Effet de réajustement après un très bon premier trimestre ? Conséquences des tensions autour des dettes des pays périphériques de la zone euro, qui, après avoir touché la Grèce, se sont abattues sur le Portugal puis menacent l'Espagne et l'Italie ? Probablement un peu des deux pour les analystes, peu surpris par un deuxième trimestre morose sur le plan de la croissance. Si les chiffres minimalistes de l'augmentation du PIB en France (0%), au Royaume-Uni (0,2%), en Espagne (0,2%) et en l'Italie (0,3%) étaient attendus, le freinage brutal du PIB allemand, qui n'a augmenté que de 0,1% par rapport à l'excellent premier trimestre (1,5%), a été plus rude que prévu. L'ampleur du ralentissement en France et en Allemagne, dont le PIB représente à eux seuls près de 50% de celui de la zone euro, a surpris les économistes, qui tablaient sur une progression située entre 0,3% et 0,5% pour l'Allemagne.
Si la locomotive de la zone euro connaît un brutal coup d'arrêt, Sylvain Broyer, économiste chez Natixis, dédramatise. "Le mauvais chiffre allemand est en partie lié à une combinaison de facteurs temporaires, comme le net ralentissement de la demande automobile mondiale, l'augmentation de l'inflation au deuxième trimestre, une consommation des ménages en berne, des exportations moins performantes et le contrecoup de la fin des grands chantiers publics dans le secteur de la construction. Il ne s'agit pas de la fin de la forte croissance allemande mais plutôt un rééquilibrage après un excellent premier trimestre", analyse-t-il.
Autre pays noté triple A par les agences de notation, les Pays-Bas ont vu leur PIB croître de seulement 0,1% au deuxième trimestre. Au Royaume-Uni, les conséquences de l'austérité, l'inflation élevée et l'érosion du pouvoir d'achat des ménages aboutissent également à une croissance maigre, de seulement 0,2% du PIB. Seule exception à ce tableau morose : la Belgique. Le plat pays voit son PIB croître de 0,7%. Mais attention au trompe-l'œil. "L'absence de plan d'austérité, la bonne tenue des exportations et la pression fiscale plus forte donnent l'illusion d'une meilleure santé économique. Mais cette divergence avec les autres économies de la zone euro est anecdotique. La Belgique va rentrer dans le rang car le cycle de l'économie belge reste fortement corrélé au reste de la zone euro", met en garde Sylvain Broyer.
... et impacte la croissance des pays d'Europe centrale
Entrer dans le rang, c'est également ce qu'ont fait les pays d'Europe centrale, pourtant habitués à des chiffres de croissance plus élevés. Au deuxième trimestre, le constat est sans appel : 0% pour la Hongrie, 0,1% pour la Bulgarie, 0,2% pour la République Tchèque, la Lituanie ou la Roumanie. La croissance polonaise pourrait se limiter à 0,3% selon Citibank. Pour Juan Carlos Rodado, spécialiste des économies de l'Europe centrale et orientale chez Natixis, l'Europe centrale est la région la plus touchée par la décélération de l'économie allemande. "Le ralentissement de l'Allemagne, les tensions sur les dettes et les fortes instabilités sur les monnaie font plonger la croissance de pays très dépendants tels que la Hongrie, la République Tchèque ou la Pologne", explique l'économiste, qui se réfère à un modèle de croissance tiré par les exportations.
En effet, un tiers des exportations des pays d'Europe centrale sont destinées au marché allemand. Les exportations polonaises ont ralenti de 12% en juin par rapport à mai. Le pays est également handicapé par les tensions sur les marchés des changes. Les prêts libellés en devises étrangères représentent 59% du total des prêts immobiliers polonais, et la plupart sont libellés en franc suisse, une valeur refuge qui s'est appréciée de 40% depuis 2008 face à l'euro. Pour la Hongrie (0% de croissance du PIB au deuxième trimestre), qui s'est ruée depuis dix ans sur les prêts privés libellés en francs suisses, la situation est encore plus catastrophique. La Roumanie et la Bulgarie pâtissent d'une demande interne en berne, en partie liée à l'austérité. Le fait qu'une grande partie du secteur bancaire.
Seuls les pays du nord restent performants
Dans ce tableau pessimiste, seuls les "pays du Nord" de l'Europe tirent leur épingle du jeu. Ce groupe de pays, daont l'Allemagne fait habituellement partie, se caractérisent moins par leur proximité géographique que par leur moteurs de croissance similaires : un endettement faible et une gestion rigoureuse des finances publiques, des conditions monétaires favorables car très lâches, et des excédents courants. Grâce à des fondamentaux solides, la Finlande enregistre ainsi une croissance de 1,2% par rapport au premier trimestre, tandis que la Suède affiche 1% d'augmentation, tout comme l'Autriche. Mais l'absence, ce trimestre, de l'Allemagne pour compléter le podium inquiète les analystes. Au sortir de deux semaines de tourmente boursière, les chiffres décevants de la croissance européenne jettent une ombre sur la capacité de l'Union européenne, et notamment de l'Allemagne, à régler la crise de la dette. Pour le troisième trimestre, la croissance allemande devrait rebondir, mais l'Union européenne ne devrait croître que de 0,3% ou 0,4%, preuve d'un ralentissement qui s'inscrit dans la durée.
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