enfermés en prison. Nous ne voulons toutefois pas non plus envoyer le message qu’il n’y aura plus de sanctions – il y en aura. »Le secrétaire d’Etat à la Justice Gioros Petalotis a ajouté de son côté:
« Nous ne pouvons pas envoyer les gens en prison pour deux grammes de haschich. » Affirmant que les personnes arrêtées en possession de drogues « seraient désormais considérées comme des délinquants mineurs. Nos prisons sont pleines de détenus pour des délits liés à la drogue. Ce sont des gens qui ont besoin d’aide ».Le projet n’est pas encore strictement défini, mais à ce stade, la mesure semble devoir s’appliquer à toutes les drogues. Selon Greek Reporter, et le site de Ekathimerini, la possession et la revente de drogues resteraient des infractions, ainsi que la culture de cannabis. Mais s’il n’y a pas d’intention de revente, la possession et la culture ne seraient plus considérées que comme des délits mineurs et non des crimes comme aujourd’hui.
Le projet prévoirait également la mise en place de traitements pour toxicomanes, particulièrement dans les prisons. Les condamnés reconnus comme toxicomanes pour des infractions mineures pourraient également échapper à la prison en acceptant d’aller en cure de désintoxication. Les places dans ces centres devront être multipliées car les listes d’attente sont aujourd’hui interminables.
Une proposition de loi qui serait motivée par deux statistiques récentes: plus de 300 décès seraient liés à l’usage de drogues chaque année en Grèce. Et 40% des détenus le seraient pour des affaires liées à la drogue. C’est peut-être le point sur lequel le projet de décriminalisation rejoint les préoccupations budgétaires de la Grèce.
Vider les prisons de détenus qui ne faisaient de mal qu’à eux-mêmes pourrait en effet permettre de réaliser quelques économies pour le gouvernement. De nombreuses études s’accordent aujourd’hui à dire que le traitement des toxicomanes est beaucoup plus économique que leur enfermement. Un argument régulièrement repris par les adversaires de la guerre à la drogue. Le site Athens News cite ainsi une étude « officielle » selon laquelle le traitement serait dix fois moins coûteux que la prison. Enfin, d’après le mesure Papaioannou, la mesure permettra à la police de se concentrer sur d’autres priorités plus importantes.
Si ce projet est adopté, la France va se trouver de plus en plus isolée au niveau européen dans sa politique de tolérance zéro. La Pologne, qui était l’un des pays les plus répressifs, vient en effet d’adopter des mesures invitant les procureurs à ne plus poursuivre les simples consommateurs arrêtés pour la première fois. La France reste donc l’un des tout derniers pays de l’UE, avec la Grèce et la Suède notamment, à prévoir des peines de prison ferme pour la simple consommation de drogues. Avec les résultats que l’on sait: nous sommes l’un des pays d’Europe où les jeunes consomment le plus de cannabis.
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